Marketé comme un High School Musical puis annoncé comme un Kaboom feat Les lois de l’attraction avec des guns en plus, on n’avait plus aucune idée de ce que finalement serait ce Spring Breakers. Pour le savoir on aura posé nos valises en Floride histoire de voir ce qui se cachait sous les bikinis.
Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…
Respectant la volonté de Harmony Korine, on a abandonné toute idée d’analyse du film avant de l’avoir vu et on a gardé l’esprit ouvert, de toute manière le film que nous allions voir ne serait pas celui que nous nous étions imaginé.
Si à 25 ans on n’a pas été choqué, on peut comprendre que les fangirls de Seléna Gomez et sa clique ont pu avoir des sueurs froides face à ce changement de cap plutot brutal dans la flimographie de leurs idoles. Il ne faudra pas attendre trop longtemps pour comprendre le ton de ce Spring Breakers : morceau de Skrillex à fond pendant que des jeunes adultes à moitié nus sur une plage s’adonne à leur passion : la défonce. On voit des seins, des bikinis moulants, des simulations de fellations, des jeux de langues, des plans sous la ceinture, bref plutôt osée comme ouverture. Quand les héroïnes Disney apparaissent l’ambiance est la même : quand elles ne dessinent pas des bites sur leur cahier, elles se défoncent gentiment dans les toilettes de leur dortoir minable. Et même si on est loin des paillettes d’un High School Musical on se dit ouai cool et alors ? Et après ?
Après ce sera une longue descente aux enfers qu’ Harmony Korine décide d’exploiter avec la plus grande intelligence. D’abord fun et assez léger, Spring Breakers changera de cap aussi brutalement que subtilement. Derrière ses faux airs de Projet X en mode BFF, Spring Breakers se révèlera d’une noirceur qu’on n’aurait pu prévoir. Derrière les bikinis, les scooters colorés et les fêtes survoltés, on commence à comprendre qu’il se cache quelque chose. Que derrière leur apparence se cachent bien plus qu’un trip en vacances entre copines pour tuer le temps entre deux semestres. Le fun qu’on avait perçu au début du film se transformant petit à petit en ambiance glauque et malsaine malgré le soleil brulant de la Floride. Dès lors qu’on commence à comprendre la tournure des choses on redoute le pire à chaque instant tant on sait que tout peut déraper d’une minute à l’autre. Quelque part passager clandestin d’un voyage non désiré, on se sent embarqué malgré nous dans cette histoire qui ne peut que mal finir. On voudrait partir, quitter cet hotel et cette fête pour reprendre le bus nous ramenant à la maison et on voudrait hurler aux filles de nous suivre …
Si Spring Breakers paraît si superficiel par moment ce n’est que pour illustrer la grande comédie qu’est la vie. Parties pour explorer leur vraie personnalité, Candy, Faith, Brit et Cotty vont se perdre en chemin ou bien alors se révéler ? Spring Breakers est une histoire de masques et de faux semblant dans laquelle chacun récite le texte qu’il s’est choisi. Qui sont vraiment ces quatre filles là ? Et qui est finalement ce gangster au cœur tendre (James Franco qui mériterait un Oscar pour son contre emploi mené d’une main de maître) , un vrai méchant ou un petit branleur ? Qui sont-ils réellement et quels sont les liens qui les unissent finalement ? Sont-ils aussi libres qu’ils n’y paraissent ? Des questions auxquelles chacun pourra donner de son interprétation mais qui risqueront de vous faire refaire le film une dizaine de fois dans votre tête avant d’y voir tout à fait clair.
Baigné d’une grande mélancholie, Spring Breakers surprendra par son portrait d’une jeunesse désabusée, nostalgique d’une vie qu’elle n’a jamais vécue. Plus qu’un simple plaidoyer sur la fête et le sex, il y a dans Spring Breakers de véritables drames humains dont on se défait très difficilement. La fragilité des êtres rencontrés nous transperçant le cœur dès qu’elle apparaît au grand jour. La grande désespérance de chacun des personnages habitera le film de la première à la dernière minute. Et quand autour d’un piano on entend Everytime de Britney Spears, tout s’éclaire enfin. Spring Breakers c’est une histoire d’anges à qui ont coupé les ailes. Quelque part on a l’impression d’assister aux dernières vacances des sœurs Lisbon avant leur Virgin Suicide …
Spring Breakers n’aurait sans doute pas été le même sans le travail impressionnant d’Harmony Korine derrière la caméra. A l’esthétisme léché, Spring Breakers voit dans sa mise en scène la sublimation de ses propos. Des images qui marquent, une musique qui s’installe en nous, Harmony Korine est un magicien qui enchaine les tours d’illusionnistes avec une facilité déconcertante. Par la grâce d’un montage hallucinogène, Harmony Korine nous livre un sidérant conte bien sombre dans lequel le bien et le mal, le rap violent et la pop guimauve, le fantasme MTV et le cauchemar sous acides, s’entremêlent continuellement pour entrer en résonance. On est alors fasciné, incapable de détourner notre regard de ce trip hypnotique et on se dit déjà que ce Spring Breakers hantera longtemps nos esprits.
Côté DVD on aura pas été déçu par la qualité technique de celui-ci. Les plans sombres et la BO électrisante exigeaient la perfection. C’est chose faite ici puisqu’on retrouve, même sur l’édition DVD, les couleurs explosent donnant ainsi toute la profondeur du film. Il en sera de même pour la piste sonore (testée en 5.1) qui traduit parfaitement l’ambiance du film en ayant de très beaux contrastes. On reprend alors la même claque visuelle et sonore qu’au cinéma !
Petite déception par contre côté bonus puisque seul un making-off de 3 minutes est présent… Dommage vraiment sinon l’édition DVD aurait été un Must Have absolu.
Sous ses allures de Projet X au soleil, Spring Breakers nous rappellera bien plus Sofia Coppola qu’American Pie et nous séduira en ce sens. A la fin du film on ne sait plus bien si on en veut encore ou si on a juste envie de se blottir sous notre couette et d’appeler maman. Une claque qu’on n’attendait pas dans une édition DVD techniquement parfaite.
Spring Breakers est édité par TF1 Vidéo et disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 10 Juillet.
1 Comment
J’ai entendu deux/trois personnes critiquer ce film, et ce qu’il en ressortait c’est que c’était un film un peu “bidon”, “ennuyant”. Mais après avoir lu ta critique, je suis encore plus tentée de le voir pour m’en faire mon propre avis. :)