Exodus : Gods and Kings est l’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire. Une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 400 000 esclaves dans un extraordinaire périple pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.
Exodus était attendu par les cinéphiles qui priaient pour que Ridley Scott se redresse enfin après les déceptions de “Prometheus” et de “Cartel”. C’était donc un challenge pour le cinéaste de revenir au cinéma historique, à forsiori avec cette libre adaptation du mythe de Moïse et de l’Exode.
Difficile de se faire une idée claire après les 2h30 de Exodus : car même si on en a pour son argent question grand spectacle, on en ressort assez frustrés. Oui, le divertissement est là : les paysages sont magnifiquement mis en valeur, on en prend plein les yeux. Scott relève le défi haut la main en mettant en images les dix plaies d’Egypte par exemple, en les abordant avec un aspect réaliste, comme on l’a rarement vu au cinéma. La traversée de la Mer rouge, le climax du long-métrage, impressionne forcément, même si elle est différemment mise en scène que dans “Les 10 Commandements”. Techniquement, il n’y a rien à redire sur Exodus : les effets sont magnifiques, les reconstitutions sont grandioses, la 3D est tout à fait justifiée, la musique répercute toute la puissance du spectacle. Sur tous ces aspects, le spectateur en prendra plein la tronche.
Mais étrangement, le film parait trop court et fait l’impasse sur les éléments pourtant essentiels de l’histoire comme l’enfance de Moïse aux côtés de Ramsès par exemple. Le film commence lorsque les deux personnages centraux de l’histoire sont déjà des hommes. C’est d’autant plus dommageable que la relation entre les deux frères occupe une place centrale dans le film. C’est là la principale déception de “Exodus”, c’est que cette relation se devait d’être profonde, pleine de compétition et d’amour fraternel. Mais elle se révèle manichéenne et finalement assez froide. La faute aussi à un Joel Edgerton loin d’être à la hauteur de son personnage complexe, qui finit par être un bad guy un peu crétin.
Par contre, Christian Bale, qui porte le film sur ses épaules, est parfait en Moïse. Dans la perpétuelle lutte contre son héritage, il campe un personnage finalement déterminé à libérer son peuple. En réalité, ce n’est pas la religion qui semble intéresser Ridley Scott mais cette lutte fratricide entre affection et jalousie à laquelle il semble s’identifier puisqu‘il dédie Exodus à son frère décédé. C’est d’autant plus étonnant de ne pas trouver dans le film davantage d’émotions.
En bref, Exodus Gods and Kings est un film désincarné, qui ne parle jamais de religion, ou même de foi, et qui passe presque à côté de son sujet. Scott se contente d’illustrer pour la centième fois mais plutôt correctement, une histoire déjà connue de tous sans y apporter un supplément d’âme.
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Nous avons pu découvrir le film lors d’une soirée exceptionnelle organisée au MK2 Quai de Loire par le 20th Century Fox qui a réussi à ouvrir le bassin de la Villette en 2 et nous faire traverser au milieu. La vidéo est à regarder ici : Exodus
Le film sort au cinéma le 24 Décembre 2014