Quatre ans après La Merditude des choses, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Felix Van Groeningen revient avec un quatrième long-métrage. Une histoire d’amour et de famille dramatique sur fond de musique Country, vous en reviez ? Groeningen l’a fait ! Attention, prêt, pleurez !

Alabama_Monroe_1Didier et Élise vivent une histoire d’amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle…

Derrière cette affiche qui n’en dit finalement pas beaucoup et ce synopsis assez classique, difficile d’imaginer ce qui s’y cachait. Pourtant une presse unanime et des retours plus que positifs ici et là avaient placé Alabama Monroe parmi nos grosses attentes de l’année.

Débuté comme une love story romanesque et terriblement sexy, Alabama Monroe commence de la plus belle des manières. On se laisse porter par l’histoire, on a le sourire aux lèvres et on se dit que cet Alabama Monroe risque fort de nous plaire. Déjà les jolis morceaux de The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band nous collent à la peau. Puis le film quitte la route dans laquelle il s’était bien engagé pour nous parler de Maybelle. La petite fille, symbole de l’amour fulgurant et passionnel entre Didier et Elise, va nous enlever le sourire. Et oui, comme Valérie Donzelli, Felix Van Groeningen va déclarer la guerre à la maladie. Nous qui pensions assister à une love story country et décalée nous retrouvons devant un drame familial à peine soutenable. Il faut dire que quand on s’attaque au cancer qui touche les plus petits, difficile de rester de marbre…

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Pourtant le réalisateur ne se perd pas dans un pathos qui aurait été bien insupportable mais va tout en finesse avancer et développer son histoire. Ici, rien n’est tout noir ou tout blanc. On nage constamment entre le profondément tragique et la lumière. Felix Van Groeningen ayant un vrai talent pour cela. Aidé par une mise en scène en état de grâce peuplée de flashback, le réalisateur, choisit de raconter la vie autant que la mort, l’amour autant que la haine dans un tourbillon d’émotions qui vous emprisonne. Difficile alors de ne pas sentir sa gorge se serrer et de retenir ses larmes. Alabama Monroe est sans aucun doute le film le plus bouleversant de l’année !

Par la multitude des thèmes abordés et leur traitement, Alabama Monroe est un film profondément à part. Décalé bien sur mais plus poétique que La Merditude des choses, on en aura pris plein les yeux. Si on est d’abord happé par cette musique diaboliquement efficace et entrainante, ce sont nos yeux qui ne vont plus quitter l’écran. Le corps d’Elise étant devenu le principal outil de communication du réalisateur. Plus besoin de paroles, il nous faut regarder l’évolution des tatouages de la belle blonde. Jamais un corps ne nous avait paru aussi beau et aussi parlant. Jamais on aura eu autant envie d’écrire nous aussi notre histoire sur notre peau.

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Difficile alors de parler du film sans vous trahir l’histoire ou spoiler. On a qu’un conseil à vous donner : courrez-y, il se pourrait bien que cet Alabama Monroe fasse battre votre coeur plus grand et vous ensorcèle jusqu’à vous relâcher, vidé.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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