Depuis leur débuts en 2005, nous avons toujours été fascinés par Arcade Fire. Cela avait commencé avec “Funeral”, l’un des plus beaux albums des années 2000, dont une écoute de temps à autre suffit à vous remémorer l’immense collectif qu’ils forment. Avec seulement quatre albums, les canadiens se sont placés en tête des groupes emblématiques de la scène indé et considérés à ce jour comme déjà cultes.

C’est donc non sans une immense joie et une attente toute autant grande, que nous attentions enfin le quatrième disque d’Arcade Fire. Pour se mettre immédiatement dans le bain, il faut savoir que “Reflektor” revisite le mythe éternel d’Orphée, ode à l’amour et à la musique, directement inspiré du film “Orpheu Negro” de Marcel Camus sorti en 1959. Un des films préférés de Win Butler, chanteur et leader du groupe.

Un album qui s’inscrit dans une vraie démarche artistique, comme tout ce qu’entreprennent les fantasques canadiens, qui ne font définitivement rien comme tout le monde. Le groupe voulait au départ enregistrer à Haïti, d’où est originaire la famille de Régine Chassagne (chanteuse du groupe et accessoirement femme de Win Butler). Une anecdote importante, tant on retrouve dans “Refllektor” des sonorités très empruntées aux caraïbes. De passage sur l’île, Win Butler explique d’ailleurs que des rencontres avec des groupes locaux auront changé à jamais sa vision de la musique. L’album est ainsi rythmé de percussions africaines et de sons vaudous hallucinants.

Mais devant les difficultés à travailler sur l’île, les Canadiens ont installé leur troupe en Jamaïque, dans un château “qui ressemblait à celui de Disneyland” explique Win Butler aux Inrockuptibles. Un processus très long (comme toujours sur leurs albums), sur lequel le groupe passera un temps fou en compagnie de James Murphy, ami de longue date des canadiens. La patte de James Murphy d’ailleurs, que l’on retrouve avec une joie immense depuis la fin de LCD Soundsystem. Lui qui aime jouer avec la disco, l’électro et le punk, arrive à marier avec génie la pop baroque d’Arcade Fire. On aurait pu rêver il y a quelques années d’une telle collaboration, c’est aujourd’hui chose faite. Le résultat est tout simplement génial, avec la création de titres somptueux où l’emprunte de James est indéniable : leur premier single Reflektor, Porno, We Exist ou le somptueux After Life.

C’est bien là le tournant qu’emprunte Arcade Fire. Ils gardent intact leurs sonorités, leur identité, mais la font évoluer vers une musique peut être plus moderne, aux sonorités plus électroniques, plus dance aussi. “Tout au long de l’écriture ou de l’enregistrement, je ne pensais qu’à un seul truc : la façon dont les gens allaient bouger sur nos chansons” confie ainsi Win Butler. “Je me souviens d’un soir où nous étions en train de bosser sur Reflektor. On avait du mal à trouver le tempo, on était paumés. Puis, tout à coup nous avons vu débarquer les types qui s’occupaient de la sécurité. Ils dansaient sur la chanson en nous regardant, avec leur tenues de sécu. Ambiance boîte de nuit. Là, on s’est dit qu’on tenait peut-être le bon tempo. A la fois pour ce titre, mais pour l’ensemble de l’album”, raconte-il ainsi.

Les personnes qui avaient découverts Arcade Fire avec “The Suburbs” risquent peut être de déchanter. Car “Reflecktor” part à l’opposée, en ne proposant pas uniquement des véritables tubes aux refrains ultra efficaces. On est face à un album complexe, de 14 morceaux d’une moyenne de 6 à 7 minutes, avec à chaque fois des intros et des fins terriblement bien travaillés. L’ensemble est intense, compact et flamboyant.

Le maître James Murphy parlait du nouvel album des canadiens en ces termes il y a quelques mois : “it’s really fucking epic !”. Des mots qui prennent aujourd’hui tous leurs sens, pour certainement l’un de leur album les plus abouti. On s’avance peut être un peu, mais on tient certainement là le chef d’oeuvre de cette année 2013.

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