Pour sa première fois sur la croisette , Stéphane Brizé présente un film fort et cruel qui porte bien son titre : La Loi du marché.
Quand le réalisateur de Quelques heures de printemps décide de parler du monde actuel et de ses aberrations, il n’y va pas par quatre chemins. Scénario bien ficelé, mise en scène proche du reportage et dialogues acerbes voilà ce que nous propose La Loi du marché. Thierry a 51 ans et suite à un licenciement économique il doit trouver un nouvel emplois pour subvenir aux besoins de sa famille. Après des entretiens et des formations à pôle Emploi qui n’ont ni queue ni tête, Thierry finit à la sécurité d’un supermarché.
Rarement on aura vu un film porter aussi bien son titre : la Loi du marché ou comment à 51 ans vous êtes out du système à vous de vous adapter ! Chaque candidat, chaque collègue, chaque recruteur ou conseillers deviennent une menace pour l’homme. Pas de cadeau dans ce monde gris mais néanmoins si réel où toutes vos certitudes sont remises en cause par des inconnus au quotidien. Il faut lutter pour survivre pour ne pas renoncer à ses acquis. Mais comment s’adapter quand toutes vos valeurs sont ébranlées et que vous réalisez au quotidien ce qu’est la loi du marché ? C’est tout le sujet du film de Brizé qui parvient sans grossis le trait à livrer une œuvre vraie qui questionne sur la nature humaine autant que sur le système économique de la France.
Désarmant de naturel et de froideur, la Loi du marché fait partie de ces films qui nous sortent difficilement de la tête et dont la dureté nous frappe en pleine tête.
Ajoutez à cela un Vincent Lindon époustouflant (méconnaissable dans le jeu derrière son personnage hésitant) et vous aurez un des films majeurs de ce festival de Cannes ! Un sujet aussi politique ne devrait pas repartir bredouille !