Lors du Festival de Cannes, 2muchPoney a eu l’immense chance de rencontrer l’équipe de The Bling Ring sur le toit du Palais des Festivals et de poser ses questions aux acteurs (Israel Broussard, Taissa Farmiga, Claire Julie et Katie Chang) ainsi qu’à la réalisatrice Sofia Coppola. N’ayant pas eu l’autorisation de filmer l’interview, on a bossé notre anglais et on a attendu que Cannes se termine pour vous retranscrire ici ces très chouettes rencontres.
Aviez-vous entendu parler de l’affaire du “Bling Ring” avant de lire le script ?
Taissa Farmiga : Quand j’ai pris connaissance du script et du projet, j’ai eu un choc en apprenant que cette histoire était vraie. Je ne pouvais pas y croire.
Israel Broussard : J’ai d’abord eu sous les yeux le script quand j’ai rencontré Katie et Claire. Puis on m’a donné l’article du Vanity Fair et j’ai réalisé que cette histoire avait réellement eu lieu.
Claire Julien : Pour moi le choc a été encore plus grand. Vous imaginez, je suis originaire de LA et je n’ai jamais entendu parlé de cette histoire. Lire des choses à se sujet, faire des recherches sur les actes du Bling Ring était tellement intéressant et en même temps assez inquiétant : C’est quand même fou ce qu’on fait ces gamins !
Katie Chang : J’en avais entendu parlé mais je ne savais pas vraiment le fin mot de l’histoire. Mais j’étais moi aussi choquée quand j’ai découvert toute l’histoire. Histoire que nous avons découvert tous ensemble au travers de recherches pour travailler nos personnages.
En parlant de ça, avez-vous rencontré les “Vrais” membres du Bling Ring ?
Claire Julien : Je suis la seule personne à avoir rencontré quelqu’un, oui, Alexis Neiers la personne sur laquelle le personnage de Nicki est basé. Ce qui est fou c’est que je l’ai rencontrée bien avant le projet, l’été avant le casting en fait, bien avant que je ne connaisse l’histoire de ce gang. Je l’ai croisée par hasard chez un ami. Puis j’ai fait des recherches, on a regardé cette émission de télé réalité appelée « Pretty Wild » et j’ai reconnu, non pas son visage, mais ses tatouages. C’était une expérience assez folle de l’avoir croisé comme ca un jour, avant tout ça. J’aurai aimé la rencontrer plus tard, on aurait pu discuter. Je ne lui aurais pas forcément dit que j’allais faire le film parce que je pense que ca reste un sujet sensible mais on aurait pu échanger. Je sais que sa vie est différente maintenant, elle a tourné la page, est mariée, a un bébé.
Katie Chang : J’aurais trouvé ça très déstabilisant de les rencontrer, tres intimidant. Le film est sur ce qu’ils ont fait mais on explore aussi la personnalité de chacun. La personnalité de personnages fictifs et non celles des adolescents qui ont effectivement fait partie de The Bling Ring.
Taissa Farmiga : Oui, on ne joue pas réellement ceux qu’ils sont ou ont été.
Israel Broussard : Ce qu’il faut que les gens comprennent, c’est qu’on joue les personnages de Sofia, ceux qu’elle a écrit d’après l’article et d’après de nombreuses recherches. On ne dit pas que c’est ce qui s’est réellement passé mais ce qui s’est probablement passé. Parce qu’avant tout le film de Sofia Coppola reste une fiction basée sur des faits réels certes mais une fiction avant tout.
C’est une fiction mais le film a été tourné à LA, dans des maisons de célébrités où les cambriolages ont eu lieu …
Taissa Farmiga : Oui, on a tourné chez Paris Hilton. On était tous un peu en mode “Ok je suis chez Paris Hilton là”. Ca m’a un peu dépassé. On n’a touché à rien, tout était d’origine et rien a été ajouté pour le film même pas les coussins ou les habits ! C’était irréel mais terriblement fascinant !
Claire Julien : C’était excitant de se retrouver là, chez Paris. Excitant mais bizarre quand même. Jamais je n’aurais pensé me retrouver là un jour. Mais on s’est quand même bien amusé !
