Sorti au cinéma en Janvier 2013, cette re-interprétation du conte des frères Grimm avait conquis la presse et les spectateurs. Il faut dire qu’avec ses 7 Goyas, Blancanieves s’affichait comme le nouveau phénomène venu d’Espagne. A l’occasion de sa sortie DVD le 20 juin, on s’est fait un petit rattrapage !

BlancaNieves_1Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de “Blancanieves”. C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable.

Vous pensiez tout savoir sur Blanche Neige ? Vous étiez un peu agacé par la mode adaptation Blanche Neige au cinéma ? Oubliez-tout et découvrez Blancanieves. Pas de bois maudit ici ou de royaumes féeriques mais une Espagne où la tauromachie est l’unique religion. On garde quand même les bases du conte et on retrouve la belle-mère sans coeur, les nains, la pomme… Pourtant on a l’impression de découvrir Blanche Neige pour la première fois ! Un joli coup de maître pour un réalisateur encore débutant.

Dans un magnifique noir et blanc, Pablo Berger nous raconte donc un conte aussi beau que tragique dans lequel toutes les émotions sont exploitées. D’abord bouleversant (la mort de la mère, l’abandon du père…) Blacanieves devient au fil des minutes plus clair et atteint la lumière lors de très beaux moments. En état de grâce le réalisateur livre un film sublime qui se passe de mots (Blancanieves est entièrement muet) et qui pourtant en dit plus que des centaines d’autres longs plus “classiques”. On pense forcément à The Artist mais contrairement à son grand frère français, Blancanieves raconte vraiment quelque chose et explore mille pistes. De la gestion du deuil à la transmission d’un héritage, de l’amour paternel à la recherche d’un absolu, de l’amitié fraternelle à la passion, du sentiment d’abandon à l’espoir d’un meilleur, il y a dans ce Blancanieves un grand nombre de richesse. On se laisse alors complètement happer et on plonge entièrement dans cette passionnante histoire.

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En mettant comme toile de fond la tauromachie, Pablo Berger prend des risques mais régale tous les aficionados et devrait facilement séduire les non-initiés. Le spectacle, les rituels, la magie qui entoure l’arène sont ici représentés avec la plus grande intelligence et la plus grande classe. Là, on jette une Motera qui retombe mal et la tension monte d’un cran. Dans les regards, les pas, Blancanieves s’apparente à une chorégraphie spectaculaire, magnifique hommage à un univers que l’on connait assez mal. Pas de violence gratuite ni d’apologie des combats mais juste une danse entre un Homme et un animal. Magnifique.

En l’absence de mots c’est la musique qui fera tout le travail. Il faut dire que Alfonso de Vilallonga fait un travail remarquable. Chaque morceau appuyant parfaitement l’action et les émotions des personnages. D’ailleurs côté acteurs pas grand chose à redire non plus. Maribel Verdú dans la peau de la méchante marâtre est éblouissante de froideur devant la lumineuse Macarena García pour l’instant immense révélation de l’année.

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Découvert en DVD, on avait peur que la claque ne soit pas la même. C’était sans compter une édition qui frise la perfection. Côté technique, le noir et blanc est sublime alors que le travail sur le son est impressionnant. Impossible alors de décoller ni les yeux ni les oreilles devant cette petite perle. Côté bonus là aussi on n’en demandé pas tant ! Un Making Off, le retour sur la première journée de tournage, la lecture du scénario ou encore un petit aperçu de la musique jouée en live pour la première en Espagne et vous voilà complètement immergé. Difficile alors de sortir de l’univers de Pablo Berger et de revenir sur terre !

Magnifique et troublant, Blancanieves ne peut pas laisser de marbre. Esthétiquement éblouissant, cette nouvelle interprétation du conte classique vient balayer ses concurrents d’un seul geste. Un film à découvrir absolument. Profitez-en, le DVD est un très bel objet !


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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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