Ils venaient pour une troisième palme historique, ils sont répartis bredouilles du 63 eme festival de Cannes. Si le film avait les faveurs de la presse, on comprend non son absence logique du palmarès.
Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
L’histoire avait pourtant tout pour faire effet. Un drame social dont ont le secret les frères belges qui en règle général fonctionne au point de vous donner la larme à l’œil et plus si affinité. On se souvient de l’enfant, du Silence de Lorna ou du Gamin au vélo qui avaient réussi à nous faire douter de la nature humaine. Bref on savait le pouvoir des Dardenne, on connaissait surtout la puissance émotionnelle de leur film. Et à en croire la bande annonce, deux jours une nuit n’aurait pas du déroger à la règle.
Quelques minutes après le début du film on se prépare au pire. On se dit qu’on va, encore, y passer. Le vent frappe les volets, la maison s’ébranle, l’ouragan Belge peut arriver. Il faut dire que le sujet était sacrément pessimiste. Dans une usine, une mère de famille doit convaincre ses collègues de renoncer à leur prime annuelle pour lui permettre de garder son emploi. Une autre forme de koh lanta à dire vrai… Très vite on se met à la place de Sandra et on se demande si nous aussi on accepterait de perdre notre prime au profil d’une collègue. Là encore, la nature humaine est mise à mal quand on commence à comprendre que certains vont refuser…
Marion Cotillard campe parfaitement cette mère de famille dépressive et ses questionnements sur la mendicité qu’elle va être amenée à faire sont le véritable atout du film. Comme elle, on ne sait plus à quel saint se fier et ses angoisses nous arrivent directement en pleine tête.
Pour autant, une fois qu’on a compris le schéma du film les choses fonctionneront bizarrement beaucoup moins bien. “Bonjour c’est Sandra je voudrais savoir si tu accepterais que tu renonces à ta prime pour que moi je puisse garder mon travail. Je sais Jean- Luc il vous a fait peur mais c’est pas obligé de renvoyer quelqu’un” cette situation répétée une bonne dizaine de fois aura fini par nous agacer. Le misérabilisme utilisé par le réalisateur belge en devient gênant et on se dit vraiment qu’il ne fait pas bon de vivre en belgique…
Si on a la sensation d’écouter un disque en mode repeat c’est aussi parce qu’il n’y aura aucun événement extérieur capable de casser ce rythme bien installé. Bien sur, on aura des tentatives (à la limite du ridicule entre une collègue qui décide d’un coup de quitter son mari parce qu’ils font plus la terrasse et une sortie d’hôpital en mode je vais bien tout va bien) mais globalement on sortira engourdi par ce film.
Alors pourquoi une absence aussi sèche au palmarès cannois ? Déjà parce que vu le palmarès assez surprenant il n’y avait pas de place pour un grand favoris. Aussi parce que dans sa volonté d’originalité, le jury n’aurait pas pu donner un prix à un film aussi convenu et aussi facile. Les Dardenne sont chez eux, font un film comme ils savent le faire mais ne surprennent plus et ne vont pas assez loin pour que leur histoire marque à jamais nos esprits. Quant à Marion Cotillard en interprète féminine on doit avouer que le prix lui tendait la main. Oui mais pourquoi cette année ? Pourquoi pour ce film plutôt que pour De Rouille et d’Os ou The Immigrant ou la son ambition était récompensée ? Un prix envolé surprenant mais pas complètement insensé finalement. Et puis avouons qu’un prix attendu aurait fait tâche dans ce palmarès haut en couleur.
2 Comments
Je n’ai pas eu le même ressenti. Si je sentais le coup de la répétition venir dès le début, avec ces scènes en mode disques rayés, au pied des portes des collègues de Sandra, j’ai quand même été bouleversé.
Même si dans la forme, chaque scènes se ressemble, elles sont toutes différentes dans le fond. Chaque collègue va apporter de la force à Sandra qui se verra grandir au fil des rencontres. Et bonus, elle-même a un impact sur le comportement et les vies de ses collègues.
Ce qui se révélait à la base être une simple succession de scène répétitives, est en fait un combat où Sandra gravit les marches une par unes.
Le résultat n’est même plus ce qui importe, mais plutôt la manière dont elle s’est battue.
Je suis ressorti bouleversé…
Je n’ai pas eu le même ressenti. Si je sentais le coup de la répétition venir dès le début, avec ces scènes en mode disques rayés, au pied des portes des collègues de Sandra, j’ai quand même été bouleversé.
Même si dans la forme, chaque scènes se ressemble, elles sont toutes différentes dans le fond. Chaque collègue va apporter de la force à Sandra qui se verra grandir au fil des rencontres. Et bonus, elle-même a un impact sur le comportement et les vies de ses collègues.
Ce qui se révélait à la base être une simple succession de scène répétitives, est en fait un combat où Sandra gravit les marches une par unes.
Le résultat n’est même plus ce qui importe, mais plutôt la manière dont elle s’est battue.
Je suis ressorti bouleversé…