Hazelight Studios l’avait déjà prouvé avec It Takes Two : ils savent comment raconter des histoires à deux. Mais avec Split Fiction, le studio repousse toutes ses limites et signe une aventure coopérative d’une richesse et d’une ingéniosité rares. Sur le papier, deux écrivaines piégées dans un monde virtuel contrôlé par une maison d’édition malveillante. À l’écran, une épopée d’une dizaine heures qui alterne séquences d’action vertigineuses, puzzles asymétriques brillamment conçus et moments de pur émerveillement.

Chaque niveau est une lettre d’amour à la narration et au gameplay, chaque environnement un clin d’œil assumé à la science-fiction, à la fantasy ou à la pop culture. Des références assumées et pleines d’amour.

Screenshot par elen_nivrae

Un duo aux antipodes, mais irrésistible

On incarne Zoe et Mio, deux jeunes autrices radicalement opposées. L’une, solaire et rêveuse, vit dans un monde de dragons et de contes merveilleux. L’autre, plus sombre et cynique, se passionne pour les dystopies cyberpunk et les révolutions silencieuses. Leur rencontre, provoquée par un bug dans un simulateur d’écriture, va forcer ce duo improbable à collaborer pour s’échapper d’un monde où leurs histoires s’entremêlent.

Leurs différences, d’abord sources de conflits , deviennent progressivement la force du récit. C’est touchant, souvent drôle, parfois brutal, mais toujours sincère. Et surtout, c’est brillamment interprété – le tout servi par un script qui ne tombe jamais dans la facilité.

On a une belle évolution de la narration du duo, chaque niveau apporte plus à leur histoire, les pousse à se dévoiler. Quand on commence on n’en sait pas beaucoup sur elles, pas plus qu’en elles. Et puis ça bascule passé le premier gros niveau, c’est Zoe qui se confie rapidement, poussant Mio a briser sa carapace. Leur amitié naissante et forcée est vraiment bien narrée.

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Le plein de gameplay

Chaque niveau est pensé comme un mini-jeu, son propre gameplay, son propre univers. Un hommage à l’imaginaire vidéoludique et cinématographique, où l’on passe d’un marché nocturne peuplé de chats spectraux à une autoroute futuriste façon Blade Runner, en passant par des univers sortis tout droit d’un livre d’enfant, voir griffonné à la main ou encore des descentes en snowboard à la Cool Boarders, on peut aussi citer Elden Ring dans les références plus récentes. Tout est vivant et inventif.

Hazelight assume une direction artistique marquée, où la mise en scène rejoint le gameplay : pas de temps morts, pas de mécaniques recyclées. Mieux encore, chaque univers est traversé par de petits “side stories” qui permettent de respirer, de rire ou d’explorer un gameplay encore plus barré. Mention spéciale au niveau où l’on devient… deux cochons magiques propulsés par des arcs-en-ciel… ou aussi des dents! Oui, c’est aussi absurde que génial.

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Un gameplay coopératif ultra-réussi

Le cœur du jeu, c’est bien sûr sa coopération. Et sur ce point, Split Fiction frappe fort. Chaque niveau offre une mécanique nouvelle : plateforme à gravité inversée, pouvoirs complémentaires, créatures aux capacités différentes, lien incassable… On ne s’ennuie jamais.

La précision du gameplay, la variété des situations, la complémentarité des personnages : tout fonctionne à merveille. C’est fun, exigeant sans être frustrant, et surtout parfaitement équilibré entre les deux joueuses. Même les combats de boss, parfois un poil injustes, bénéficient de checkpoints généreux pour éviter la lassitude.

Comme c’était le cas pour It Takes Two, le jeu n’est pas du tout punitif. Même quand les deux joueurs succombent on reprend souvent très vite là où on en était.

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Un message fort sur la création

Derrière son avalanche de trouvailles, Split Fiction dit quelque chose de profond sur la création, la propriété intellectuelle et les dangers d’une technologie qui voudrait remplacer l’humain. Le grand méchant, Rader, est une caricature grinçante du patron de start-up convaincu que les histoires peuvent être “optimisées” par l’IA. Le jeu, lui, crie l’inverse : que chaque idée, chaque émotion, chaque monde inventé est profondément humain. Que l’imagination ne se copie pas. Et ce message là résonne encore plus fort à l’heure où l’on se demande ce que deviendront les artistes dans un monde de plus en plus automatisé.

Split Fiction n’est pas juste un bon jeu coop, c’est une ode à la créativité, à l’amitié et à la narration. C’est un jeu qui te fait rire, pleurer, hurler de joie et de frustration, mais toujours avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de rare. Une nouvelle masterclass de Hazelight, une expérience à ne surtout pas manquer si tu aimes jouer à deux. Franchement, il va falloir se lever tôt pour faire mieux côté coop en 2025.

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Blogueuse spécialisée dans les écrans. Partage son temps entre les bouquins, les jeux vidéo, les séries TV, le cinéma et les podcasts.

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