En direct de Bretagne, notre envoyé très spécial Raphaël nous raconte en détail ses trois jours passés aux Vieilles Charrues, festival incontournable de l’été français. Entre petits nouveaux, groupes emblématiques et même musique traditionnelle, la fête aura été totale !

Jour 1 – le triomphe Elton john

15h30, premier jour et début des festivités avec Jungle, venus défendre leur très bon premier album. Groovy à souhait, les versions live sont un peu plus pêchues. Pas facile à cet horaire-ci de rameuter du monde… mais les anglais ont quand même réussi une belle prestation, notamment grâce à une version de Time déjantée de plus de dix minutes. Un groupe qui confirme encore une fois tout le bien que l’on pensait d’eux.

On enchaîne ensuite sur la grosse scène avec Tinariwen. Arrivée assez étrange où l’on voit débarquer six touaregs munis de guitares électriques. Leurs mélanges de chants traditionnels et instruments occidentaux passe assez bien mais commence à tourner en rond au bout d’une demi-heure… Petit tour du festival pour prendre un verre de cidre (on est en Bretagne quand même !), le temps d’écouter d’une oreille The Same Old Band (rock), et du traditionnel (Du bartas), pour revenir sur la “Vallée” principale. Nous avons ensuite affaire à Celtic Social Club, qui reprend des classiques celtiques (Bretagne, Irlande, Cornouailles …) en version rock/instruments traditionnels. Bravo pour le mélange des générations lors d’une chanson avec une petite mémé bretonne en duo avec un jeune rappeur, en breton évidemment.

Alors que la nuit approche, les gros noms débarquent enfin ! En commençant par Sir Elton John. Lui qui avait annulé son passage l’année précédente à cause d’une appendicite, mais avait promis de repasser pour la prochaine édition. Grande classe ! Deux jeunes armés de violoncelles électriques chauffent le public avec des reprises de classiques tel que Smooth Criminal  ou Smells like teen spirit, et c’est parti pour 2 heures de l’extravagant anglais, dans un costume bleu pailleté. Impressionnant, on sent tout de suite les 45 ans d’expériences live qui le précèdent. Enchainant classiques sur classiques face à un public multi générationnel, l’anglais met tout le monde d’accord. Étant accompagné par des musiciens jouant avec lui depuis les années 70, ces “vieux” prennent du plaisir sur scène, le tout accompagné d’images ultra kitsch derrière eux. Chapeau l’artiste !

Pause hot-dog, le temps de voir la fin des sympas Casseurs Flowteurs ainsi que Miossec (beau moment lorsque le public reprend Tonnerre de Brest), malheureusement toujours aussi perché sur scène.

C’est ensuite parti sur la grande scène, noire de monde, pour acclamer le belge Stromae. Je ne connaissais pas vraiment à part “Alors on danse” et “Formidable”, mais quelle baffe ! Il enchaînera les titres repris en chœur par tout le public, dans une mise en scène millimétrée. Une très belle performance !

Pas le temps de se reposer car juste en face débute un set d’une heure trente de Franz Ferdinand. Enchaînant tubes sur tubes (Take me out, Can’t Feel Anymore, Ulysses, This fire …), les écossais finissent d’achever le public pour ce deuxième jour.

Pause cidre (encore), le temps de regarder le début de Crew Pelegronos, un groupe de hip-hop venant tout droit de Medellín en Colombie. Accompagné d’un Mc et d’un batteur, les 2 rappeurs font tout de suite plaisir aux motivés (il est quand même déjà 1h30), en débarquant sur scène avec un drapeau de leur pays et un drapeau breton. Leur style fait de sonorités sud-américaines et de rap passe pas mal, surtout qu’il commence a pleuvoir et qu’ils reprennent Jump Around de Cypress Hill, faisant sauter les festivaliers bravant la pluie.

