A l’occasion d’une 39ème Festival Américain de Deauville, on a eu la chance de rencontrer Laurence Arné. Membre du jury de la Révélation Cartier, cette Working Girl nous a accordé quelques minutes histoire de parler de sa carrière, ses projets mais surtout de son rapport au cinéma.
Première question qui nous vient à l’esprit, comment fait-on pour devenir membre du jury de la Révélation Fondation Cartier du festival de Deauville ?
Laurence : Je ne sais pas (rire). Non, tout simplement, c’est mon agent qui me l’a proposé. Je suppose que l’organisation du Festival doit apprécier mon parcours. Je ne sais pas trop en fait mais je suis surtout contente et flattée. C’est la première fois queje fais partie d’un jury et Deauville est un très beau festival donc aucune raison de refuser !
Et justement, c’est quoi la journée type d’un membre du jury ?
Laurence : Première projo à 11h puis déjeuner tous ensemble suivi d’une deuxième projo. Après, souvent, on se prépare pour des interviews ou pour le tapis rouge et puis troisième projo le soir hors-compétition. J’essaye d’aller à tous les films même ceux qui ne sont pas en compétition.
Elle est sympa Valérie Donzelli en vrai ?
Laurence : Très sympa. Non mais vraiment. C’est marrant car on se connaissait pas du tout avant le Festival. Alors au début, on était tous un peu timides mais vous savez les soirées ça rapproche ! Mais au delà de ça c’est très enrichissant d’échanger avec eux autour des films, de se découvrir et surtout de partager cette expérience tous ensemble.
Vous avez du coup des relations avec l’autre jury, celui présidé par Vincent Lindon ?
Laurence : Évidemment, on se croise continuellement mais on ne se parle pas beaucoup pour préserver l’indépendance des deux jurys. On va se croiser à l’hôtel, on se dit bonjour, mais on ne mange pas avec eux pour ne pas s’influencer mutuellement. Je crois que c’est important pour rester complètement objectif et avoir deux palmarès à part entière. Deux coups de cœur qu’on aura choisi chacun de son côté et si c’est le même c’est que le film a fait vraiment l’unanimité ! Après j’avoue que c’est un peu frustrant d’être entouré d’autant de talents et de ne pas avoir l’opportunité d’échanger avec eux…
Quel est votre sentiment général vis à vis de la sélection qui est, on peut le dire, assez sombre cette année ?
Laurence : C’est pas parce que je viens de la comédie qu’il faut se cantonner aux films drôles et légers. Moi j’aime tous les genres et pas seulement les films comiques. Bien au contraire. Et puis quand un film est bon, quel qu’il soit, qu’il parvient à nous emporter, le résultat est là. Il n’y a rien de plus intéressant que de se laisser porter par des histoires, de s’oublier au profit d’un film. D’ailleurs, en Festival, quand on enchaine les films comme ça, on se rend vite compte qu’en dehors des projections on est un peu orphelin, on ne sait pas vraiment quoi faire, tant on a l’habitude de vivre pour et à travers les films.
D’ailleurs on remarque que Deauville devient de plus en plus indé et ne met plus tellement en lumière les grosses productions américaines, quel est votre sentiment vis à vis de ça ?
Laurence : Moi je suis ravie de cette évolution. On a pas forcément l’habitude de voir des petits films, faits avec peu de moyens. Qu’on puisse les présenter dans le cadre d’un Festival c’est vraiment une belle opportunité pour les réalisateurs autant que pour les spectateurs. J’adore me faire surprendre par des histoires et je dois avouer que le ciné indé US me touche beaucoup. J’ai vu récemment Garden State et Le Monde de Charlie qui sont de vraies pépites et je dois dire que de voir ici à Deauville autant de jeunes réalisateurs et de films indépendants m’excite carrément !
Qu’est ce que ça vous fait de passer de l’autre côté de la barrière ? De passer d’actrice à juré ?
