Dans son nouveau film, Jérôme Bonnell (Le temps de l’aventure) continue d’explorer les relations humaines et les passions amoureuses.
Rien qu’à la bande annonce, on sentait une certaine alchimie se détacher. Une modernité aussi de traiter sans juger ou porter en gloire un amour triangulaire. À trois on y va, c’est l’histoire de Micha et Charlotte amoureux lillois qui commencent leur vie ensemble. Un peu prise par un spleen existentiel insoluble, Charlotte va trouver un nouveau souffle dans les bras de Mélodie. Entre elles, c’est je t’aime moi non plus. Lassée de la distance imposée par Charlotte, Mélodie va a son tour succomber à la tentation dans les bras de… Micha. Un jeu de l’amour et du hasard commence alors.
Il y a dans le sujet du film un côté comédie très présent. Imaginez trois jeunes gens de tromper mutuellement. Imaginez des situations où Mélodie, amie du couple, doit rester distante pour ne pas éveiller la curiosité de l’un ou de l’autre. Imaginez enfin un jeu de cache cache où chaque cachette ne tient jamais bien longtemps. S’il ne fait pas à proprement rire, à trois on y va, fait sourire devant le comique de situation à la limite du vaudeville que propose Jérôme Bonnell. Habile, le réalisateur capte ici et là des moments de vie pour pointer du doigt le mal du siècle : le besoin d’être aimé en retour.
Sans jamais être moralisateur le film passe en revue les angoisses d’une génération de jeunes adultes qui a peur de grandir. À la veille de la trentaine, impossible de se ranger et de renoncer définitivement à ses rêves d’enfants. Il faut donc vivre et aimer avec un grand A. Jusqu’à l’impossible même. Ainsi, À trois on y va, parlera forcément à notre génération et donnera une furieuse envie de vivre nous aussi.
Sans jugement, sans voyeurisme, A trois on y va a l’ambition d’abolir les genres et prouve qu’on tombe amoureux de quelqu’un avant de tomber amoureux d’un sex. Malin, poétique et charnel, ce film raisonne encore plus aujourd’hui à l’heure où certains sujets sont encore tabous.
Sans aucun raccourcis et tout en subtilité, Jérôme Bonnell nous dit que tout est possible à partir du moment où c’est un choix assumé.
Pour mettre en pratique sa théorie il fallait trois acteurs. Anais Demoustier et Félix Moatti sont parfaits en jeunes gens un peu candides et idéalistes quand Sophie Verbeeck vient apporter une touche dramatique pour un personnage insaisissable