Dernier jour de compétition au Festival de Cannes et l’impression que le niveau augmente de jour en jour. A date c’est Burning de Lee Chang-Dong qui semble bien parti pour obtenir la Palme mais tout pourrait changer avec les 4 films présentés aujourd’hui : Un couteau dans le coeur, Capharnaüm, Akya et Le poirier sauvage.   

Réveil très matinal pour moi puisque j’ai pour cible la projection presse d’Un couteau dans le coeur à 08H30 au Grand Théâtre Lumière. La salle est bien pleine puisqu’en plus de la presse sont arrivés sur la Croisette les Cannes Cinéphiles 3 jours. Une nouvelle et bonne initiative du Festival qui permet à des jeunes cinéphiles d’accéder les 3 derniers jours du festival aux projections des différentes sélections. Bref la salle est bien remplie pour découvrir le nouveau film de Yann Gonzales 5 ans après son très prometteur Les rencontres d’après minuit.

En quelques minutes, l’ambiance est installée et le ton est donné : Un couteau dans le coeur sera un film vaporeux, sensuel et romantique. Un film en hommage au giallo sur fond d’industrie du porno gay. Si le scénario n’est pas l’atout majeur du film, la mise en scène est quant à elle de grande classe. Le masque du tueur évoque le Fantôme de l’Opéra, le rôle de la pellicule rappelle Blow Up… Bref Yann Gonzales se situe quelque part entre De Palma et Almodovar avec une touche très électro. Série Z très assumée, Un Couteau dans le coeur fascine autant qu’il déroute. La faute à cela, la prestation de Vanessa Paradis qui peut être électrisante quand elle endosse le costume de la productrice, et assez à côté de la plaque quand elle joue l’amoureuse éperdue. Nicolas Maury (inoubliable Hervé de Dix pour cent) est de son côté épatant. La BO est magique et offre au film son ambiance si particulière. Un film résolument à part, très ambitieux, qui s’inscrit dans un cinéma français en mutation (Les garçons sauvages en étant la dernière preuve) qui prend de l’épaisseur à mesure que le temps passe.

Vers un prix de la mise en scène ?

Petit café et retour à la compétition avec le très attendu Capharnaüm. Présenté la veille en séance de gala, le film est annoncé comme le choc du festival (rien que ça). Nadine Labaki pose ses valises dans les bidonvilles du Liban à la rencontre de Zain, 12 ans qui va être livré à lui-même. Autant vous dire tout de suite que le film est assez intenable. Forcement quand on filme des enfants dont la violence des adultes les met en danger, c’est rarement un moment convivial et gai. Pourtant, même si je comprends l’importance du sujet et la nécessité de filmer le réel pour témoigner d’un monde mal en point, difficile de voir en Capharnaüm autre chose qu’un film tire larmes. A force de voir ces images cruelles, sans une lueur d’espoir, de vie ou d’innocence, il se dégage une impression de too much. Comme si tout le film était sous-titré avec des pancartes ” Pleurez maintenant”.

En plus de cela le film est un peu gênant quant aux propos mis dans la bouche du petit  Zain Alrafeea, La façon dont il s’exprime, sa violence verbale, son discours final… Tout ça sonne aussi un peu faux et un peu trop écrit. Pour un film qui se veut réaliste c’est dommage. Pas beaucoup d’émotion de mon côté mais une ferveur collective qui s’est ressentie. A la sortie du film, tout le monde renifle ou se frotte les yeux. Kristen Stewart est en larmes, Denis Villeneuve a perdu son sourire complice… Bref, tout le monde est secoué.

Comme l’impression de tenir la Palme puisque le film réunit tous les ingrédients : réalisatrice, film politique, fond de guerre, migration, enfants malheureux…

Après le Liban direction la Russie avec Ayka. Pour la seule projection du jour, et en présence de l’équipe du film, la salle est loin d’être pleine. Si le film ne bénéficie pas d’un gros buzz cannois, il se révèle être dans la pure tradition des films de l’Europe de l’Est. Sergey Dvortsevoy propose un drame intimiste sur une immigrée qui débarque en Russie pour accoucher. Sans argent ni travail, elle va devoir survivre tant bien que mal.

Si le film ne m’a pas transcendée, je dois reconnaître la prestation assez incroyable de Samal Yeslyamova. Elle vient de rejoindre la course au Prix d’interprétation féminine !

La compétition devait se terminer avec Le poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan, elle se terminera sans moi. 3h08 de cinéma contemplatif en fin de festival est assez compliqué. Je préfère le rattraper à Paris tranquillement pour pouvoir le découvrir dans les meilleures conditions.

Peut-être que je manque un prétendant du palmarès ? Réponse demain !

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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