De Cronenberg on ne connaissait que le pire (A Dangerous Method, Cosmopolis). Pourtant son sujet proche de Mulholand Drive et son casting très hollywoodien avaient suscité en nous en fort intérêt. Quelques jours après avoir vécu l’expérience Maps to The Star, impossible de vous dire si on a aimé ou détesté. Pourtant on en finit plus d’y penser…
144571_maps-to-the-stars-valenciennes-tourismeA Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

Deux chauffeurs de limousine qui rêvent de percer dans la cité des anges, une actrice qui refuse de voir sa date de péremption arriver, un sale gosse bouffé par le succès et un gourou maître d’Hollywood, voici le triste constat de ce Maps to the Star. Si Los Angeles vous faisait jusque là rêver, oubliez vos idéaux et faites un tour du côté de Cronenberg. Comme une pomme rongée de l’intérieur, Hollywood ne ressemble en rien aux clichés habituels. Ici, personne n’est gentil et chacun est un loup pour son voisin. Il faut écraser, vaincre pour exister enfin. Triste constat et triste vision de ce monde qu’on ne connaissait pas vraiment mais qu’on ne voudra jamais fréquenter. Le rêve ici est un mauvais rêve, une sorte de bad trip qui vous encercle pour complètement vous dévorer. Pas besoin d’abus de drogue. Laissez juste la vie faire son travail.

Maps to the Stars

Portrait sauvage et cruel d’une ville fantôme, Maps to the Stars est une expérience assez éprouvante à vivre mais tellement fascinante. Tendu sur un fil, le film de Cronenberg peut basculer à tout moment. On ne sait pas qui craquera en premier mais on sait que la sentence finira par tomber. L’équilibre de ce microcosme est au bord du gouffre et tout élément peut venir précipiter sa chute. La tension augmente au fur et à mesure que les pièces du puzzle se rassemblent et le piège se referme doucement sur nous. Impossible d’y rester hermétique. Le malaise transperce l’écran pour nous obséder totalement. Difficile alors d’en sortir indemne.

Si la fin du film nous aura paru à la limite du too much arty pas forcément compréhensible, on aura trouvé Maps to The Stars bien au dessus de nos espérances. Poussant la réflexion sur l’ennui, la soif de réussite, le besoin de reconnaissance, l’inceste, la folie, l’absence, les regrets, l’argent et la difficulté d’oublier son passé, le film de Cronenberg est un objet des plus intéressants. Sans doute faudra-t-il le revoir pour en saisir tous les enjeux et comprendre chaque plan qui conduiront à la chute des principaux personnages.

Maps to the Stars

Côté casting là aussi on n’aura pas été déçu. Julianne Moore dans un de ces choix de carrière les plus intéressants (elle n’aura pas volé son Prix d’Interprétation cannois) est absolument géniale en actrice sur le déclin qui veut lutter contre ses démons et un temps qui passe indéniablement. Mia Wasikowska trouve un rôle ici qui lui va bien (celui de la folle névrosée dans le même registre que pour Stoker) et résume à elle seule le climat oppressant du film. Du côté des hommes si Robert Pattison prouve qu’il est bien meilleur en victime qu’en bourreau on retiendra surtout Evan Bird la révélation de ce Maps to the Stars en adolescent insupportable de froideur mais qu’on arrive à plaindre…

Vous l’aurez compris Maps to the Stars fait partie de ces films qu’on n’oublie pas. Un drame aux allures de thriller sous haute tension qui nous pousse à la réflexion sur Hollywood et au delà notre époque actuelle. Ecrivez son nom pour y voir plus clair…

Maps to the Stars

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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