Après Belle Epine en 2010, Rebecca Zlotowski revient avec Grand Central. Un film sur l’amour au temps des centrales nucléaires et des travailleurs nomades qui met en lumière Léa Seydoux et Tahar Rahim.

De petits boulots en petits boulots, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole, la femme de Toni. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

Il y a des films comme ça, qui vous fascinent avant même de les avoir vus. Pourtant, à Cannes, personne ne pouvait dire si le nouveau Zlotowski était une réussite ou un échec. Difficile alors d’expliquer cette attente autour de ce Grand Central. Peut-être est-ce pour le sujet, l’affiche qui électrise et sonne déjà comme un avertissement ou alors parce que depuis La Vie D’Adèle on arrive plus trop à se défaire du visage de Léa Seydoux… Quoi qu’il en soit, on aura attendu Cabourg pour le voir enfin et vérifier, ou pas, si ce sentiment était justifié.

Dès les premières minutes on sent qu’il se passe quelque chose de grand. Plongé très vite dans l’ambiance oppressant des centrales nucléaires on fait la connaissance de Gary. L’univers de Zlotwoski est sombre son personnage bancal. Gary c’est celui qui n’arrive pas à se poser, n’arrive pas à garder un boulot et qui, de petits trafics en petits trafics, arrive tant bien que mal à s’en sortir. Las de cette vie, il va trouver un boulot dans une centrale nucléaire. Une fois qu’il passe les controles de sécurité, on sait qu’on est un peu pris au piège et que les conséquences seront lourdes.

Oui car toute la force de ce Grand Central passera par cette centrale. Déjà, parce que jamais on avait vu un film sur les travailleurs des centrales nucléaires et qu’en 2013 tout ceci nous échappe beaucoup. Aussi parce que voir des jeunes gens se flinguer la santé et les voir utilisés de la sorte nous aura quelque peu pris au ventre et seré le coeur. La réalisatrice parvenant parfaitement à montrer la peur qui habite ces travailleurs qui savent que tout peut basculer d’une seconde à l’autre. On a alors l’impression que comme eux, on subit nous aussi les radiations et que minute après minute notre santé se dégrade.

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A côté de cette intrigue, Grand Central parlera aussi d’amour et de quel amour ! Une seule apparition et Karole nous met à genoux. Quand Gary demande ce que c’est “la dose” elle répond par un baiser qui emporte tout sur son passage. La peur, la vue brouillée, la tête qui tourne, les jambes qui tremblent, voilà ce que ressentira Gary au coeur du réacteur ou dans les bras de Karole. Héros romantique comme on en voit plus, Gary incarne celui qui pourrait tout sacrifier, tout risquer par amour. Ayant moins peur des radiations que de devoir s’éloigner de sa douce et acceptant qu’elle soit dans les bras d’un autre, on comprend vite que la catastrophe n’est pas loin. On passe alors tout le film à se demander quand est-ce que cet équilibre instable va rompre et surtout ce qui va lacher en premier : l’amour ou la santé.

Au delà de son fond absolument saisissant, Grand Central se distinguera par sa forme. Les images sont hypnotisantes et la mise en scène frolle le sublime entre ces scènes dans la centrale où le blanc et le bleu se mélangent en permanence et les scènes dans la campagne environnante. On retient alors notre souffle quand les cuisses de Gary et Karole se frôlent à l’arrière d’une voiture ou quand, alors qu’on ne s’y attendait pas, un mariage est célébré au coeur du campement. La musique de Rob accompagnant parfaitement et accentuant un peu plus ce sentiment d’oppressement.

Côté casting il y a absolument rien à redire. Tahar Rahim est encore une fois très juste dans la peau du héros romantique et le couple qu’il forme avec Léa Seydoux est une évidence. Elle, même sans ses cheveux, et en body-short en jean pendant tout le film, nous aura donné notre dose. La réalisatrice prouve alors qu’elle est excelle en direction d’acteurs puisque les premiers comme seconds rôles sont tous excellents.

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Vous l’aurez compris, Grand Central est une petite merveille. Un diamant brut qui devrait vous serrer le coeur au rythme des alarmes de la centrale. On reprendrait bien une dose, pas vous ?

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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