Sorti en 2009, A Serious Man est une nouvelle proposition cinématographique signée Joel et Ethan Coen, les réalisateurs à qui l’on doit Burn After Reading et No Country for Old Men. Fidèles à leur style si particulier, les frères Coen livrent ici une comédie dramatique teintée d’absurde, qui oscille entre réflexion existentielle et ironie cruelle du destin. Comme toujours, ils ne cherchent pas à plaire à tout le monde, et cette fois, le pari est encore plus risqué.
Un scénario qui s’annonce prometteur… mais qui peine à convaincre
Dans l’Amérique des années 60, Larry Gopnick, un professeur de physique, voit sa vie partir en lambeaux. Sa femme veut le quitter pour un ami de la famille, son frère parasite squatte son canapé, son fils rebelle lui cause des soucis et sa fille économise pour se refaire le nez. Comme si cela ne suffisait pas, sa titularisation à l’université est menacée par des lettres anonymes, et un étudiant tente de le soudoyer pour obtenir une meilleure note.
Désemparé, Larry cherche des réponses auprès de trois rabbins qui, au lieu de lui apporter des solutions, lui offrent des paraboles incompréhensibles et des conseils aussi inutiles que frustrants.
Sur le papier, l’histoire est aussi loufoque qu’intrigante. On s’attend à un film tragi-comique sur un homme en pleine crise existentielle, confronté à l’absurdité de l’existence, à la manière d’un Fargo ou d’un The Big Lebowski. Mais une fois devant l’écran, le résultat est bien différent.
Un rythme trop lent qui met à l’épreuve la patience du spectateur
Les frères Coen sont connus pour leur goût du détail, leurs dialogues ciselés et leur humour noir, mais ici, l’intrigue avance à pas de tortue. Les scènes s’enchaînent avec une lenteur qui peine à installer une réelle tension dramatique ou une dynamique engageante.
L’ambiance aurait pu être pesante ou oppressante, mais elle est plutôt monotone. Certes, le film explore les thèmes du destin, de la foi et de l’absurdité de la vie, mais sans véritable impact émotionnel. On attend un déclic, une montée en puissance, un moment marquant… mais rien ne vient.
L’introduction, notamment, donne immédiatement le ton du film : étrange, intrigante… mais aussi déroutante. Une scène en yiddish, complètement déconnectée du reste du récit, qui laisse le spectateur perplexe avant même que l’histoire principale ne commence.
Un casting convaincant mais sous-exploité
Michael Stuhlbarg, dans le rôle de Larry Gopnick, livre une performance solide. Il incarne parfaitement l’homme dépassé par les événements, impuissant face au chaos de sa propre vie. Son jeu subtil et expressif est l’un des rares points forts du film.
Les seconds rôles, eux, sont inégaux. Fred Melamed, dans le rôle du prétendant de sa femme, est excellent dans son côté faux-ami insupportablement condescendant. Richard Kind, qui joue le frère de Larry, apporte une touche d’étrangeté supplémentaire, mais son personnage manque de profondeur.
Malgré le talent du casting, les dialogues et les interactions semblent parfois tourner à vide, comme si tout était conçu pour créer un malaise sans véritable finalité.
Une conclusion frustrante qui laisse un goût d’inachevé
Et puis il y a la fin. Sans spoiler, disons simplement qu’elle risque d’agacer autant qu’elle peut séduire les amateurs d’énigmes cinématographiques. Les Coen adorent laisser planer des questions sans réponses, mais ici, cela ressemble davantage à une impasse scénaristique qu’à un véritable choix artistique percutant.
Le spectateur qui espérait une montée en intensité ou un aboutissement concret à l’histoire reste sur sa faim. Il ne reste que le sentiment d’avoir assisté à un enchaînement d’événements absurdes sans réelle finalité.
Un film qui ne plaira qu’aux plus fervents admirateurs des frères Coen
A Serious Man divise. Certains y verront une fable absurde et brillante sur le hasard et l’injustice du monde, d’autres y verront un exercice de style sans saveur, qui manque de rythme et d’éléments réellement marquants.
On reconnaît la patte Coen, avec son humour grinçant, ses personnages névrosés et ses situations absurdes. Mais ici, le cocktail est trop fade, trop lent, trop cérébral, et il ne parvient jamais à captiver totalement.
Ma note : 2/10 – Un rendez-vous manqué
À réserver aux amateurs inconditionnels des frères Coen. Pour les autres, mieux vaut se tourner vers leurs films plus accessibles et captivants.