Quand les médias américains ont annoncé la venue de Coppola et son Megalopolis à Cannes, on est tous devenus un peu zinzin. Quand le premier trailer est sorti, on en pouvait plus d’attendre. Enfin, quand la bande-annonce est sortie, on remettait déjà à Coppola sa troisième Palme d’Or. Mais ça, c’était avant. Avant que l’on découvre le film.

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“Mais qu’est ce qu’on va bien pouvoir écrire dessus ?” Voici la première pensée qu’on a eue en sortant des 2h15 de Mégalopolis. Pour résumer l’histoire (ou du moins essayer), nous sommes à New Rome (comprenez New-York), la veille d’un effondrement où deux familles, à la manière des Capulet et des Montaigu se déchirent pour le pouvoir. Enfin se déchirent, façon de parler, ils ne se tirent pas dessus, mais font un concours de jolies citations latines et de numéros de cirques romains en jouant à qui a la plus grosse. Chez les Capulet, Julia est Juliette, fille d’un maire conservateur et peu intéressant. Chez les Montaigu, César est Roméo, un architecte visionnaire qui peut arrêter le temps quand il le décide, mais pas tout le temps.  Autour d’eux gravitent une galerie de personnages tous plus dérangés les uns que les autres. Voilà pour les grandes lignes. Pour le reste, on essaye toujours de comprendre ce que Coppola veut nous dire.

La première heure est un enchainement de microhistoires dont on ne comprend absolument rien. Au début, on s’inquiète, on s’accroche, on se dit qu’on ne doit pas être assez intello pour capter le propos, puis petit à petit, on s’avoue la triste vérité : c’est juste mauvais et sans intérêt. On passe d’une scène en boite de nuit où des nanas se chauffent à un mec assis qui fait sauter de vieux immeubles, en passant par un banquier qui organise des enchères au Cirque Romain pendant qu’on fait des maquettes de la future ville, en se demandant comment est morte une femme. Ça crie. Ça court partout. C’est visuellement très laid et tellement pompeux à citer l’empire Romain et Marc-Aurèle à tout bout de champ. Il y en a partout. Ça déborde. Et le pire, c’est que c’est inintéressant. Aucun personnage ne vaut le détour. Tout le monde semblant se demander ce qu’il fait là. Aucune alchimie. Aucune émotion. Qu’un enchainement de plans !

La seconde moitié se recentre un peu plus sur son sujet (enfin, on croit), c’est-à-dire, le couple et l’inspiration de César pour créer la future ville alors que face à lui s’élève un cousin opportuniste et bien idiot, Clodio (terrible SHIA LABEOUF) . Mais là encore, les personnages sont tellement mal écrits qu’on se fout éperdument de l’histoire. Et rien n’est expliqué. Ni comment César peut arrêter le temps ? Ni d’où vient la matière qui l’a créé et qui peut tout réparer. Et comme si Coppola se disait que c’était trop simple, il se met à abuser des effets de style à la caméra. Le split Screen est à la mode sur les réseaux sociaux ? Utilisons-le au cinéma ! Mon héros réfléchit à ses plans ? Mettons des fleurs numériques à l’image. Il fait une crise ? Découpons son visage et faisons le tourner sur lui-même au milieu de plein écran. En écrivant ces lignes, la laideur de l’ensemble nous revient en pleine face. La laideur ET l’ambition méta qui nous emmène au cœur de la création, de l’univers, de la théorie des cordes… Et dire que Malick avait pris tellement cher avec ses dinosaures au début de The Tree of Life… En tout cas si vous voulez faire un Bingo Megalo, il y a plein d’idées à extraire !

Alors que faut-il en retenir ? À notre humble avis pas grand-chose à part une énorme blague à 120 millions de Dollars. Mais en tout cas, on a le film parfait pour illustrer l’image de “jeter l’argent par les fenêtres”.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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