À une époque où l’histoire de la bande dessinée s’écrit encore bien trop souvent au masculin, la sortie de Garçonnes : Les autrices oubliées des Années folles de Trina Robbins (chez Bliss Éditions) est un événement qui mérite toute notre attention. Ce livre, à mi-chemin entre l’anthologie et le livre d’art, met en lumière des pionnières de la BD dont le talent a été injustement relégué à l’ombre.
Dans cet ouvrage magnifiquement illustré, Trina Robbins, historienne de la bande dessinée et féministe reconnue, nous invite à redécouvrir des créatrices audacieuses qui ont marqué les années 1920 avec leurs dessins. À travers leurs œuvres, ce livre célèbre l’émancipation des femmes et révèle une part souvent méconnue de l’histoire culturelle de cette période exubérante.
Les autrices oubliées : un héritage méconnu
Dans les années 1920, les “garçonnes” ont incarné une révolution sociale et culturelle. Elles étaient modernes, libres, et déterminées à briser les conventions. Ces figures féminines, devenues emblématiques de l’époque, ont inspiré des autrices de bande dessinée comme Nell Brinkley, Ethel Hays ou Virginia Huget. Pourtant, malgré leur succès à l’époque, leurs noms ont disparu des récits traditionnels de l’histoire du 9e art.
En publiant Garçonnes, Trina Robbins rend enfin justice à ces artistes qui, avec leurs dessins colorés et leur humour incisif, ont capturé l’esprit des Années folles. Elles ont créé des héroïnes indépendantes et joyeuses, symboles d’une nouvelle liberté pour les femmes. Leurs œuvres, publiées dans des journaux et magazines populaires, résonnent encore aujourd’hui par leur fraîcheur et leur audace.
Un livre nécessaire à notre époque
Dans un contexte où la question de la représentation féminine dans l’art et la culture est au cœur des débats, Garçonnes arrive comme un rappel salutaire : les femmes ont toujours été présentes, innovantes et influentes dans la bande dessinée, mais leurs contributions ont souvent été ignorées ou effacées.
Ce livre est une réponse à l’injustice historique de l’oubli. En rassemblant les œuvres et les histoires de ces autrices, Trina Robbins non seulement préserve leur mémoire, mais elle montre aussi l’importance de diversifier les récits et de redonner leur place aux femmes dans l’histoire artistique et culturelle.
Avec son grand format et ses 168 pages magnifiquement imprimées, Garçonnes est bien plus qu’un simple recueil. C’est une plongée dans l’effervescence des Années folles, une époque où les femmes ont revendiqué leur droit à l’indépendance, à la créativité et au plaisir. Ce livre nous transporte dans un univers d’illustrations vibrantes, où chaque page est une célébration de l’art et de la liberté.
Pour les passionnées d’histoire, de bande dessinée ou simplement de récits féminins, ce livre est une vraie pépite. Il nous rappelle que la culture populaire a toujours été un terrain d’expérimentation pour les femmes, qui ont su, à leur manière, réinventer les codes.
Trina Robbins et l’importance de défendre les oubliées
Lire Garçonnes : Les autrices oubliées des Années folles, c’est reconnaître l’importance de se réapproprier l’histoire sous un prisme féministe. C’est célébrer des artistes oubliées, mais aussi s’inspirer de leur créativité et de leur audace. Ce livre est une porte ouverte vers des discussions plus larges sur la représentation des femmes dans les arts, mais aussi sur la manière dont les récits historiques sont construits. Il nous invite à ne plus accepter les absences et à creuser pour découvrir celles qui ont été laissées de côté.
L’histoire de Garçonnes : Les autrices oubliées des Années folles ne pourrait être complète sans évoquer son autrice, Trina Robbins, une véritable icône dans le monde du comics. Née en 1938, Trina Robbins a consacré sa vie à défendre et promouvoir la place des femmes dans la BD. Elle est l’une des premières à avoir illustré des héroïnes fortes et indépendantes, tout en documentant l’histoire des créatrices souvent laissées dans l’ombre.
Trina Robbins a été la première femme à écrire et dessiner Wonder Woman dans les années 1980 et a signé de nombreuses œuvres marquantes, mêlant féminisme et créativité. En parallèle, elle s’est imposée comme une historienne incontournable du 9e art, en publiant des ouvrages qui explorent les contributions féminines au monde de la bande dessinée en particulier avec Wimmen’s Comix.
Malheureusement, Trina Robbins nous a quittés en 2024, laissant derrière elle un héritage immense et inspirant. Garçonnes s’inscrit comme un testament de son engagement à rendre visibles celles qui ont ouvert la voie. Ce livre, publié en France quelques mois après sa disparition, est un hommage vibrant à toutes les femmes qui, comme elle, ont osé prendre leur place dans un milieu souvent dominé par les hommes.
Un succès déjà salué
Lors des First Print Awards, Garçonnes a reçu le Prix Claude Vistel des comics de patrimoine, une récompense qui souligne l’importance de ce travail de redécouverte. Le livre est aussi sélectionné au Festival International de la Bande Dessinée 2025 à Angoulême.
Ce succès témoigne de l’intérêt grandissant pour des récits féminins jusque-là invisibilisés. Et d’une réelle volonté des professionnels de faire de la place à l’histoire.
Que vous soyez une passionnée de bande dessinée, une fervente défenseuse des droits des femmes ou simplement curieuse de découvrir une facette méconnue des Années folles, Garçonnes : Les autrices oubliées des Années folles est une lecture incontournable. Ce livre nous invite à redécouvrir un pan essentiel de l’histoire culturelle, tout en rendant hommage à des femmes qui méritent de briller de nouveau.
Alors, prêtes à plonger dans les Années folles et à célébrer ces autrices oubliées ? Vous ne serez pas déçues. Commandez-le à votre libraire s’il ne l’a pas déjà en boutique !