Après Sagan, Diane KURYS revient sur les écrans avec Pour une femme. Un film sur un secret de famille porté par un casting cinq étoiles. Le film français de l’été ?

A la mort de sa mère, Anne fait une découverte qui la bouleverse : une photo ancienne va semer le doute sur ses origines et lui faire découvrir l’existence d’un oncle mystérieux que ses parents ont accueilli après la guerre. En levant le voile sur un secret de famille, la jeune femme va comprendre que sa mère a connu un grand amour, aussi fulgurant qu’éphémère…

A la vue du casting, on se disait qu’on avait devant nous quelque chose de vraiment intéressant. Même si le synopsis et le projet n’étaient pas sans rappeler un certain Secret de Claude Miller Pour une femme avait attisé notre curiosité. Et puis doit-on vraiment justifier la volonté de découvrir un film quand Nicolas Duvauchelle est à l’affiche ?

Dès le générique on se sentait bien embarqué : des photos de famille qui défilent alors que déjà sous nos yeux un casting français impressionnant apparaît : Benoit Magimel, Mélanie Thierry, Nicolas Duvauchelle, Syvie Testud, Denis Podalydès, Julie Ferrier, Clotilde Hesme

Raconté sous la forme de flashbacks on fait alors la connaissance d’un côté du couple Michel et Lena à la fin de seconde guerre mondiale et de l’autre on découvre leurs filles : Anne et Tania, réunies dans les années 80 à la mort de leur mère. On apprendra bien vite que le double est le mot d’ordre de ce Pour une femme. L’histoire d’amour triangulaire entre Michel, Jean et Lena et une intrigue politique venant compléter le tableau.

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Deux heures donc pour Diane Kurys pour nous raconter tout ça. Deux heures qui nous paraitront à la fois peu et extrêmement longues tant tout semble prendre du temps à se mettre en place. Un film aux nombreuses pistes qui met en lumière bons nombres de questions (la fraternité, le désir de réussir, la vie dans les années 60, le communisme, la Shoah, le fascisme, l’amour, la passion, la filiation…). Un film fleuve en soit, qui nous perd souvent en chemin et nous distrait la faute à un nombre hallucinant de thèmes que la réalisatrice veut aborder. Pour une femme ressemble alors à un fourre-tout qui se veut raconter beaucoup de choses mais n’explore réellement jamais rien en profondeur.

Là où le film prend un peu de hauteur c’est quand il explore la relation triangulaire et lorsqu’il raconte comment un amour même naturel peut ne pas parfois l’emporter sur la raison et de nombreuses valeurs. Là où on pensait que la réalisatrice se jetterait dans la romance entre Jean et Lena, elle  choisit la pudeur et explore le sentiment de culpabilité qui ronge face à une passion dévorante.

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Et si l’alchimie entre Jean et Lena est immédiate on reprochera sans doute au film de ne jamais aller au bout de ses idées et de ne jamais prendre partie. Bizarrement, la réalisatrice joue la carte du minimum imposé et passe alors à côté de nombreuses émotions. La romance manque ainsi de passion alors que les luttes politique ou religieuse manquent réellement de conviction. Purement spectateur, on n’arrive pas à se prendre au jeu. A s’intéresser vraiment à l’une ou l’autre cause. On passe alors complètement à côté et on reste de marbre devant cette histoire qui aurait, pourtant, du nous séduire ou nous emporter un minimum.

Le rythme du film est alors à redire. Si on comprend la volonté de laisser du suspens sur le moment ou le désir l’emportera sur la raison, on se dit que Pour une femme s’équilibre bien mal entre une première partie bien longue et une fin vraiment bâclée. 1 heure 30 pour raconter quelques années de vie contre 20 minutes pour parler des années qui suivent …  On se met vraiment à douter de l’intérêt d’avoir voulu raconter cette histoire derrière le regard de la fille cadette. Les deux sœurs adultes n’apportant vraiment rien, ni à l’intrigue ni à l’émotion. Si encore il y avait enquête…

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Impossible de reprocher au film ni le jeu de ses acteurs ni sa reconstitution des années 50 carrément bluffante. Les décors et les costumes donnant au film tout son charme et une photo assez léchée vient donner à Pour une femme une vraie valeur ajoutée. Malheureusement pas assez pour ne pas percevoir en lui une production France 2 pour peupler nos soirs d’été…

Malgré un casting impeccable et une vraie volonté de raconter une époque française, Pour une Femme manque le coche faute à une surenchère dans les thèmes abordés et à des clichés beaucoup trop plaisants. Dommage, on était prêt à se laisser aller aux larmes tant les thèmes abordés étaient forts.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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