J’avais envie de douceur, de beaux costumes, de dialogues piquants et de romances… Et c’est pile ce que j’ai trouvé avec De parfaites demoiselles, la nouvelle série espagnole disponible sur Netflix (titre VO : Manual para Señoritas, titre anglais : The Lady’s Companion). Une série doudou dans toute sa splendeur : charmante, drôle, colorée, et parfois même un brin subversive. Oui, on pense immédiatement à La Chronique des Bridgerton, et la comparaison n’est pas injustifiée, mais ici, l’ambiance est plus espagnole et plus piquante.

MANUAL PARA SEÑORITAS. Itzíar Manero as Adela, Nadia de Santiago as Elena, Paula Usero as Josefina in episode 06 of MANUAL PARA SEÑORITAS. Cr. Manuel Fernández Valdes/NETFLIX © 2024

Un chaperon, trois sœurs… et des secrets

Bienvenue à Madrid, fin XIXe siècle. Elena Bianda, jeune chaperonne au caractère bien trempé, débarque dans la demeure des Mencía : un père veuf et ses trois filles qu’il faut préparer à la bonne société. Officiellement, Elena est là pour les accompagner dans leurs premiers pas amoureux. Officieusement ? Elle jongle avec les secrets, les tensions, les bals endiablés et ses propres émotions (spoiler : le charmant Santiago n’aide pas à garder la tête froide).

On retrouve tous les codes du genre : de sublimes costumes, des histoires de cœur, des répliques mordantes… mais avec une touche de modernité bien dosée. Elena casse régulièrement le quatrième mur (coucou Fleabag) et se chamaille avec le narrateur, les intrigues sont pleines de rebondissements, et les personnages féminins sont bien plus qu’un faire-valoir romantique.

Un détail que j’ai adoré : la série ne tombe jamais dans la surenchère de scènes sulfureuses (coucou Bridgerton). Ici, la sensualité est suggérée, plus tendre, parfois drôle… et ça fait du bien.

MANUAL PARA SEÑORITAS. Álvaro Mel as Santiago, Isa Montalbán as Cristina, Nadia de Santiago as Elena in episode 02 of MANUAL PARA SEÑORITAS. Cr. Manuel Fernández Valdes/NETFLIX © 2024

Une série doudou, mais pas que

De parfaites demoiselles, c’est exactement le genre de série qui fait du bien après une journée chargée. C’est drôle, coloré, joliment féministe, et ça met en lumière des héroïnes attachantes et audacieuses. On y parle d’émancipation, d’éducation, de liberté, de choix, le tout dans un univers romanesque à souhait.

Mention spéciale à Carlota, la benjamine gothique fan de spiritisme (je veux un spin-off sur elle, merci), et à Sara, qui rêve d’études de médecine dans un monde où les femmes doivent surtout apprendre à danser. Ces jeunes filles ont du répondant, de la complexité, et surtout une vraie sororité.

Et oui, Bridgerton n’est jamais loin. Mais là où la série britannique se perd parfois dans le spectaculaire, De parfaites demoiselles parvient à rester touchante, drôle, sans tomber dans l’excès. Et si certaines situations sont un peu tirées par les cheveux, c’est toujours fait avec légèreté. On sent que les créatrices Gema R. Neira (Alta Mar, Asunta, Les demoiselles du téléphone) et María José Rustarazo (Les demoiselles du téléphone) veulent avant tout nous faire passer un bon moment, tout en glissant quelques piques bien senties sur la condition féminine à l’époque… et aujourd’hui.

