Quand les créateurs de Groland réunissent pour la première fois à l’écran Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde cela donne un Grand Soir inoubliable et décapant. Retour sur le film punk de l’année !

Les Bonzini tiennent le restaurant ‘la Pataterie’ dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d’Europe. Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean Pierre est licencié, les 2 frères se retrouvent. Le Grand Soir, c’est l’histoire d’une famille qui décide de faire la révolution… à sa manière.

Après Louise Michel et surtout Mammuth, Gustave Kervern et Benoît Delépine sont de retour et sont en pleine forme. Présenté en compétition à Un Certain Regard à Cannes, Le Grand Soir aura électrisé la croisette et on comprend pourquoi : Un déferlement de situations totalement hallucinantes pour un film inoubliable ne rentrant dans aucune case. Un vrai bol d’air !

Dès le générique on sent que ce Grand Soir ne sera pas tout à fait un film lambda. Remerciant Claude Chabrol et Joe l’indien sur une même ligne, on se dit que ce film va nous amuser. Puis Benoit Poelvoorde apparaît. Pantalon treillis, débardeur noir, rangers aux pieds, crête sur la tête, tatouage “Not” sur le front et petit chien buveur de bière en guise de compagnon fidèle, l’acteur belge apparaît comme une évidence.

Puis on rencontre la famille. Le frère plus que normal et le père gérant de restaurant. Là, Benoit Delépine et Gustave Kervern cassent les aprioris et nous disent qu’on peut être punk tout en restant intégré à sa famille. Qu’on peut vivre en marge mais qu’on est pas pour autant isolé. Ce nouveau visage du punk, plus humain, moins violent restera d’ailleurs présent tout au long du film. Dans une scène d’anthologie où les deux frères s’adressent à leur père en même temps dans un brouhaha incompréhensible les deux réalisateurs nous parlent aussi de sur-consomation et d’ endettement. Puis, on rencontre la mère, Brigitte Fontaine fidèle à elle même qui trouve ici un rôle un qui lui colle à la peau. Derrière cette famille presque anormale se cache une névrose. Jeune papa mais déjà rejeté par sa femme, Jean-Pierre pète doucement les plombs jusqu’à l’explosion. Et c’est dans cette transformation, ce ras-le-bol d’une société inadaptée que Le Grand Soir va se révéler incroyable.

Du moment où Jean-Pierre saute d’un lit à l’autre sous le regard amusé de son patron prêt à balancer la vidéo sur Youtube à sa recherche d’un nouveau travail, le film des grolandais va atteindre des sommets d’humour et de cynisme. Entre gentille critique d’une société capitaliste et portrait décalé de deux frères en marge, le Grand Soir marquera les esprits grâce à des scènes d’anthologie. On pense au traveling génial dans lequel “Dead” et “Not” vont traverser les propriétés pour “aller tout droit”, au suicide punk d’un pauvre campagnard ou encore à la distribution de CVs pas vraiment présentables devant un Dupontel désabusé qui perce des ballons de baudruch. Tout est fou dans Le Grand Soir !

Réunir Dupontel et Poelvoorde était sans doute la meilleure idée du siècle ! Les deux acteurs déjantés font ensemble des étincelles pour un résultat détonnant. On se demande bien pourquoi personne n’y avait pensé avant …

Pendant 1h30 donc Le Grand Soir est une pure réjouissance, une barre énergisante dopée à l’acide et aux chansons des Wampas. Toutes les idées sont brillantes, chaque gag génial d’ingéniosité. Le seul bémol serait des lacunes du côté d’un scénario un poil trop lisse et un manque de profondeur certain. Pour autant, on apprécie l’intelligence des deux auteurs qui ne tombent pas dans la facilité en toute fin de film  et mettent même un bémol à cette vie en marge …

Malgré un scénario un peu léger, on rit beaucoup et on se dit que le film de Groland est enfin là ! On espère retrouver la paire Dupontel et Poelvoorde très prochainement dans un projet tout aussi déjanté.

M.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

4 Comments

  1. C’est exactement ça, un film intelligent. Par contre pour chipoter un tout petit peu, c’est les Wampas et pas les Vampas.

  2. C’est exactement ça, un film intelligent. Par contre pour chipoter un tout petit peu, c’est les Wampas et pas les Vampas.

  3. Superbe critique ! J’ai vu le film au ciné, un peu avant sa sortie, et j’en ai pensé approximativement la même chose que toi. Une réjouissance ! 

  4. Superbe critique ! J’ai vu le film au ciné, un peu avant sa sortie, et j’en ai pensé approximativement la même chose que toi. Une réjouissance ! 

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