Sept ans après Les Poupées Russes, Cédric Klapisch retrouve son alter-égo Xavier pour une escapade cette fois-ci New-Yorkaise. La génération Auberge Espagnole sera-t-elle séduite par ces retrouvailles tant attendues ?

Xavier a maintenant 40 ans. On le retrouve avec Wendy, Isabelle et Martine quinze ans après L’Auberge Espagnole et dix ans après Les Poupées russes.

La vie de Xavier ne s’est pas forcément rangée et tout semble même devenir de plus en plus compliqué. Désormais père de deux enfants, son virus du voyage l’entraîne cette fois à New York, au beau milieu de Chinatown. Dans un joyeux bordel, Xavier u cherche sa place en tant que fils, en tant que père… en tant qu’homme en fait ! Séparation. Famille recomposée. Homoparentalité. Immigration. Travail clandestin. Mondialisation. La vie de Xavier tient résolument du casse-tête chinois ! Cette vie à l’instar de New York et de l’époque actuelle, à défaut d’être cohérente et calme vient en tout cas nourrir sa plume d’écrivain…

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il nous faut je crois expliquer pourquoi ce film était aussi attendu. Remontons un peu le temps et arrêtons-nous en 2002 ou plutôt en 2003. J’ai 16 ans quand je commence à m’intéresser vraiment au cinéma. J’ai 16 ans quand je fais la connaissance de Xavier sur mon écran d’ordinateur et déjà des envies de voyages et d’écritures germent en moi. C’est avec ce film que je sors de mon tiroir un calepin ou j’écris les répliques qui me semblent sonner comme une évidence. Comme si j’avais pu les écrire. Très vite, l’expression “Je suis un vrai bordel” ne me quitte plus et je m’imagine “étranger parmi les étrangers” dans les rues de ma ville. Je dois être typique… Un peu plus tard, les Poupées Russes me mettra KO. Xavier c’est un peu moi et son incapacité à s’adapter à la “vie normale” me bouleverse à jamais. Comme lui je pense que les contes de fées nous ont manipulés et conditionnés, comme lui je ne comprends pas pourquoi l’amour doit toujours être source d’un tel bordel et comme lui mille questions existentielles (ou pas) m’occupent l’esprit en permanence. Depuis, je cherche Oxford Street dès que je vais à Londres et ne vois rien d’autre à ajouter quand ça ne va pas qu’un petit “En Vrac”… Bref, Xavier et moi c’est une longue histoire !

Casse-tête_Chinois_1

Alors quand j’apprends que Klapisch attaque le tournage de ce troisième volet, mon excitation grimpe d’un cran. Et puis quoi de mieux que New-York, la ville de tous les possibles, pour fêter ce grand retour ?

Et dès les premières secondes les retrouvailles sont à la hauteur des espérances. Xavier a vieilli (on dira pas grandi…) s’est marié à Wendy, a eu deux enfants et est devenu écrivain. Oui mais… Xavier restant Xavier, il a foutu un sacré bordel dans sa vie en acceptant de donner son sperme à Isabelle pour qu’elle devienne enfin maman ! Résultat des courses, Wendy se barre à NYC avec les enfants, demande le divorce et impose sans le vouloir à Xavier de reprendre ses voyages. Première petite déception de mon côté, moi qui rêvais de découvrir Wendy & Xavier en couple et posés. Mais bon, on s’imaginait bien que la vie e Xavier ne pouvait pas être si simple.

Nous voilà donc à New-York et un plaisir immense de retrouver Xavier et son petit cercle (Isabelle, Wendy et Martine) est bien là. Si les personnages ont évolué, l’esprit et la malice des précédents volets sont vite retrouvés. On est alors heureux de retrouver ces personnages hauts en couleur qui nous ont manqué et qui ont comme nous grandi, un peu… Si les problèmes de routine et d’adaptation de Xavier sont présents ici (ses galères sont toujours aussi plaisantes à suivre), on s’intéressera beaucoup plus au fond plus grave du film. Cédric Klapisch nous parlera ainsi de paternité, de lutte pour les droits du père et sa façon de filmer les relations parents-enfants rendra le film vraiment émouvant.

