Auteur d’un 6ème album très personnel et résolument novateur, M était sans contexte l’artiste qu’on attendait le plus de voir sur scène cette année tant son Îl semblait avoir été calibré pour du live. D’ailleurs qu’il se cache derrière une coiffure ridicule, un complet rose, une perruque blanche d’oiseau ou des lunettes magiques, Mathieu Chedid reste un des rares artistes dont la musique prend une autre dimension sur scène. Et puisqu’on a jamais vraiment réussi à se défaire de ce drôle de monsieur, on n’aurait voulu rater pour rien au monde son passage au Trianon. Retour sur un moment à part.
Il est 20h30 quand M arrive sur la scène du Trianon, les lunettes qu’on connait déjà si bien sur le frond. Dans une salle pleine à craquer on se faufile pour écouter le fabuleux Elle, morceau qui ouvre le concert comme le dernier album. La voix de M se pose alors et transperce en un claquement de doigt le coeur de milliers de fans qui s’étaient donnés rendez-vous. Les arpèges laissent peu à peu la place aux riffs si singuliers du morceau et le show peut débuter. On est immédiatement sous le charme et près à suivre M sur son Îl. D’ailleurs il pourrait bien nous emmener où il veut, ce soir on le suivrait les yeux fermés. Grâce à des jeux de lumières irréels, M sur sa scène a l’air d’un phare prêt à éclairer tous les navires perdus. Bien plus qu’un simple accéssoire, ces lunettes sont bien magiques. Après Le Film et Océan on pensait que M enverrait son dernier album de manière presque linéaire. On avait sous-estimé le talent du bonhomme qui pose ses artifices pour célébrer son Baptême devant un public enchanté. On opte évidemment pour l’âme avant qu’une Onde sensuelle vienne s’emparer de la foule. M en 2013 c’est plus que jamais une immense fête où acteurs et spectateurs ne font plus qu’un. Tous unis par une même passion. Une seconde après on regrettera nos 10 ans puisque le chanteur fera monter sur la scène tous les enfants présents dans la salle pour une version complètement revisitée et absolument génial de Nostalgic du cool. Là on se dit que les paroles collent parfaitement à la situation tant on semble voguer petit à petit vers une enfance qui ne semble finalement plus si lointaine.
Comme à son habitude, M décidera de casser un peu la frontière scène/fosse et viendra au coeur du public interpréter au clavier juste sous nos yeux les morceaux phares de Qui de Nous deux. On aura nos premiers vrais frissons avec Ma Mélodie juste sublime en piano voix. Autour d’M c’est l’euphorie. Le public connaissant par coeur chaque couplet de La Bonne étoile, de Qui de Nous deux ou encore du Radeau. On est définitivement sous le charme d’un artiste virtuose mais presque aussi ému et content que nous d’être là. Les premiers accords de la Vie tue résonne alors et l’osmose est totale.
De retour sur scène, il enchainera les tubes. Là on se rend compte qu’après six albums, M a quand même un sacré répertoire ! Dans une ambiance complètement folle, il s’attaquera à du très lourd. Entre Je Dis Aime, Gimmick, le Complexe du Corn flakes ou La grosse bombe on ne sait vraiment plus ou donner de la tête et de la voix ! Mathieu Chedid trouvera refuge en slamant guitare en main ou en laissant d’ailleurs sa belle voguer seule dans la foule. On a à nouveau 5 ans, on saute partout, on crie les paroles et on se dit que putain on est sacrément bien ! Entre deux moments de pure folie (et de pur génie) M n’oublie pas ses morceaux délicats et apportera à un Laisse Aller une toute nouvelle appréciation. Si on aurait bien aimé voir s’immiscer un C‘est pas ta faute ou un Délivre on avoue que la suite nous aura fait oublier cette mini-déception. La suite c’est d’abord un enchainement inespéré de Amssétou, Mama Sam (Oui Oui et Oui vous lisez bien) et de Machistador toujours aussi foutrement efficace en live.
Si Mathieu Chedid change souvent de symbole, il ne semble pas prêt à oublier ses origines. On reconnait la guitare à damier du Baptême, puis c’est l’heure pour la désormais classique guitare rose de Qui de nous deux de revenir sur les devants de la scène pour une version à deux guitares de Faites moi souffrir. En tête à tête nous fera l’effet d’une madeleine de Proust, se remémorant immédiatement quand lors de sa tournée en 2004 on l’avait chantée pour la première fois et remué ciel et terre pour la retrouver dès la fin du concert. Alors qu’on croyait les surprises terminées on voit Joseph et Anna Chedid se joindre à la grande fête. On retiendra surtout un somptueux Baia chanté en coeur avec le public pour leur maman présente ce soir là. La surprise sera immense quand on reconnaitra les premiers accords de Rendez-vous des triplettes de Belleville que nous entendons pour la première fois en live.
M reviendra une dernière fois, finissant un concert de 2H30 sans fausses notes sur un petit playback dansé de Modjo. Très vite on cherche à comparer ce concert avec les précédents. Il semble que très vite l’évidence est là : la tournée de 2013 s’annonce grande. Moins branché sons bizarres de ses guitares et plus dans le partage et l’échange avec ses fans, M aura tombé les masques ce soir là et plus d’une fois. On en ressortira juste heureux, content d’avoir vécu ce moment ce soir là en compagnie de M. Devant les caméras de M6 dehors on aurait bien voulu répondre Oui à “Tu vivais La vie tue Mais ta vie La vis–tu ? ” … A bientôt Monsieur M, nos chemins se re-croiserons encore et encore soyez-en assuré !
2 Comments
Ha, pas de Joseph ni de Anna pour nous mercredi (enfin, “seulement” dans le public avec leur père), et le piano sur un balcon du dernier étage. Surement un changement par rapport à la veille, après qu’il se soit rendu compte que tout le balcon du milieu ne pouvait le voir pendant ce passage (frustrant pour eux, les pauvres). Quelques changement également quand à la setlist, mais la même énergie partagée et apparemment la même émotion. Un concert qu’on aurait aimé voir durer jusqu’a l’aube… Heureusement, la tournée et longue et il n’est pas trop tard pour prendre de nouveau billets :)
Ha, pas de Joseph ni de Anna pour nous mercredi (enfin, “seulement” dans le public avec leur père), et le piano sur un balcon du dernier étage. Surement un changement par rapport à la veille, après qu’il se soit rendu compte que tout le balcon du milieu ne pouvait le voir pendant ce passage (frustrant pour eux, les pauvres). Quelques changement également quand à la setlist, mais la même énergie partagée et apparemment la même émotion. Un concert qu’on aurait aimé voir durer jusqu’a l’aube… Heureusement, la tournée et longue et il n’est pas trop tard pour prendre de nouveau billets :)