Pendant longtemps j’ai adoré critiqué les gouts musicaux de mes parents. Etrange sentiment à l’adolescence que de vouloir à tout prix s’émanciper et de s’éloigner autant que possible de ses propres parents. Pourtant, je me souviens m’être bouché les oreilles quand Véronique Sanson était diffusée sur la chaîne hifi familiale ou avoir constamment critiqué les Laurent Voulzy et autre Jane Birkin. Sans trop savoir pourquoi, on grandit et l’idée de ressembler à ses parents effraie moins. Pire encore, on se met à assumer doucement les gouts que nous avons en commun…
1)Etienne Daho
Oh que je l’ai détesté celui-ci. Moi qui trouvais ces paroles débiles et sa pop définitivement enterrée, me voici aujourd’hui à genoux devant ses chansons de l’innocence retrouvée. Mon admiration envers le dandy français n’a fait que grandir depuis un soir où j’ai entendu Comme un Boomerang. Aujourd’hui, on le retrouve partout qu’il soit au coeur des influences de certains groupes français que dans un patrimoine musical français qu’il a façonné. A 57 ans, Etienne Daho, n’a jamais paru si moderne et actuel tandis que je découvre un peu à contre-courant ses premiers morceaux.
2)Julien Clerc
Dans ma famille il y avait deux camps. Si mon père ne jurait que par Gainsbourg et Renaud, ma mère se nourrissait de Julien Clerc (Juju pour les intimes). Alors forcément quand on grandit à coup de Mélissa, Ma Préférence ou Ce n’est rien, on se met à connaître par coeur un répertoire d’une densité rare ! Et même si on adore les mélodies de Laissons entrer le soleil ou de Assez Assez on s’intéresse au fond et on découvre des morceaux d’une beauté insoupçonné de la part d’un chanteur à femmes.
3) Alain Souchon
Alain Souchon c’est d’abord une voix, un timbre délicat qui me ferait le suivre partout autour du monde. Si je soupirais quand mère passait en boucle l’Amour à la machine, j’ai petit à petit piquer les Cds pour finalement apprendre à aimer Alain Souchon. Loin des clichés d’un chanteur bobo à la Vincent Delerm (que j’adore soit dit en passant), Alain Souchon parvient à faire rimer mélodies ultra-efficaces et paroles souvent riches de sens. Et si Foule Sentimentale restera pour moi sa plus belle chanson (le plus grand morceau de la chanson française?), certains morceaux me collent à la peau et me donnent de sacrés frissons. La Ballade de Jim, Ultra Moderne Solitude racontent plus de choses que des centaines de livres. S’il passait en concert, je pense même que je pourrais accompagner maman… Pour lui faire plaisir bien sur !
4) Francis Cabrel
Il est en 4 mais pourrait être en 1. Il pourrait même être en tête de tous les chanteurs français vivants ! Et oui, car s’il ne devait en rester qu’un, ce serait lui. J’ai nommé Francis Cabrel ! Si pendant longtemps j’ai rigolé des parodies et des moqueries sur son accent et sur ces chansons pas toujours très recherchées, les choses ont bien changé depuis ! Il faut dire qu’en 1994 je suis déjà bien à fond. Sur le DiscMan de papa et en voiture, ma soeur et moi se partageons les écouteurs. Quelque part entre Montpellier et Biarritz, on découvre Samedi Soir sur la Terre. La cabane du pécheur restera longtemps notre morceau fétiche et l’occasion de nombreux duos improvisés ! Et si je laisse Francis à mon enfance, les choses rentrerons dans l’ordre après le lycée quand je retrouve la raison ! Découvrant tour à tour ses morceaux, je suis sous le charme ! Qu’il campe le rôle d’un gardien de nuit dans le Soldat Rose ou qu’il déclare son amour à sa fille adoptive, Francis Cabrel ne déçoit jamais. On attend le prochain album avec impatience suite au petit raté de ses reprises de Bob Dylan.
5) Laurent Voulzy
Si Rockollection m’amusait beaucoup j’ai mis beaucoup de temps à apprivoiser Laurent Voulzy. Il faut dire que le meilleur ami d’Alain Souchon est quand même pas évident à cerner ! Entre musique antillaise, merengue et chanson française, Laurent Voulzy a de quoi dérouter et agacer même. Pourtant, en prenant le temps de faire ses albums ( seulement 5 en plus de 20 ans de carrière) Laurent Voulzy cherche une certaine perfection et un certain charme naturel déjoué de tout enjeux commerciaux. Si on adore Le Cœur grenadine, Le cantique mécanique ou encore La fille d’Avril on se prend une petite claque avec Jeanne, retour dans le passé d’un chanteur inclassable.