Après J’ai tué ma mère et Les Amours imaginaires, le prodige Xavier Dolan venait en mai une nouvelle fois sur la Croisette pour présenter son Laurence Anyways. Avec un casting absolument génial, le réalisateur québécois raconte une somptueuse histoire d’amour inspirée et inspirante sur fond de crise identitaire dans son film le plus abouti. Un véritable coup de cœur qui nous aura bien secoué. Fantasque, pop, original, décalé, ambitieux, drôle et intelligent, Laurence Anyways se distinguera également par une B.O hypnotisante et carrément inspirée.
Pour son troisième long métrage, Xavier Dolan sort de sa discothèque 80 – 90 ses chansons préférées, y insère des grands classiques (Beethoven, Tchaïkovski) en modernisant le tout avec un peu d’éléctro et nous propose une BO de grande classe. Sans aucun doute une des plus grandes BO de cette année 2012 !
Le film s’ouvrira d’abord sur du Fever Ray. If I had a Heart résonne alors qu’une silhouette de femme remonte une rue sous le regard médusé et médisant des passants. Là, on est complétement scotché tant la mise en scène (gros plans sur les visages des passants, brouillard qui se lève) colle parfaitement avec la musique de la suédoise. Troublant.
Changement de décors et d’ambiance avec Kim Carnes et son tube très 80′ Bette Davis Eyes qui résonne dans une voiture pendant que Fred et Laurence semblent plus fusionnels que jamais. La scène est magnifique, la chanson parfaite et la magie peut alors opérer.
La musique dans Laurence Anyways est omniprésente, vous l’aurez compris et évoluera au rythme des tribulations de nos amants perdus. On retrouvera aussi beaucoup de variété française (Marie Denise Pelletier, Jacqueline Boyer) comme ici l’extravagant Jean Leloup avec son 1990, tube très kitch aux paroles explicites.
Le moment de grâce de Laurence Anyways viendra de Visage avec un Fade to Grey qui résonne comme un tube indémodable. Blessée, perdue et magnifique, Fred fait son apparition en discothèque. La révélation est alors sous nos yeux, Suzanne Clément est solaire et accapare l’écran. Un rôle bouleversant qui lui aura valu un prix bien mérité à Cannes.
Les québécoises ne seront pas oubliées puisque Diane Dufresne mais surtout Céline Dion viendront compléter cette B.O déjà bien fournie. Pour que tu m’aimes encore n’a jamais eu autant de sens lorsqu’il résonne au fond d’un bar au bout du monde …
D’autres immenses groupes viendront se greffer comme The Cure, Duran Duran ou encore Depeche Mode mais c’est surtout Moderat avec A New Error qui nous aura définitivement marqué. Le collectif berlinois nous met K.O dès les premières mesures et cela dès la bande annonce. Chapeau.
Mêlant avec brio standards des années 80, morceaux cultes, musique classique ou variété française, la musique de Laurence Anyways vient parfaitement accompagner les 2h30 de films. Xavier Dolan se fait plaisir en mixant tout ce qu’il aime et c’est tant mieux. Il ressort de cette bande originale quelque chose de très beau, très élaboré, un peu psychédélique, trouble et bordélique mais qui colle parfaitement à tous les messages du film. Une B.O qu’on adorera écouter longtemps après avoir vu le film !
- Fever Ray – If I Had A Heart
- Kim Carnes – Bette Davis Eyes
- Sergueï Prokofiev – Romeo And Juliet
- Headman – Moisture
- Jean Leloup – 1990
- Visage – Fade To Grey
- The Cure – The Funeral Party
- Beethoven – Symphony No. 5 In C minor
- Duran Duran – The Chauffeur
- Depeche Mode – Enjoy The Silence
- Jacqueline Boyer – Mitsou
- Céline Dion – Pour Que Tu M’Aimes Encore
- Stuart A. Staples – Already Gone
- Diane Dufresne – Oxygène
- Johannes Brahms – Symphonie No. 4 en mi mineur Op. 98
- Piotr Ilitch Tchaïkovski – Ouverture Solennelle 1812
- Antonio Vivaldi – Les quatre saisons : L’été
- Erik Satie – Gnossienne n° 7
- Luce Dufault – Soirs De Scotch
- Marie Denise Pelletier – Tous les cris les SOS
- Julie Masse – C’est zéro
- Patricia Tulasne – Ni trop tôt ni trop tard
- Moderat – A New Error
- Craig Armstrong – Let’s go out tonight
