Xavier Dolan et moi c’est une longue histoire. Elle commence à Cannes en 2009 où pas encore cinéphile, je le vois monter sur scène pour récupérer le Prix Regards jeunes pour J’ai tué ma mère . Elle se poursuit quelques années plus tard où je découvre dans une salle à côté Laurence Anyways. La claque est énorme.

 

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À partir de là, je dévorerais ses films, rêverais de faire moi aussi des films qui y ressemblent et surtout je sens naître un porte parole de toute une génération bien plus importante que la hype (ou la haine) qui l’entoure. Xavier Dolan devient alors rapidement, au delà du génie, la bouche et les yeux de jeunes adultes qui refusent les règles imposées par la société. Ce sentiment, je le vois exalter il y a une semaine à la projection de Juste la fin du monde quand un spectateur assis au premier rang se lève pour remettre à Xavier (oui on se connaît bien) une lettre. Sur les réseaux sociaux, le courrier des lecteurs débordent. Le jeune réalisateur prenant le temps de lire et de répondre. Bref, Xavier Dolan c’est plus qu’une star, c’est presque un ami dont l’intimité est éclaté dans chaque film qu’il réalise. Mais venons-en au film.

 

2 ans après Mommy, Xavier Dolan pouvait-il faire mieux ? La réponse est non ! Alors il a fait autre chose. Plus ambitieux, plus mature, plus complexe, Juste la fin du monde déroutera d’abord. Ici, on limite les effets clipestes, on met en place un thème sonore, et surtout on ferme portes et fenêtres pour entretenir le huit clos. Curieux chez Dolan qui nous avait habitué à tout le contraire ! D’ailleurs Juste la fin du monde est le premier film du québécois qui abandonne la vie pour laisser planer le spectre de la mort.

 

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Une fois qu’on a compris que ce Dolan était à part, il faut se laisser glisser. Oublier les cris, passer au dessus des textes très théâtraux et voir ce qu’il y a derrière. Derrière c’est une famille explosée qui ne sait plus se parler. Alors pour écouter celui qui vient annoncer sa mort prochaine…

 

Là où on aura eu le plus de mal c’est dans un travail de projection. Difficile de trouver de l’empathie pour des personnages trop éloignés de nous. De notre propre famille (qui paraît extrêmement normale face à cette jungle). Il faut attendre un petit moment avant de ressentir cette émotion. Un climax et une scène incroyable où tout s’accélère d’un coup. C’est là où on se rend compte du génie de Dolan qui a battît sagement ses fondations sous l’eau pour tout faire jaillir d’un coup. Pas le temps de voir venir la claque qu’on prend encore plus fort dans les toutes dernières minutes. La gorge est serrée, les larmes ne sont pas loin sans qu’on sache trop comment on en est arrivé là ( ou comment Dolan nous a amené là). Tout était en fait réglé comme un coucou…

 

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Si Dolan est un magicien, c’est aussi grâce à un choix de comédiens qui signent tous ici (ou presque) leur meilleur rôle. Mention spéciale à Gaspard Uliel saisissant de sobriété et à Marion Cottilard tout en délicatesse. Vous l’aurez compris, Juste la Fin du monde est mon coup de coeur du mois (au moins). Entrez dans la maison et ne faites plus rien, laissez vous porter jusqu’au café !

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