Après LOL, Lisa Azuelos est de retour avec une rencontre, une idylle pas si simple entre deux adultes consentants.
Elsa écrivain, et Pierre, avocat, se croisent lors de la soirée de clôture d’un salon du livre : un regard, un briquet qui change de mains, des rires un peu trop nerveux, le frémissement d’une histoire possible… Une rencontre ? Sauf que la vie de Pierre, c’est d’abord sa famille : ses enfants et Anne, sa femme depuis quinze ans, celle qui l’aimera toujours, et qu’il aimera toujours, en dépit de la routine et du temps qui passe, il le sait. Elsa, de son côté, se reconstruit peu à peu suite à un divorce compliqué, se partageant entre l’écriture, ses ados qui grandissent trop vite, ses amies et une histoire légère comme l’air avec Hugo, son jeune amant. Pour elle, l’homme marié est un tabou et même pire : une erreur. Pourtant… Dès le premier regard, la rencontre de Pierre et Elsa s’inscrit dans une temporalité différente, comme si présent et futur possible se dédoublaient, s’entrechoquaient… jusqu’à créer une réalité où tout serait possible.
La rencontre de l’année c’était peut-être eux. François Cluzet et Sophie Marceau réunit pour la première fois à l’écran dans un film qui avait tout pour nous plaire. Alors qu’on les adore séparément, on avait hâte de voir sur grand écran ce que pouvait donner ce mélange là. Et même si on s’attendait pas au “film romantique de l’année” on y avait quand même placé quelques espoirs.
Si l’histoire est assez classique (un homme marié rencontre une femme qui lui fait tourner la tête) son traitement va être des plus original. En entrant dans la salle on était loin de se douter que ces deux la allaient se tourner autour sans jamais s’abandonner l’un à l’autre. Dans ce genre de film, le schéma est souvent répétitif. Un homme marié n’est pas heureux en couple, il rencontre une femme belle et drôle qui apparaît comme une évidence au premier coup d’œil. L’homme divorce, se met avec la nouvelle et ensemble ils touchent au bonheur tant désiré. Générique de fin. Ici, ce n’est pas la même et c’est ce qui va rendre Une rencontre si intéressant. Jamais l’homme ne va céder à la tentation de la nouveauté tout simplement parce qu’il est papa et quoi qu’il en dise heureux en ménage. Bien sur la perspective d’une aventure le tente mais avant de se jeter à l’eau il doit poser le pour et le contre et se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. La réalisatrice ayant trouvé alors un nouvel angle d’attaque pour parler d’amour, de ces rencontres qui vous changent à vie et des choix qu’il est parfois plus sage de ne pas faire.
Sur ce plan là, Une rencontre assurera complètement ses ambitions et nous fera réfléchir sur notre propre vie. Une rencontre aurait alors à ce moment là pu être un excellent drame sentimental. Hélas la réalisatrice n’a pas oublié ses premiers amours et revient à la comédie adolescentes deès qu’elle le peut. Une rencontre pourrait être la suite logique de LOL. Sophie Marceau rempile en maman un peu cool fumeuse de joins qui a quand même quelque problème d’autorité pendant que les enfants enchaînent les clichés d’une génération qu’on n’a jamais connu. Et même s’ils ne sont pas l’intrigue principale du film, on a du mal à être indulgent devant cette volonté de s’inscrire dans une époque. Le film n’avait vraiment pas besoin de ça.
Quoi qu’il en soit on sera surtout gêné par la forme du film. Visuellement épuisant, la réalisatrice s’essaye à mille techniques de cadrage et de montage pour une mise en scène brouillon où aucun charme n’arrive à s’extirper. Maman regarde dans son armoire et pouf la voilà qui la traverse pour se retrouver en boîte de nuit. Maman danse et les angles s’entrechoquent. On coupe l’écran dès que possible, fait des sauts en avant en arrière et on utilise n’importe quoi pour connecter le film au XXIeme siècle… Le résultat est fatiguant quand il n’est pas complètement agaçant car vu et revu.
Enfin, venons-en au fait : la rencontre. Celle qu’on attendait tant et qui faisait titiller tous nos fantasmes adolescents. Celle qui nous aurait cloué le bec et nous laissait avouer qu’un couple de cinéma était né. Malheureusement, elle n’aura jamais lieu. D’abord parce qu’à force de ne plus savoir où est la réalité on s’impatiente et on perd l’essence même de la passion annoncée. Surtout parce qu’à l’écran le couple ne fonctionnera jamais. Si Sophie Marceau n’a jamais été aussi belle et séductrice, François Cluzet nagera dans son costume d’objet de tous les désirs. Un acteur plus “sexuel” aurait alors été plus approprié ne serait-ce que pour faire comprendre à l’écran l’alchimie physique qui s’opère entre Elsa et Pierre.
Intéressant dans le fond mais raté dans la forme, Une rencontre aurait fait l’effet d’une bombe déjà désamorcée. Dommage, avec un autre acteur et une réalisation plus sobre, on tenait quelque chose de vraiment intéressant.