Après Dog Pound en 2010, Kim Chapiron revient avec la Crème de la Crème ou une plongée en eaux troubles au coeur d’une jeunesse dorée désabusée.
540023Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d’une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique.
Alors que les lois du marché semblent s’appliquer jusqu’aux relations entre garçons et filles, ils vont transformer leur campus en lieu d’étude et d’expérimentation.
La crème de la crème de la jeunesse française s’amuse et profite pleinement de ses privilèges : tout se vend car tout s’achète… mais dans quelle limite ?

Commençant comme un film léger voulant montrer les dessous des grandes écoles de commerce, on se rendra compte très vite que le sujet ne sera pas là. Oui car derrière les fêtes démesurées mixées par Justice en personne, derrière les déconnades, l’alcool, le sexe et les chansons payardes se cache autre chose. Sous le polo qui détermine ou non ton degré de popularité on découvre une bande de jeune comme on en a rarement vu. Véritables salauds hyper attachants, ces trois mousquetaires vont nous mettre un coup alors que rien ne nous préparait à cela.

La crème de la crème ne sera pas ce film qui dénonce la vie des étudiants dans les grandes écoles, il sera plus le témoignage d’une jeunesse complètement désillusionnée et perdue  à la recherche du grand frisson. En un argument commercial qui fait office de monologue, Kelly enverra dans l’arène ses peurs et ses angoisses. Pour elle tout est déjà écrit. Les amours, le destin, la vie quoi. Un seul moyen de s’en sortir casser les codes. Jouer avec les aprioris avec les certitudes que l’on croyait acquises pour donner un nouveau départ. Pour Louis le constat est le même, il sait que s’il continue sur sa lancée il aura probablement une femme et de beaux enfants, un coupé cabriolé et un epagnol anglais… Une vérité qu’ils se refusent l’un et l’autre. Agacés d’être mis dans des cases, de subir une vie qu’ils n’ont jamais choisi, ils vont alors être amenés à lancer un immense réseau de prostitution pour offrir à tous les même chances dans la vie.

Impossible de rire alors devant le mal-être qui s’installe à l’écran. On se désole entre une chambre d’étudiant remplie de gadget hors de prix ou de chaussures qu’on achète en triple sans regarder le prix… On commence à déchanter quand on entend le père de Dave annoncer qu’obtenir la légion d’honneur l’indiffère totalement.  Quand l’argent a tout acheté que reste-t-il ? L’amour ? Encore faut-il le reconnaître quand il apparaît… L’amitié ? Assurément ! A l’écran le club des amateurs de cigares fait mouche tant la complicité transparaît à chaque plan. D’ailleurs il est l’heure d’applaudir à deux mains les trois jeunes comédiens qui marquent un grand coup grâce à Kim Chapiron.

Le film ne tombera jamais dans le glauque ou le morbide alors que la limite était fine. Pour autant le réalisateur s’armera de quelques scènes complètement hallucinantes qui nous colleront la chair de poule. Entendre Dan prononcer en réponse à sa partenaire de slow un “serait-ce possible alors” sur Quelqu’un qui m’a dit résumera bien la pensée du film. Comment savoir où le jeu s’arrête ? Comment retrouver la sincérité quand on a acheté les sentiments de chacun. Une scène finale inattendue sur l’amour et la violence de Tellier n’aura jamais sonné aussi juste…

Difficile alors d’expliquer réellement ce qui nous a tant plu dans la salle et pourquoi des mots et des images n’arrivent plus à nous quitter. Peur-être parce que même si on a pas fait HEC on se reconnaît dans ce portrait de jeunesse désorientée qui a peur de grandir…Peut être parce que la bande annonce ne nous avait pas préparé à une telle claque… Un seul conseil à vous donner : donnez lui sa chance vous ne serez pas déçu !

 

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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