Maintenant que vous accédez à la célébrité, que pensez-vous de cette histoire ?
Claire Julien: J’espère que ca ne m’arrivera jamais !
Katie Farmiga : Je ne crois pas qu’on soit désormais célèbres. La célébrité, c’est un style de vie. Cela dit, c’est ironique qu’on gagne en célébrité en faisant ce film-là. C’est bizarre du coup mais c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. The Bling Ring sonne alors comme un avertissement pour nous montrer les chemins que nous devrions jamais prendre.
En parlant de célébrité, qui est le thème principal du film, travailler avec Emma Watson qui a plus d’expérience n’a pas été trop compliqué à gérer ?
Israel Broussard : Un jour on a tourné sur Venice Beach et il a fallu que la police barricade le tournage parce qu’Emma était là. Là, on s’est rendu compte qu’effectivement elle avait un statut différent du notre.
Taissa Farmiga : Mais en tant que personne, elle est adorable. J’ai lu et vu les Harry Potter et j’ai beaucoup aimé. J’étais très excitée de la rencontrer pour voir qui elle est et je n’ai pas été déçue.
Claire Julien : C’est une personne normale, intelligente, raisonnable, très gentille. Elle est formidable. Ca a été une expérience incroyable de travailler avec quelqu’un comme elle. Elle dans le métier depuis qu’elle a dix ans et elle est restée quelqu’un de bien. Ce qui est fou avouez !
Si vous étiez cambriolés aujourd’hui par un nouveau Bling Ring et qu’on vous donne l’opportunité de leur parler, que leur diriez vous ?
Claire Julien : “Qu’avez vous pris?”
Katie Chang : Je crois que la question aurait été « pourquoi ? » car on n’a pas vraiment de réponse. Ils le voulaient, donc ils l’ont fait. J’aurai aimé être dans leur tête pour comprendre la raison de leurs actes.
Israel Broussard : J’aurais pas forcément appelé la police mais j’aurais aimé savoir ce qu’il se passe dans leur tête. Je leur aurais demandé ce que je pourrais faire pour les aider. S’ils avaient besoin d’une thérapie par exemple ou de tout autre chose !
Claire Julien : J’espère que le film n’inspirera personne d’une mauvaise façon. Le film n’idéalise pas les faits, Sofia raconte l’histoire. C’est un film très glamour à cause des fêtes, de la mode, des bijoux et de toutes ces choses merveilleuses. Mais on ne dit pas que c’est bien. Ce n’est pas parce que ça a l’air bien que ça l’est. En fait, c’est quelque chose d’horrible et de dégoutant.
Taissa Farmiga : Je pense que c’est ce qu’on comprend à la fin du film.
Katie Chang : C’est la différence entre la première et la deuxième partie du film, qui montre les conséquences.
Claire Julien : Oui c’est la leçon qu’il y a à en tirer.
Israel, vous êtes le seul garçon de la bande, ca ne vous a pas posé de problèmes dans l’aventure The Bling Ring ?
Israel Broussard : Franchement non ! Vous savez je suis le seul garçon d’une grande famille, j’ai l’habitude d’être entouré de filles. A l’école d’ailleurs je trainais beaucoup avec mes soeurs puis avec les filles en général. Je crois que je préfère la compagnie féminine en règle générale.
Sofia vous a-t-elle demandé de préparer vos rôles et de faire des choses tous ensemble pour mieux appréhender le côté “groupe” du film?
Katie Chang : On a regardé des émissions de télé réalité, lus beaucoup de magazines de mode, visité des sites. Sofia m’a demandé de tenir un journal d’y collecter tout ce que je trouvais sur la personnalité de mon personnage.
Taissa Farmiga : De mon côté j’ai réalisé, pour construire l’identité de mon personnage, un grand collage des choses qui pouvaient inspirer Sam. On voit d’ailleurs mon collage dans le film !
Quel est votre rapport à la mode ? Ce film, c’était un rêve de petites filles pour vous ?
Taissa Farmiga : On est une grande famille mais j’ai grandi avec mes frères à Jersey donc au départ je n’étais pas très mode mais c’est venu petit à petit grâce à ma soeur notamment. Maintenant c’est différent, j’adore les discutions de filles, parler de marques, de vêtements et toutes ces choses.