Après une petite demi-heure, un petit tour de l’autre coté du festival, pour un DJ beaucoup plus sombre, Gesaffelstein ! Son ambiance apocalyptique via son jeu de lumière, le tout avec une tempête d’éclairs au-dessus du festival risque bien d’entrer dans les annales.

Un très bon début de festival ! Il est temps d’aller se coucher car un gros programme nous attend demain !

Jour 2 – le choc Detroit

Et c’est parti pour le 2ème jour, 15h15. Pour débuter, un certain Benjamin Clémentine. C’est l’histoire d’un mec qui débarque dans un espèce d’imper de velours marron, tout timide, qui se demande ce qu’il fait là. Puis il se dirige vers son piano, commence à chanter et met une baffe au public. Dans un style oscillant entre jazz, soul et folk, cet anglais hypnotise son public. Je n’ose même pas imaginer ce que cela peut donner dans une salle fermée. Parfait pour débuter la journée !

D’autres anglais changent radicalement d’ambiance, Breton. Très à l’aise sur la grosse scène malgré le fait qu’ils aient joué devant leur plus grand public (dixit eux), ces british se font plaisir sur scène et ça se ressent. Demandant assez souvent aux cameramen de filmer le public, le chanteur récupère en coulisses un énorme drapeau breton qu’il donne à un spectateur, ce dernier s’empresse de parcourir toute la fosse avec. Ils confirment en live tout le bien que l’on pensait d’eux.

Pause bière bretonne, le temps de découvrir l’univers de Jaberwocky. Un dj, un guitariste et un claviériste et c’est parti pour un set dansant, tantôt joyeux tantôt mélancolique. Mais il est maintenant temps d’enchaîner pour ce qui sera le grand moment de cette journée : Detroit, le nouveau groupe de Bertrand Cantat. Et autant dire qu’il est toujours aussi en forme !  Sa voix hypnotisant le public à travers ses nouvelles chansons, dans un univers toujours un peu sombre et via des textes qui font toujours mouche. Puis les premières notes du Vent l’emportera résonnent et le public rentre en transe. Dans une intensité crescendo, ils enchaînent les classiques de Noir Désir de Un jour en France jusqu’à un final sur Tostaky, démentiel. L’apocalypse. Petit rappel avec A ton étoile et Comme elle vient, prouvant que ce n’est pas pour rien que ces chansons font partie  des classiques du rock Français.

Pour se remette de ses émotions, rien de mieux que de partir dans un voyage avec Fakear. Comme prévu, une grosse tuerie. A l’aide de pads midi (cf Madeon – pop culture), le dj emporte le public dans son univers, à l’aide notamment d’une chanteuse sur quelques tracks. Frissons garantis et une belle chair de poule sur La Lune Rousse.

Encore un peu sous le choc, il est l’heure de se tourner vers d’autres anglais, encore, ceux d’Arctic Monkeys. Les britishs débarquent direct avec Do I wanna know et nous calment d’entrée. Comme prévu, un set alternant nouveaux tubes, sans oublier les classiques tels que Brianstorm ou I Bet You Look Good on the dancefloor, les Artic Monkeys démontrent encore une fois l’étendue de leur talent. Par contre un petit mot sur le chanteur, Alex Turner, qui en fait peut être un poil trop. Ayant débarqué en mode rockeur veste en cuir façon Grease, déhanché à la Elvis, gomina dans les cheveux et sorti un peigne pour se recoiffer de temps en temps parce qu’il le vaut bien. Mais on lui pardonnera au vu de sa prestance scénique, tout comme la puissance de sa voix… Un petit mot aussi sur le batteur, très bon!

Changement de style radical avec Gramatik, accompagné d’un comparse multi instrumentaliste (trompette, flûte traversière, clavier, saxophone …). Le dj met le feu avec son style particulier, passant sans gêne de Stevie Wonder vers du Django Reinhardt, avec un peu de dubstep au milieu. Et qu’importe le son qui sautera vers la fin, son acolyte mettant l’ambiance avec un solo de trompette le temps que cela revienne. Mention Très Bien pour ces dernières notes de saxo, avec même un petit bout du fameux Careless Whisper de George Michael !