Casse-tête_Chinois_2

Si on suit avec beaucoup de plaisir les tribulations de notre parisien préféré en plein Chinatown, on aura été finalement assez déçu par la tournure un peu trop légère que prennent les choses. Et oui, là où Les Poupées Russes nous avaient collés des frissons, Casse-tête chinois se contentera de nous faire rire ou sourire. Rien de déplaisant ici, bien au contraire, mais souvent on regrette vraiment l’absence d’enjeux dramatiques. Peut-être est-ce Xavier qui prend de l’âge et qui perd un peu ses rêves d’enfants, peut-être est-ce nous qui avons grandi, que sais-je, mais il manque ici un petit supplément d’âme capable de vraiment nous soulever le coeur. On a alors un peu trop l’impression d’assister à un déferlement de petites péripéties dans un festival de blagues pas toujours très subtiles. Klapisch nous ayant alors habitué à bien mieux…

Casse-tête chinois devient alors un peu agaçant notamment à cause du potentiel qu’on y trouvait derrière. Le meilleur exemple étant le personnage d’Isabelle qu’on découvre au début du film presque bouleversant quand on apprend qu’elle veut être mère et qui sombre à la minute suivante dans la caricature de la lesbienne nympho. Bizarre aussi de retrouver Martine en femme libérée qui balance des “Mets-là moi bien profond” en plein ébat… Difficile alors d’apprécier pleinement Casse-tête chinois tant il va de facilité en facilité et tant on a l’impression qu’il est calibré pour faire rire.

Casse-tête_Chinois_3

Sans jeter une pierre à Cédric Klapisch on sortira de là un peu surpris et un peu agacé (la fin n’ayant clairement pas aidé). On aurait aimé plus de légèreté et des instants en apesanteur comme on en avait connu jusqu’alors. Pour autant, Casse-tête chinois reste plaisant et on espère pourquoi pas retrouver Xavier prochainement.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

4 Comments

  1. Thomas PERILLON Reply

    Je te cite, là où j’approuve beaucoup beaucoup :

    “Première petite déception de mon côté, moi qui rêvais de découvrir Wendy & Xavier en couple et posés.”

    “On aura été finalement assez déçu par la tournure un peu trop légère que prennent les choses. Et oui, là où Les Poupées Russes nous avaient collés des frissons, Casse-tête chinois se contentera de nous faire rire ou sourire.” -> juste sourire.

    “souvent on regrette vraiment l’absence d’enjeux dramatiques.”

    “On a alors un peu trop l’impression d’assister à un déferlement de petites péripéties dans un festival de blagues pas toujours très subtiles.”

    “Bizarre aussi de retrouver Martine en femme libérée qui balance des « Mets-là moi bien profond » en plein ébat… Difficile alors d’apprécier pleinement Casse-tête chinois tant il va de facilité en facilité et tant on a l’impression qu’il est calibré pour faire rire.”

    —-> Au final, on a le même ressenti sauf que je n’ai pas envie d’être indulgent quand on voit la qualité des deux précédents et l’attachement qu’il avait su faire naître dans LPR. Je suis fâché.

    http://www.lebleudumiroir.fr/?p=7079

  2. Thomas PERILLON Reply

    Je te cite, là où j’approuve beaucoup beaucoup :

    “Première petite déception de mon côté, moi qui rêvais de découvrir Wendy & Xavier en couple et posés.”

    “On aura été finalement assez déçu par la tournure un peu trop légère que prennent les choses. Et oui, là où Les Poupées Russes nous avaient collés des frissons, Casse-tête chinois se contentera de nous faire rire ou sourire.” -> juste sourire.

    “souvent on regrette vraiment l’absence d’enjeux dramatiques.”

    “On a alors un peu trop l’impression d’assister à un déferlement de petites péripéties dans un festival de blagues pas toujours très subtiles.”

    “Bizarre aussi de retrouver Martine en femme libérée qui balance des « Mets-là moi bien profond » en plein ébat… Difficile alors d’apprécier pleinement Casse-tête chinois tant il va de facilité en facilité et tant on a l’impression qu’il est calibré pour faire rire.”

    —-> Au final, on a le même ressenti sauf que je n’ai pas envie d’être indulgent quand on voit la qualité des deux précédents et l’attachement qu’il avait su faire naître dans LPR. Je suis fâché.

    http://www.lebleudumiroir.fr/?p=7079

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