Claire Julien : J’adore la mode. En juillet, je rentre à l’institut de la mode du design et du merchandising. La mode a toujours fait partie de ma vie. J’ai deux passions dans ma vie : jouer la comédie et la mode. Et je savais que je voulais faire les deux. Grandir à LA, être proche de l’industrie de la mode m’a donné tant d’opportunités, beaucoup plus que d’autres gens. J’ai rencontré, trainé puis travaillé avec des designers de costumes sur les tournages de mon père. J’ai vu des actrices dans des robes à couper le souffle dont Marion Cotillard, Anne Hathaway, Ellen Page ou encore Charlize Theron. J’adore ça, alors travailler sur un film à mi chemin entre mes deux passions était pour moi un aboutissement. Voir quotidiennement des robes, des grandes marques, des sacs Birkin étaient complètement fantastiques.
Bon il est temps de vous confesser, vous avez volé quoi sur le tournage ?
Israel Broussard : Claire était tout le temps planquée dans les placards…
Katie Chang : J’ai eu quelque chose moi, un sac mais on me l’a offert promis !
Claire Julien : J’aurais adoré qu’on me laisse partir avec les bottes Louboutin que je porte tout le temps dans le film. Je les adore.
C’est plus ou moins votre premier film. Que pensez-vous de ce tout ce qui l’entoure dont votre présence à Cannes ?
Katie Chang : On est très contents d’être là et de faire tout ça en groupe. Tout est nouveau pour nous donc être ensemble est vraiment rassurant. On peut “affronter” cette notoriété tous ensemble et c’est vraiment génial.
Claire Julien : La différence, c’est de faire tout ça avec Emma car elle est beaucoup plus habituée à cet univers que nous le sommes. On a apprécié l’avoir à nos cotés à chaque fois que nous faisons des interviews. Elle nous a guidé et on va beaucoup apprendre de sa manière de gérer tout ça, la promo, les foules, le stress…
Israel Broussard : Ca devrait bien se passer, je suis quelqu’un qui s’adapte assez facilement aux situations. Je ne me rends pas encore compte de l’ampleur de la chose.
Taissa Farmiga : J’apprécie beaucoup d’être avec mes amis, car ce sont de vrais amis. Après la promo, on va pouvoir profiter, passer du temps ensemble.
Vous avez d’autres projets ?
Ensemble : la fac !
Katie Chang : On verra ce qui va se passer après Cannes mais, en priorité, je finis mes études.
Taissa Farmiga : J’ai quelques projets de film. Je devrais bien m’amuser.
Israel Broussard : Je profite pour l’instant, on verra ce qui se présente.
Pensez vous que la connexion qu’il peut y avoir entre les stars et les ados, notamment via les réseaux sociaux, puisse être un problème ?
Claire Julien : C’est l’obsession qui est un problème. Un jeune qui s’attache à une célébrité, la suit sur Twitter, veut lui ressembler, ça reste normal et compréhensible. Mais à un certain niveau, ça peut devenir dangereux.
Est ce que Los Angeles peut rendre les gens fous ? L’ampleur de la ville…
Claire Julien : LA est une ville très publique. Quand il se passe quelque chose à Los Angeles, le monde entier est au courant. Facebook, Twitter, Instagram, des sites comme TMZ… Le monde entier voit tout. C’est probablement le pire endroit où vivre pour une célébrité car on te voit tout le temps, on te suit, on te stalke. C’est difficile de garder la tête froide car tout le monde y est célèbre ou veut le devenir. Beaucoup de gens viennent en ville pour de mauvaises raisons : être une star, devenir riche… Ça emmène de la mauvaise énergie et ça rend les gens vraiment faux. On vous regarde, votre voiture, vos fringues, votre coiffure. Les gens ne se sentent plus en sécurité s’ils ne respectent pas certains codes. Il faut avoir un corps parfait, des cheveux soyeux, des fringues à la mode pour être toujours dans le vent. Ca peut créer des dommages surtout pour des gens qui ne savent pas encore ce qu’ils sont. Il faut être fort et avoir la tête sur les épaules mais c’est quand même chez moi, là ou j’ai grandi et j’adore LA.