Présenté en ouverture du Festival de Cannes 2014, Grace de Monaco avait attisé la curiosité par sa bande annonce prometteuse et son fond polémique : Et si le bonheur des Grimaldi n’était pas si enviable que ça ?
Lorsqu’elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c’est aussi le moment ou la France menace d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco.
Après avoir été repoussé de quelques mois puis clairement non-approuvé par les Grimaldi, Grace de Monaco voit enfin le jour. Sans doute pour rendre hommage à la rencontre entre l’actrice américaine et son prince monégasque , le film fait office de début des festivités à Cannes cette année. Forcément, avec un tel engouement, on avait bien envie de le découvrir. L’accueil glacial en projection presse le même matin nous avait clairement refroidi. Sans plus rien en attendre, on l’a donc vu… On a toujours du mal à nous en remettre !
Dès les premières minutes on sait que ce biopic là ne rentrera pas dans les anales. Comme on le redoutait, Grace de Monaco sent la poussière et le déjà fait, déjà vu, déjà raté… Une mise en scène qui n’invente rien, une musique plombante, des dialogues ridicules face à des expressions alourdissants chaque scène, voilà à quoi ressemble Grace Kelly pour Dahan. Bien sur on ne s’attendait pas à grand chose de révolutionnaire vu le passif du réalisateur mais on espérait au moins que Grace De Monaco puisse se laisser gentiment regarder. On était vraiment loin du compte. A chaque plan, un rire nerveux tente de se camoufler au fond de nous. Comment peut-on en 2014, laisser de tels projets se faire ?
Une fois la “surprise” passée et qu’on a accepté que Grace de Monaco ne serait qu’une lente agonie, on peut essayer d’analyser pourquoi ça ne va pas du tout. Premier constat, le scénario du film a dû être écrit sur une feuille aussi grande que Monaco… Le film débute au moment où Grace Kelly hésite à accepter le rôle principal de Pas de Printemps pour Marnie et se termine au moment où la France décide de ne pas annexer Monaco. Soit un an. Un an pendant lequel on verra Grace qui hésite, Grace qui filme ses enfants à la piscine (histoire qu’on comprenne bien l’importance du cinéma dans sa vie ndlb) Grace qui pleure, Grace qui rit, Grace qui tient tête à son mari, Grace qui veut imposer une image glamour et moderne de la femme puis… Grace qui se range, Grace qui apprend le français et les bonnes manières pour devenir une épouse modèle et une Princesse digne de ce nom, Grace qui est trahie (meilleur moment du film)… Voilà voilà. Ne venez pas pour autre chose que pour Grace, c’est peine perdu. Tout autour y est insignifiant et ridicule.
On pourrait se dire qu’après toi le film racontait son histoire mais celle-ci est tellement bâclée qu’on ne peut se résoudre à gracier ce navet. Jamais touchante ni attachante, on ne ressentira jamais rien pour ce drôle de personnage. Film sans charme à l’intérêt historique bien anecdotique (pour ne pas dire fantasmé), Grace de Monaco cherche à créer la polémique sans jamais s’en donner les moyens. Le film est un tel amas d’imbécilités qu’il finira même par servir les Grimaldi. Pour vous dire ! Que dire de la performance de Nicole Kidman ? Figé du début à la fin, on l’a rarement vue aussi mauvaise (peut-être dans Australia ?) et tellement à la ramasse dans ce rôle que ça en devient gênant.
Plus que le fond, c’est la forme qui dérangera vraiment. Filmé sous instagram, Grace de Monaco est en retard d’un demi-siècle sur les productions actuelles. Tout y est mal fait : du plan d’ouverture sur un plateau de tournage à des moments plus intimes dans la vie de la star. La palme revenant à de drôles de plans zoomés sur des parties du visage de Grace. Un oeil par là, une bouche ici… Grace De Monaco donne le mal de mer autant qu’il nous scandalise. Il y a pourtant des metteurs en scène dignes de ce nom en France pour empêcher ce genre de faux-pas non ?
Ridicule du début à la fin, Grace de Monaco nous aura surpris par sa médiocrité. Rarement on aura vu un film se rater de bout en long sans jamais donner l’impression de pouvoir (ni vouloir) s’en sortir ! Une ouverture de #Cannes2014 catastrophique qui nous fait reconsidérer la présence du DaVinci Code à la même place…