Apres le décevant Casse tête chinois, Cedric Klapisch nous revient avec Ce qui nous lie, film où le bon vin se marie avec une jolie fratrie. Critique d’un vrai coup de coeur.
” C’est l’histoire d’un avion qui décolle. Non c’est pas l’histoire d’un avion qui décolle. ” En fait si. Jean est parti il y a quelques années faire le tour du monde histoire d’échapper à l’autorité parentale. Sauf qu’à force de voir du pays il n’est pas vraiment rentré chez lui et a fait sa vie en Australie. Seulement voilà, le père qu’il a voulu fuir est malade en France. Sa sœur l’appelle. Jean revient donc à la maison retrouver frère et sœur. Ensemble il va falloir gérer l’héritage : un beau domaine viticole pas très rentable mais synonyme de ciment familial.
La Réunion de famille de Klapisch rassemble tous les éléments qu’on aime, à commencer par ses personnages : tellement imparfaits mais si attachants. Ici pas de bande de potes mais trois frères et sœurs qui s’adorent mais ne parlent pas toujours le même langage. Pourtant ce qui les lie, c’est le vin. La terre que la génération précédente et celle encore d’avant a travaillé. Sur fond de comédie douce amère, Klapisch nous parle du temps qui passe et surtout de la question de l’après. Oui ce moment où les parents ne sont plus là, et où seuls restent les frères. Frères qui sont les rares à conserver les souvenirs des parents et qui auront à charge de transmettre à leur tour l’héritage. Par cette approche, Ce qui nous lie est un film à part. Bouleversant de vérité. Angoissant parfois tant il nous ramène à notre propre histoire. Élégant forcément puisqu’il n’appuie jamais gratuitement sur un trait (une plaie) ou un(e) autre.
Dans une mise en scène soignée et épurée, Cedric Klapisch montre qu’il est un réalisateur à part. Aussi bien capable de capter des magnifiques moments d’introspection ou de spleen tout en filmant la vie, arrosée ici et sacrément vivante. Ce qui nous lie regorge de plans sidérants ( près d’une armoire dans une chambre où trois corps se dispersent ou à proximité d’une balançoire où trois enfants courent) enclins de nostalgie comme de scènes de comédie dans lesquelles le rire des comédiens est contagieux ! Un fin équilibre que peu de cinéaste arrive à reproduire !
Si l’ombre de Xavier plane toujours quelque part, on doit avouer que le duo Pio Marmaï / François Civil fonctionnent à merveille. Ensemble ils représentent aussi ce pont entre l’enfance et l’âge adulte. Pour compléter cette fratrie c’est Ana Girardot qui s’y colle. Meme si on retiendra moins le personnage de Juliette, elle apporte un équilibre nécessaire au duo. Un joli rôle de femme timide qui se réveille petit à petit.
Ce qui nous lie est un vrai beau film. Un film où se mêlent passe, présent et futur à la manière d’un timelaps. Une histoire qui parlera à toute une génération de trentenaires. Bravo Cedric !