Pour son deuxième film derrière la caméra, le surdoué Roman Coppola, décide de nous parler d’amour et surtout de rupture amoureuse. Un film pop aux influences 70′ ambitieux et coloré qui aborde pourtant un thème sombre et douloureux. Chronique d’un petit ovni.

Graphiste réputé de Los Angeles, Charles Swan est un séducteur excentrique à qui tout a toujours souri. Mais quand son grand amour Ivana, lassé de ses frasques d’homme à femmes, met brutalement fin à leur relation, c’est tout son monde qui s’effondre.
Avec le soutien de ses fidèles amis Kirby et Saul et de sa sœur Izzy, il entreprend alors un étrange voyage d’introspection dans son imaginaire, et tente de se résigner à vivre sans Ivana.

Dans la famille Coppola, je demande le fils. D’abord acteur chez papa, il se tourne très vite vers la technique et la réalisation. Qu’il soit assistant chez Wes Anderson ou Sofia, Roman Coppola se distingue par sa touche ultra-personnelle et se lance dans la réalisation de clip (Phoenix, Daft Punk, Sebastien Tellier, Air…). Plus tard il réalise un premier long qui passera presque inaperçu. Producteur et toujours touche à tout, il remet le couvert 12 ans plus tard avec plus d’expérience et surtout une envie d’imposer enfin son style au cinéma.

Premier plan et première claque. Comme sur l’affiche on va entrer dans la tête de Charles Swan. Une tête remplie de choses en tout genre qu’on va décortiquer pour tenter de comprendre comment Charles Swan en est arrivé là. Dans la tête de Charles Swan III est alors une thérapie, une plongée introspective dans la tête de son anti-héros. Le film ressemble alors à un clip. On est sous le charme.

Dans_La_Tete_De_Charles_Swan_III

Sous ses aspects pop et colorés, Charles Swan III raconte surtout comment une rupture amoureuse peut bousiller un être aussi fantasque et barré que Charles Swan. C’est là le principal intérêt du film. Là où beaucoup se contente de montrer la rupture pour rebondir sur autre chose, Roman Coppola en fait son sujet principal. Merveilleusement construit, le réalisateur choisit de raconter son histoire par la fin. La rupture est là. Il faut maintenant comprendre, non pas les causes de la rupture mais bien les raisons du manque. Grâce à des flashbacks très bien intégrés, on recolle les pièces du puzzle. Rien ne sera linéaire ici ni figé. On ne saura pas non plus distingué le vrai du fantasmé mais un tout se crée petit à petit pour un résultat des plus détonnant.

Si le fond nous surprend, que dire de la forme ? Jamais on aura vu tel ovni au cinéma. Roman Coppola réalise le film symbole de tout son cinéma et de toutes ses influences. Alors évidemment dans cette grande célébration, le réalisateur américain fait appel à ses amis. Charles Sheen d’abord, ami d’enfance de Roman, qui trouve ici un rôle sur mesure. Aussi détestable qu’attachant on prend un plaisir coupable à le retrouver sur grand écran après l’épisode Mon oncle Charlie. Jason Schwartzman le cousin et Bill Murray acteur fétiche de Wes Anderson, ils sont tous là pour fêter ensemble le cinéma de Roman Coppola. Si ils semblent tous comme des poissons dans l’eau dans le film, c’est surtout Patricia Arquette qu’on retiendra en particulier. Sublime dans la peau de la soeur protectrice et larguée elle aussi, on prend un gros pied à a retrouver à l’écran.

Toute l’humilité de Coppola se caractérise alors par un générique final génial où acteurs, techniciens et réalisateur sont invités pour une dernière chanson.

Difficile d’évoquer Dans la tête de Charles Swan III sans parler de sa BO complètement folle. Liam Hayes (alias Plush) signe une bande son qui colle parfaitement au film de Coppola et dont certains titres risquent de vous coller à la peau longtemps.

Si les idées sont folles et l’ambition de Coppola épatante, il faut bien sur émettre quelques réserves. Déjà sur un rythme qui s’essouffle un peu vite (les 1h26 sont finalement assez longues) et sur un ensemble qui parait un peu trop brouillon pour fonctionner réellement. Roman Coppola se disperse un peu trop et du coup peine à émouvoir alors que tout pourtant l’aurait permis. Quoi qu’il en soit, le deuxième film du grand frère Coppola, est à voir ! Une petite parenthèse enchantée qui pourrait bien vous toucher droit au coeur.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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