Annoncé déjà comme LE film de 2013, Gravity sort aujourd’hui sur nos écrans. 2MuchPoney l’a vu et va tenter de vous expliquer pourquoi le nouveau film d’Alfonso Cuarón n’est pas la claque annoncée.

Pour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemment d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l’univers. Le silence assourdissant autour d’eux leur indique qu’ils ont perdu tout contact avec la Terre – et la moindre chance d’être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d’autant plus qu’à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d’oxygène qu’il leur reste.

Mais c’est peut-être en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de l’espace qu’ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre…

A moins de vivre dans une grotte, vous n’avez pas pu passer à côté de l’engouement collectif autour de ce film. Si la presse d’un côté crie au chef-d’oeuvre, le box-office outre-atlantique n’en finit plus de s’affoler et pour cause 170 millions de dollars de recettes ont été réalisées en trois semaines seulement. Le film de Cuaron semble bien parti pour ne plus toucher Terre ! Pourtant, alors que film débarque seulement sur nos écrans, on se demande si toute cette folie n’était pas un peu démesurée… Et si Gravity n’était pas le chef-d’oeuvre tant clamé ?

Gravity_1

Faire un film en 2013 dans l’espace centré uniquement sur deux protagonistes, c’est le défi que s’est lancé Cuaron. Le réalisateur que l’on connait pour Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban ou plus récemment pour Le Fils de l’homme, a imaginé ce film complètement fou qu’il a mis des années à finaliser. Et quand on voit le résultat, on se dit qu’effectivement, le réalisateur mexicain a bien eu raison de passer plus de quatre ans sur ce projet ! Visuellement et esthétiquement on se prend une sacrée claque et on est ébahit devant tant de virtuosité technique. Même Avatar ne nous avait pas fait cet effet là ! D’ailleurs puisqu’on aime les comparer, il faut avouer qu’ici la 3D est un atout majeur du film qui permet une immersion totale dans l’espace.

Malheureusement une virtuosité technique ne faisant pas tout, on sera quand même resté très en retenu pendant toute la durée du film. Déjà, parce qu’il semblerait que Cuaron a tout misé là dessus et oublie en sens tout l’aspect émotionnel du film. Projeté directement dans l’espace, on a ni le temps (ni finalement l’envie) d’apprécier ces personnages que l’on ne connait ni d’Adam ni d’Eve. Elle, esclave de son travail et complètement perdue en apesanteur pour sa première mission, lui sorte de Barney Stinson à l’aise comme un poisson dans l’air enchaînant les blagues et anormalement détendu face à la dangerosité de l’opération. Voilà pour les définir. Autour d’eux. Rien. Le vide. Une absence intersidérale de psychologie que Cuaron cherche à combler ici et là en balançant deux-trois histoires tire larmes qui tombent comme un cheveu sur la soupe et qui agacent plus que de raison. Difficile alors de s’attacher, de ressentir la moindre empathie ou affection pour ces deux cosmonautes dont les questions de vie ou de mort nous indiffèrent totalement. Bizarre pour un film qui se voulait métaphysique et quelque part une réflexion sur le désir de vivre et le sens de la vie en général.

Déjà, l’ennuie nous guette. Comme on pouvait s’y attendre, 1h30 où deux survivants se baladent d’une station spatiale à une autre (Amusant de voir comme les stations spatiales sont proches les unes des autres dans l’immensité de l’espace…) c’est terriblement long. D’autant plus lorsque pas une seule fois on redoute le pire. Aucun suspens quant à l’issue, aucune tension que quelque chose se passe mal (encore plus mal quoi), là encore le néant. On suit alors inexorablement les “péripéties” qui arrivent. Une station qui implose, une pluie de météorite, un incendie… Une succession d’incidents qui se répète comme si Cuaron avait voulu en mettre plein les yeux oubliant toute raison à cela. Là encore on restera bien sur notre faim et des images d’un film complètement tourné en studio ne quitteront jamais notre esprit.

On nous avait aussi vendu les prestations des deux acteurs comme exceptionnelles et inoubliables. Là encore, il faudra repasser. Si Sandra Bullock est assez convaincante (et drôlement bien foutue en short débardeur) on s’interroge un peu quant à une possible nomination aux Oscars, certains la préférant même à Cate Blanchett dans Blue Jasmine… Le gros problème du casting c’est bel et bien George Clooney dans la peau de ce pitre dont la nonchalance nous titille un petit peu jusqu’à carrément nous agacer. A tout moment on s’attend à le voir arriver une tasse à la main balancer un petit “What Else” face caméra…

Visuellement époustouflant, Gravity oublie quelque part entre Mars et Saturne toute notion d’émotion. Un film aussi froid que la température ressentie dans l’espace qui nous aura bien malheureusement laissé sur Terre.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

2 Comments

  1. Thomas PERILLON Reply

    Je me retrouve complètement dans cette critique, beaucoup moins enthousiaste qu’une majeure partie de la presse et de la blogosphère.

  2. Thomas PERILLON Reply

    Je me retrouve complètement dans cette critique, beaucoup moins enthousiaste qu’une majeure partie de la presse et de la blogosphère.

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