Quand j’ai vu débarquer cette BD sur Nadia Comăneci, mon cœur de petite fille des années 90 a battu un peu plus fort. Parce que même si je suis née bien après ses exploits, Nadia fait partie de ces figures mythiques dont le nom évoque à la fois la grâce, l’exigence… et un soupçon de mystère. Et puis, avec une équipe aussi singulière que Marjolaine Solaro (ancienne gymnaste, autrice engagée) et Clem (jeune illustrateur au trait sensible), j’avais envie d’y croire très fort.

Et je ne vais pas mentir : la lecture m’a parfois touchée en plein cœur. Mais pas tout le temps.

Une vie hors norme, dans l’ombre du pouvoir

La BD retrace le parcours de Nadia, petite prodige de la gymnastique née dans la Roumanie de Ceaușescu, repérée très tôt, façonnée pour devenir une championne, puis littéralement instrumentalisée par le régime. On suit ses premiers pas sur les barres asymétriques, son mythique 10 aux JO de Montréal, mais aussi les sacrifices, la solitude, la surveillance constante… jusqu’à sa fuite vers les États-Unis et cette nouvelle désillusion avec un homme toxique.

C’est un récit de vie dense, fort, glaçant, qui n’élude pas la violence psychologique subie par la jeune gymnaste. La relation avec son coach Béla Károlyi, par exemple, est montrée dans toute sa complexité : mentor impitoyable, mais aussi figure presque paternelle. Le duo d’auteurs met bien en lumière cette tension entre admiration et pression.

Un graphisme sensible, mais un peu sage

Côté dessin, Clem signe une première BD pleine de promesses. Il y a une vraie élégance dans la manière de représenter les corps en mouvement, la précision technique de la gym, les visages expressifs. On sent une inspiration manga assumée, notamment dans les regards, les cadrages, et ça fonctionne plutôt bien.

Mais visuellement, je reste un peu sur ma faim. C’est joli, doux, appliqué… mais parfois un peu trop lisse. J’aurais aimé plus d’audace dans la mise en page, plus de tension graphique pour vraiment nous faire ressentir la dureté de l’entraînement, l’oppression du régime, les doutes de Nadia.

Un récit qui touche… mais qui survole parfois

Là où je suis plus partagée, c’est sur le rythme et la narration. On passe très vite d’un événement à l’autre, et même si l’histoire est bien racontée, j’ai parfois eu le sentiment de lire une version un peu condensée, presque scolaire, de la vie de Nadia.

On aurait aimé rester un peu plus longtemps avec elle dans ses moments de doute, explorer davantage ses relations, ses émotions. Le cœur y est, mais on reste un peu en surface. Peut-être qu’en visant un public large (ados et adultes), le récit a choisi la retenue… au détriment parfois de l’intensité.

Je ne regrette pas d’avoir lu cette BD. Elle m’a rappelé à quel point Nadia Comăneci est une héroïne complexe, puissante, mais profondément humaine. J’ai appris des choses surtout du côté “politique”, j’ai ressenti de l’émotion… et j’ai aussi eu envie d’en savoir plus. C’est peut-être là le plus beau compliment à faire à une biographie.

Mais est-ce que j’ai été totalement emportée ? Pas vraiment. Je suis restée un peu en dehors, comme si cette histoire extraordinaire avait été enfermée dans une case un peu trop sage.

Alors si tu es fan de sport, de récits biographiques, ou simplement curieuse de découvrir cette légende de la gymnastique sous un autre angle, fonce. Mais garde en tête que cette BD aurait mérité d’être un peu plus… explosive.

Dans le style, j’ai préféré White Only, sorti quelques semaines avant chez Glénat qui retraçait la vie de Althea Gibson.

Author

Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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