La La Land est sorti hier sur les écrans français et, croyez-moi, le rater serait une grave erreur. Ça, c’est de l’intro, non ?

Synopsis

C’est l’histoire d’un coup de foudre à la fois prévisible et inespéré. Je m’explique. Cela fait tout simplement des mois que j’attendais de découvrir le nouveau film de Damien Chazelle. Au fur et à mesure de ses présentations lors de festivals internationaux (Venise, Toronto), mon attente ne faisait que croître. Par expérience, je ne sais trop bien que trop attendre d’un film conduit à coup sûr à une déception.

Et puis il y a eu ce miracle appelé La La Land. Son marketing un poil poussif a pu vous déstabiliser voir vous détourner du chemin de la salle de cinéma la plus proche. Croyez-moi, ce serait une grave erreur que de passer à côté de ce chef-d’œuvre. J’ose rarement employer ce mot composé, souvent utilisé à mauvais escient mais, cette fois, ça ne me semble on ne peut plus de circonstance.

C’est l’histoire d’un film qui est immédiatement entré dans le panthéon de mes films favoris. Je ne me risque pas trop en écrivant ces mots puisque je l’ai vu déjà deux fois et que de nombreux visionnages suivront dans quelques jours, semaines, mois, années… C’est l’histoire d’un feel good movie dramatique qui fait à la fois office d’hommage au 7ème art et de dénonciation des méthodes souvent rabaissantes de cette même industrie.

L’avis de Bobine Sélective

La La Land est un film tout en contrastes, qui commence comme une comédie pour se terminer en drame, qui associe le dynamisme d’Emma Stone à l’introversion de Ryan Gosling (et que ça marche bien !), qui fait sourire aussi bien que pleurer. Le tour de force de Chazelle n’est pas tellement de nous offrir une comédie musicale moderne, mais bien de nous en faire voir de toutes les couleurs aussi bien sur le fond que sur la forme.

Il serait bien dommage de s’arrêter à ce qui est visible, évident. La La Land fait partie de ces films qui se voient plusieurs fois tout simplement, car ils sont riches et généreux. Vous trouverez dans un décor quelque chose que vous aviez raté au précédent visionnage puis vous comprendrez autrement les paroles d’une même chanson ou interpréterez différemment l’expression d’un visage…

Mais la réalisation tout en élégance de Chazelle et les interprétations si justes de Stone & Gosling ne seraient absolument rien sans la partition de Justin Hurwitz dont chaque morceau est une merveille entêtante. Si le film mérite des visionnages multiples, la bande originale mérite un nombre tout aussi important d’écoutes. J’approche d’ailleurs de la centaine.

Obsédant, enchanteur, merveilleux, magique, juste, riche, beau… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier La La Land tant la claque infligée a été à la fois belle, inattendue et mémorable. Ne passez pas à côté de cette pépite qui fera date dans l’histoire du 7ème art.

L’avis de Marine

Une scène d’ouverture si ambitieuse qui nous plonge immédiatement dans le monde merveilleux de Damien Chazelle. Une prouesse de cinéma sans égale. Nous voici dans les embouteillages de La La Land ou l’allégorie de tous ces talents qui attendent leur feu vert pour décrocher une étoile à Hollywood. On croise Mia et Sebastien. Elle aspire à être actrice. Il veut ouvrir son club de jazz. Leur rencontre va forcément tout changer.

Deuxième numéro de chant et le pari est réussi. Damien Chazelle a réussi son coup : réaliser une comédie musicale à l’heure où elle se ringardise de film en film. On a envie de se lever, de danser, de chanter et de sourire à son voisin. Si le sourire se dessine un peu plus lors d’une scène surréaliste de claquettes avec vue hallucinante sur la Highline de Los Angeles, nous voilà à nous transformer en spectateur romanesque. Oui car devant l’écran c’est un couple mythique qui naît instantanément. Emma Stone et Ryan Gosling, se chambrent, s’adorent, chantent, dansent et respirent comme une seule et même partition. Elle est l’ouragan, il est la force tranquille. La fusion est atomique et dépasse largement le cadre du film. Il y a eu Bogart / Bergman, il y aura Stone/ Gosling. On se demande même comment le couple ne peut pas l’être à la ville tant l’évidence est là…

