Nous sommes le samedi 17 juillet et il est l’heure de refermer ce Festival. Quel bonheur d’avoir pu assister à cette édition post covid qui nous a rappelé comme le cinéma était important et comme il nous avait manqué.
Avant de vous livrer notre palmarès, petit retour sur la journée de vendredi et les derniers films vus.
Ce matin, direction Casablanca pour Haut et Fort de Nabil Ayouch. Le film est une fenêtre sur la jeunesse marocaine et leur envie de changer les choses dans une société encore très traditionnelle où la religion a une place prépondérante. Nous sommes donc dans un centre culturel d’un quartier populaire où des jeunes se réunissent pour partager leur texte de hip-hop et échanger sur leur croyance, leur espérance et leur avis sur le pays dans lequel ils sont nés. Leur rêve ? Changer les choses ici ou partir.
Le sujet est fort. Important. Essentiel même dans un pays qu’on croit plus avancé en matière de liberté. Haut et fort et un cri du cœur et les textes de rap poignants. Autour c’est un peu plat. La mise en scène est faible. L’interprétation maladroite. Et le film ne décolle jamais. Dommage.
Enchaînement avec France. Le nouveau film de Bruno Dumont. Léa Seydoux interprète une journaliste star de la télévision. Tout le monde l’aime. Ses reportages sont toujours un succès. Pourtant, France est dépressive et tout va s’effondrer le jour où elle renverse accidentellement un scooter.
Critique ardente de la société du spectacle et encore une fois, du pouvoir des puissants face aux gens d’en bas, France est un film moyen. Parfois réussi quand il parle de journalisme et des manipulations des foules, parfois raté quand il veut être plus intime et notamment traiter des relations amoureuses. Léa Seydoux porte le film sur ses épaules. La musique de Christophe donne au film une dimension mystique, mais l’ensemble peine à séduire.
Avant-dernier film de la compétition, Nitram de Justin Kurzel raconte l’histoire vraie d’un inadapté à la société qui va basculer dans une folie meurtrière et tuer une trentaine de personnes de sang-froid.
Ce portrait intime et glaçant d’un futur tueur est fascinant et sous tension. On ne sait pas quand il va basculer, mais on sait que cela arrive et que cela sans retour. Caleb Landry Jones est sensationnel dans ce rôle de tueur sans conscience ni regret. Vers un prix d’interprétation ? Réponse bientôt !
Nous y voilà. Les intranquilles de Joachim Lafosse ferme le bal des festivités. Le film raconte l’histoire de Damien et Leila, et de leur fils. Lui, est bipolaire. Elle, gère ses crises et ses phases hautes. Quand il croit vivre sa meilleure vie, elle panique et prie pour que tout se finisse bien. Quand il redescend, elle se dit qu’elle doit encore prendre soin de lui. Une maladie qui prend la forme d’un handicap social énorme. Un enfer à vivre pour les proches comme pour le malade, épuisé de ses humeurs et ses nuits sans sommeil.
Le film est un bijou d’intelligence. Tendu du début à la fin. Une représentation si juste de la maladie. Une interprétation sensationnelle de Damien Bonnard et Leïla Bekhti. Le film le plus puissant du festival. Et notre coup de coeur absolu du festival !