Tu sais ce qu’on dit des coups de foudre littéraires : ils ne préviennent pas. Et c’est exactement ce qui m’est arrivé avec Pour le pire (Natsume Arata no Kekkon en VO), un manga imaginé par Tarō Nogizaka, également auteur du très bon Iryû – Team Medical Dragon. Publiée au Japon entre 2019 et 2024, la série vient de se conclure en France chez Glénat avec un 12e tome qui boucle la boucle, sans fracas, mais avec une vraie élégance inattendue (sorti pile pour mon anniversaire).
Le pitch ? Imagine un type un peu paumé, un peu grande gueule, qui débarque dans la vie d’une tueuse en série ultra-médiatisée… avec une fausse identité et une idée complètement absurde : lui demander sa main. C’est ce que fait Arata, travailleur social sans histoire, pour soutirer des infos à Shinju, accusée d’avoir découpé ses amants. Sauf que ce qui ne devait être qu’un jeu de dupes devient un étrange lien, tordu mais sincère, entre deux âmes cabossées.
Et c’est là que Pour le pire frappe fort : entre thriller judiciaire, comédie noire et drame psychologique, ce manga te piège sans prévenir… et ne te lâche plus.

Un manga qui ose… tout (et souvent avec brio)
Très vite, Pour le pire nous balade entre thriller, drame psychologique et comédie noire. Il y a du mystère, des twists, des dialogues savoureux et des scènes d’une tension presque théâtrale. Ce que j’ai adoré, c’est que l’histoire ne prend jamais le chemin qu’on attend, et qu’elle pousse ses personnages dans leurs retranchements sans jamais les juger.
La série aborde des thèmes complexes : la peine de mort, les traumas d’enfance, les violences invisibles, avec une étonnante finesse. Et même quand c’est sombre (et ça l’est souvent), le récit garde une touche d’humanité qui le rend étrangement réconfortant.
Un duo central inoubliable
Tout repose sur le duo Arata–Shinju. Lui, un type simple, un peu paumé, qui se retrouve embarqué dans cette histoire sans vraiment le vouloir. Elle, une tueuse troublante, flippante… mais aussi profondément blessée.
Shinju, c’est clairement le cœur de l’intrigue. Elle fascine autant qu’elle déstabilise. Difficile de la cerner : manipulatrice ou sincère ? Folle ou lucide ? Coupable ou victime ? Jusqu’au bout, on doute. Et c’est ce flou qui rend la lecture aussi addictive. Et la manière dont elle est dessinée est à la fois flippant et intriguant.

Une fin toute en subtilité (et ça fait du bien)
Pas de cliffhanger spectaculaire, pas de twist gratuit. La série se termine de façon douce-amère, presque apaisée, en offrant une forme de rédemption à ses personnages. On sent que l’auteur voulait clore son récit sans céder à la surenchère dramatique, et honnêtement, c’est tout à son honneur.
Le dernier tome, dense (plus de 250 pages !), alterne flashbacks, révélations et derniers échanges entre Arata et Shinju. Un face-à-face final plein de non-dits et d’émotion, qui m’a franchement serré le cœur.
Alors oui, c’est parfois bizarre. Oui, le concept de base peut faire lever un sourcil. Mais Pour le pire n’est pas juste un manga chelou. C’est une œuvre sensible, intense, unique, qui parle d’amour, de culpabilité, de pardon… et de ce qu’on est prêts à faire pour être vu·e et compris·e.
Si tu veux du léger et feel-good, passe ton chemin. Mais si tu cherches un manga qui prend des risques, qui mélange les genres, qui joue avec les nerfs et les émotions, Pour le pire vaut clairement le détour. C’est étrange, c’est parfois inconfortable, mais c’est toujours profondément humain. Et puis, franchement, ça fait du bien de lire une série qui sort des sentiers battus.
Pour le pire, c’est le manga chelou auquel je ne pensais pas m’attacher… mais que j’ai dévoré jusqu’au bout. Et cette fin ? Juste ce qu’il fallait.