Il y a des films comme ça qui surgissent de nulle part. Bien sûr, Antoinette dans les Cévennes avait été annoncé dans la sélection Cannes 2020, mais avec l’annulation du Festival, il faut avouer qu’on n’avait pas forcément été sensibles à cette nouvelle. Et puis voilà, présence au Festival d’Angoulême. Un âne qu’on voit un peu partout. Laure Calamy dans Boomerang entre euphorie et grande émotion. Et des premiers retours unanimes. Presse et spectateurs.
Aucune raison d’hésiter, on fonce au cinéma avec autant d’excitation que si on allait voir le dernier Star Wars. L’atmosphère post-covid et la rareté de l’offre favorisant cette euphorie.
Antoinette n’est pas une comédie romantique
La première chose à savoir c’est que la bande-annonce avait un peu menti sur le contenu du film. On pensait voir un triangle amoureux on aura vu tout autre chose. Une fois le pot aux roses dévoilés dans une scène aussi surprenante que délicieuse, il n’y a plus d’amoureux.
Le film bascule alors vers autre chose. Une quête existentielle à la recherche de soi. Une libération pour Antoinette qui va confier à Patrick (son âne qui l’accompagne) ses doutes et ses secrets. Une libération qui passe par la marche et la solitude (ou presque) qui va lui faire prendre conscience de sa situation et de ses envies.
Sujet forcément actuel dans une époque où chacun se pose des questions sur sa vie et plus globalement sur le sens des choses.
Antoinette est un film féministe
À une époque où l’on questionne le regard féminin et on rejette le “male gaze” Antoinette dans les Cévennes se présente en solide représentant. Laure Calamy incarne cette femme libre, parfois ridicule, parfois trop intense, mais tellement humaine et attachante. Pas de jugement de la part de la réalisatrice Caroline Vignal qui pose sa caméra très simplement sur les choses.
Amusant d’ailleurs de voir que le seul regard négatif et plein de jugement est porté par un personnage féminin. Antoinette qui démarre en hurlant “Quand je suis loin de lui / Je n’ai plus vraiment toute ma tête” lors d’une kermesse scolaire accompagnée de ses élèves (meilleure ouverture malaisante de l’histoire du cinéma français) finira par ne vouloir qu’être au côté de Patrick. Formidable évolution du personnage.
Antoinette est différent
Même si cela faisait un moment qu’on n’était pas allés au cinéma, il faut reconnaître qu’Antoinette dans les Cévennes est un film à part. D’abord parce qu’on va vivre la naissance d’une amitié entre une femme et un âne, ensuite parce que le film n’emprunte pas les sentiers attendus. Mi-comique, mi-dramatique, Antoinette dans les Cévennes ne ressemble qu’à lui-même et c’est une excellente nouvelle. Difficile de vous en dire beaucoup plus tant il faut le voir pour le croire.
Après le film on a envie de marcher avec un âne, de dormir dans des refuges, de chanter Besoin de personne plutôt qu’Amoureuse, de dormir à la belle étoile, de faire des rencontres, d’être de passage, d’avoir 2 mois de vacances en été… bref de vivre sans contrainte.
Un très beau film porté par une Laure Calamy solaire.