Après un hommage plus ou moins déguisé aux classiques d’Hollywood (Chantons sous la pluie, Shall We dance, Sweet Charity…) Damien Chazelle vogue vers d’autres eaux. Sous les couleurs et les chansons, se cachent de plus grands enjeux. Et derrière l’apparence légère, on ouvre la porte aux maux plus profonds. Procédé qui a fait la renommée d’un certain Jacques Demy… Oui car si le réalisateur exprime avec La La Land son admiration pour le cinéaste de Nantes (le fond des Parapluies de Cherbourg, les couleurs et les numéros dansés des Demoiselles de Rochefort) il fait évoluer son film à mesure que le temps passe. Plus question de danser et chanter quand les mondes s’effritent. Quand la réalité rattrape les rêves, les rythmes sont moins enjoués, les notes plus nostalgiques. Oui car autant vous le dire, le sujet de La La Land n’est pas l’amour mais la quête du rêve. Dans un Hollywood brouillon, loin de son âge d’or, qui ne respecte plus rien, difficile d’atteindre son rêve. Comment ne pas abandonner quand toutes les planètes refusent de s’aligner ? Ou quand elles s’alignent dans une diagonale imprévue… Le film de Damien Chazelle est un plaidoyer poignant d’un monde qui n’existe plus. Un monde dans lequel la réalité brule les rêves. Les doux rêveurs sont en voix de disparition et les rencontres peuvent aider à rentrer en résistance. Quel est le prix de la réussite ? Tous les sacrifices  se valent-ils ? Damien Chazelle vous laisse juger au détour d’une sorte de fin alternative absolument bouleversante.

Impossible de parler de La La Land sans évoquer la musique de Justin Hurwitz. Jacques Demy affirmait que la musique renforçait dans la joie ou dans le drame, les sentiments, La La Land en est la parfaite illustration. Rarement une musique n’avait autant servi les propos et les enjeux d’un film. Pire encore, elle obsède sans les images. On vous met au défi de ne pas écouter en boucle la BO suite à votre séance ciné.

Difficile de vous en dire beaucoup plus sans trop en dire. Une chose est sûre : Damien Chazelle a réussi à mixer comédie musicale et drame romanesque, classicisme et modernité. Un tour de force qu’on osait imaginer. La La Land est le genre de film qui nous fait aimer encore plus le cinéma. Le genre de film aussi qui nous fait prendre conscience qu’être acteurs est un métier exigeant qui demande des heures de travail (Ryan Gosling n’est jamais doublé au piano…). Le genre de film qu’on a déjà vu 2 fois en 3 jours. Et qu’on pourrait voir encore et encore sans jamais se lasser. C’est ce qu’on appelle un classique instantané. Magique !

Author

Banlieusarde de souche, parisienne d'adoption, New-Yorkaise de cœur. S'épanche régulièrement sur La Bobine Sélective pour partager son amour du 7ème art. Aime la bière de toute sorte, le foot bourrin, les films d'horreur sanguinolents mais aussi le champagne avec des fraises, le vernis à ongles rose et les comédies romantiques pleines de clichés.

1 Comment

  1. comment dire, après votre commentaire, dur de rajouter quelque chose sinon que la claque reçue quand j’ai visionné La la land est magistrale. C’est vrai que je suis fan du cinéma américain et retrouver cette ambiance de l’âge d’or Hollywoodien rend magique l’univers de Chazelle. Puis l’histoire elle, tragique, romantique, et tellement poignante, qu’après la dernière seconde du film tu ne peux t’empêcher de rêver encore plusieurs minutes, pris par la magie, de revenir sur ta vie et comme elle peut être hasardeuse et tellement belle à vivre, et tu te rappelles alors toutes celles que tu as aimé…
    j’aime, j’adore ce film, il me dit quelque chose à chaque fois que j’ai le bonheur de le regarder.
    vive la vie…
    que la cité des étoiles dure toujours…

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