MANUAL PARA SEÑORITAS. Nadia de Santiago as Elena, Álvaro Mel as Santiago, Isa Montalbán as Cristina in episode 07 of MANUAL PARA SEÑORITAS. Cr. Manuel Fernández Valdes/NETFLIX © 2024

Une pépite visuelle (et sonore)

Visuellement, De parfaites demoiselles est un véritable bonbon pastel. Chaque épisode regorge de plans soigneusement composés, avec une lumière douce qui flatte les visages et sublime les décors. Les costumes sont un délice à eux seuls : entre robes vaporeuses, dentelles fleuries, capelines romantiques et couleurs acidulées, on a parfois l’impression de feuilleter un catalogue de mode de la Belle Époque. Chaque personnage a d’ailleurs sa propre palette chromatique, qui reflète subtilement sa personnalité : du bleu ciel pour Sara la rêveuse, des tons chauds pour Cristina la passionnée, du noir intense pour l’étrange Carlota…

La série ose aussi des partis pris sonores inattendus, et c’est franchement réussi. Au détour d’une scène de bal, on reconnaît des arrangements modernes glissés dans une orchestration d’époque. Quelques riffs de guitare, des percussions légères, une ambiance jazzy… Et puis parfois ce sont des morceaux complets qui arrivent sur des scènes clés, ce décalage anachronique, un peu dans l’esprit de Bridgerton, fonctionne à merveille. Ça donne du pep’s à l’ensemble, ça modernise le récit sans le trahir, et surtout, ça fait sourire sans casser l’immersion et ça rend les scènes mémorables… ALLLL BY MYSELLLLLLLLF.

MANUAL PARA SEÑORITAS. Iratxe Emparán as Carlota, Isa Montalbán as Cristina, Zoe Bonafonte as Sara in episode 01 of MANUAL PARA SEÑORITAS. Cr. Manuel Fernández Valdes/NETFLIX © 2024

Un casting irrésistible

Côté casting, la série brille par la justesse et la fraîcheur de son interprétation. Dans le rôle principal, Nadia de Santiago campe une Elena Bianda à la fois vive, intelligente et vulnérable. Son naturel et son jeu tout en finesse apportent une vraie humanité à cette héroïne moderne coincée dans un monde corseté. Elle porte la série avec un charme discret, mais indéniable, et rend son personnage aussi crédible qu’attachant, entre autorité, maladresse et émotion sincère.

À ses côtés, Álvaro Mel (vu dans Un Conte Parfait sur Netflix), dans le rôle du mystérieux Santiago, est le love interest idéal : un peu rêveur, un peu old-school, beaucoup trop séduisant. Leur alchimie crève l’écran sans en faire trop, et leurs dialogues ciselés donnent lieu à des échanges délicieusement tendus, teintés d’humour et de non-dits. C’est doux, c’est drôle, c’est romantique juste ce qu’il faut.

Mais la vraie révélation de la série, c’est sans conteste Iratxe Emparan, qui interprète la benjamine Carlota. Avec son allure de Wednesday Addams ibérique, ses réparties mordantes et son obsession pour les esprits, elle offre une performance à la fois drôle et émouvante. Elle détonne dans ce monde de rubans et de fanfreluches, et vole littéralement chaque scène dans laquelle elle apparaît.

Mention spéciale également à Isa Montalbán (Cristina) et Zoe Bonafonte (Sara), qui incarnent les deux sœurs avec une belle complexité. Cristina, la grande sœur “modèle”, cache des failles qu’on découvre au fil des épisodes, tandis que Sara, plus réservée, se révèle d’une ambition inattendue. Leurs dynamiques avec Elena sont riches et parfois explosives, ce qui donne au trio une vraie densité émotionnelle.

MANUAL PARA SEÑORITAS. Nadia de Santiago as Elena, Isa Montalbán as Cristina in episode 01 of MANUAL PARA SEÑORITAS. Cr. Manuel Fernández Valdes/NETFLIX © 2024

Verdict

Si tu aimes les séries qui réchauffent le cœur, qui font rêver sans être trop cucul, et qui donnent envie de siroter un thé en robe à crinoline (ou en pyjama, on juge pas), alors De parfaites demoiselles est pour toi. Une série doudou comme on les aime : moderne, féminine, drôle, et délicieusement romantique. Une bouffée d’air frais à ne surtout pas bouder.

Et puis ça annonce une saison 2, c’est écrit dans la dernière image. C’est tout ce qu’on souhaite pour la série (et notre chaperon !)

Author

Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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