Il est 1h du matin, il est temps d’aller déguster une crêpe saucisse vers la scène bretonne, pour découvrir le trio NRV. Un batteur, un joueur de tuba et un joueur du biniou : ambiance bretonne garantie sous le chapiteau. D’un coup le public décide de partir en fest-noz et votre serviteur est pris en plein dedans, via 2 pépés ne me demandant pas mon avis et m’intégrant dans des cercles de danses. Bonne ambiance et sourires de partout, ça fait plaisir.

1h30, un parterre blindé de monde. Pas de doute c’est l’heure de Shakaponk. Et ils prouvent que ce n’est pas pour rien qu’ils sont programmés comme têtes d’affiche. Des gens sautant de partout, bonne présence scénique, participation du public. Mention spéciale pour le duel de batterie virtuel entre un gorille et le batteur du groupe, via leurs fameux “écrans ronds”. On aurait pu penser à un feat avec Cantat, ce dernier ayant joué plus tôt, hélas…

Épuisé, il est temps d’aller se coucher pour une dernière journée qui s’annonce plus calme.

Jour 3 – repos repos repos…

Dernier jour, les jambes commencent à râler. 14h10, petite sieste en écoutant de loin Yodelice. Quoi de mieux pour se remettre dans les ondes positives qu’un petit reggae ? Et c’est Ki-Mani Marley qui s’y colle, l’un des fils de Bob. Accompagné par de bons musiciens sur scène, il distille du bon vieux reggae et ça fait plaisir. Surtout lorsqu’il entame quelques reprises de son père : One Love et Is This Love. Et bien ça fait quelques frissons d’entendre ça en live !

Les belges de Girls In Hawaï débutent par la suite un set planant et mélancolique. Hélas, allongés dans l’herbe, c’est le style de musique parfait pour une sieste …

Encore un monstre sacré, mais de la chanson française cette fois, Christophe ! Même si ce n’était pas franchement extraordinaire, ayant un trac fou, il n’en démérite pas en étant tout seul sur scène, alternant piano, clavier et guitare. Toujours sympa d’entendre Aline ou les Mots Bleus.

C’est ensuite avec curiosité que l’on tend une oreille sur quelqu’un présent dans le paysage musical français depuis 35 ans, Etienne Daho. Lunettes noires, petit déhanché, voix légère, pas de doute, c’est bien lui.  Souriant, heureux d’être sur scène, communicatif avec les spectateurs, il prouve pourquoi il arrive à traverser les générations, via une playlist mélangeant quelques nouveaux titres mais surtout ses plus grands succès (Boomerang, sortir ce soir, le premier jour …). Bonne surprise.

Miles Kane ayant annulé pour être remplacé par les BB Brunes, qui seront suivis par les Thirty Seconds to Mars, pas franchement motivant pour rester tard ce soir… c’est avec encore une fois curiosité que l’on assiste au dernier concert des Vieilles Charrues pour nous : Lily Allen. Bon, ça ne casse pas 3 pattes à un canard mais ce n’est pas mal pour terminer cette journée. Son univers faussement “rose bonbon” passe bien sur scène et sa voix est plutôt au rendez-vous.

L’heure est maintenant au bilan, avec un très bon souvenir général que cette “première fois” aux Vieilles Charrues. Un petit mot sur l’organisation d’abord : un sans-faute ; tous les bénévoles sont très accueillants, les prix des boissons sont corrects (2€50 partout dans l’ensemble), et surtout très bonne idée d’avoir mis la grosse scène sur une pente descendante. Un festival presque à taille humaine, où on se sent bien, loin de la marée humaine des  Solidays. La météo a été assez clémente aussi, avec finalement peu de pluie ! Le tout sublimé par une programmation aussi éclectique que pointue, qui en fait l’un des rendez-vous musicaux les plus cools de l’été !

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