Laurence : C’est une expérience formidable et tellement enrichissante. D’autant plus parce que je suis actuellement en train d’écrire un film. J’écoute, j’apprends. Je me nourris des arguments de chacun et essaye ainsi de comprendre ce qui fait qu’un film est bon ou mauvais. À force de visionner des films, on comprend pourquoi des histoires nous touchent plus que d’autres, pourquoi certains films fonctionnent. Quand je reprendrais l’écriture, je penserais à tout ça et je pourrais sans doute doser plus facilement. C’est mieux qu’une école en fait !
Parce qu’on est à Deauville et qu’on fête le cinéma américain, quel a été votre premier souvenir de cinéma ?
Laurence : Je ne viens pas d’une famille de cinéphiles alors comme tout le monde je regardais des films très grand public mais qui me touchaient quand même réellement. Danse avec les loups m’a beaucoup marqué. My Girl m’a fait pleurer plus d’une fois. Plus grande c’est Titanic qui m’a fascinée puis Walk The Line. Aujourd’hui, il est difficile de replonger dans le passé vu le nombre de films qui sortent chaque année et qui me plaisent. Wes Anderson est sans doute le réalisateur qui me parle le plus aujourd’hui. J’adore son univers barré et coloré, sa façon de mêler la comédie et le drame. C’est une de mes références actuelles avec Aronofsky ou Milos Forman.
Puisque vous mentionnez Wes Anderson, vous vous sentez du coup plus proche de son cinéma que des grosses comédies américaines ?
Laurence : J’aime vraiment tous les cinémas. J’adore Wes Anderson mais Mes Meilleures Amies m’a fait mourir de rire. J’aime penser que les films, bien que très différents les uns des autres, m’apportent tous quelque chose. En France aussi d’ailleurs, on fait de très bonnes comédies mais il nous manque des Yves Robert ou des Bertrand Blier à l’écriture !
On parle beaucoup de la comédie française ces temps-ci qui est beaucoup critiquée mais ne trouvez-vous pas qu’on assiste à un renouveau avec cette nouvelle génération d’acteurs dont vous faites partie ?
Laurence : Il y a quelques films qui sortent et qui se dégagent du lot bien sur comme 20 ans d’écart mais je crois que ce qui caractérise surtout notre génération c’est l’envie d’écrire. Écrire des choses qu’on ne retrouve plus dans les scénarios que l’on reçoit. C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai décidé de passer à l’écriture.
Comme vous, il y a beaucoup de filles qui passent des planches au cinéma, de la télé au one woman show avec beaucoup d’aisance, vous avez un domaine de prédilection ?
Laurence : Quand on a plusieurs cordes à son arc il faut en profiter. Ainsi on n’est jamais en attente et on peut pratiquement tout faire selon ses envies. J’adore la scène, avoir en direct les réactions d’un public est absolument magique mais refaire un one-woman show me parait compliqué bien que très stimulant. Dans le cinéma, j’adore me mettre dans la peau d’un personnage pendant plusieurs mois, de me laisser porter par mes émotions et surtout prendre le temps. Et puis, le cinéma, c’est aussi la chance de travailler avec d’autres acteurs et au delà de ça, de travailler avec une équipe, de ne pas avoir toutes les responsabilités sur ses épaules et pouvoir s’appuyer sur un tas de professionnels compétents. J’ai adoré travailler avec Delphine de Vigan parce que je ne devais me concentrer que sur mon personnage. Moi qui ai souvent fait des seconds rôles, je faisais désormais partie d’un grand projet.
Quels sont vos projets ?
Laurence : La saison 2 de Working Girls d’abord. J’écris aussi un film et prépare une pièce de théâtre. Je me mets aussi au hollandais ! L’essentiel est de continuer à me stimuler avec plein de choses et de continuer à grandir. Je me donne les moyens pour réussir et si ça peut me mener loin, voir de l’autre côté de l’Atlantique, je serais la plus heureuse.
Propos recueillis par AL, Anais et Marine au Festival Américain de Deauville.