Lors du Festival de Cannes, 2muchPoney a eu l’immense chance de rencontrer l’équipe de The Bling Ring sur le toit du Palais des Festivals et de poser ses questions aux acteurs (Israel Broussard, Taissa Farmiga, Claire Julie et Katie Chang) ainsi qu’à la réalisatrice Sofia Coppola. N’ayant pas eu l’autorisation de filmer l’interview, on a bossé notre anglais et on a attendu que Cannes se termine pour vous retranscrire ici ces très chouettes rencontres.

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Comment en-êtes vous arrivé à l’idée de faire un film sur le gang du Bling Ring ?

Sofia Coppola : Quand j’ai lu l’article de Vanity Fair, je me suis souvenue des articles des journaux que j’avais vu à l’époque et là j’ai fait le lien. C’était vraiment une histoire un peu folle, idéale pour faire un bon film.

Dans ce portrait de  jeunes qui tentent de vivre des vies qu’ils ne désirent pas au fond, on retrouve les thèmes de vos précédents films dont Marie Antoinette, non ?

Sofia Coppola : Oui un peu. Vous savez, c’est d’aborder les thèmes de l’identité et ce besoin de trouver sa place qui m’intéresse. C’est par cet aspect que vous pouvez lier les deux films effectivement.

Beaucoup de scènes ont été tournées dans les maisons de stars qui avaient été victimes de The Bling Ring, et notamment celle de Paris Hilton. Vous-a-t-elle prêtée sa maison facilement ?

Sofia Coppola : En fait il n’y a que la maison de Paris Hilton qui soit vraiment la sienne. Nous sommes amies et on lui a demandé si elle voulait soutenir le film d’une quelconque manière et elle a proposé de prêter sa maison. Ca été d’une grande aide pour nous car le rendu est forcément beaucoup plus authentique…

Les filles nous ont dit d’ailleurs que la maison n’avait même pas été décorée…

Sofia Coppola : Oui oui, c’est vraiment sa maison avec sa décoration, ses meubles… C’était très amusant de tourner chez elle. On y a aussi shooté les séquences de caméras de surveillances. C’était plutôt intéressant d’utiliser à fond le lieu pour servir l’histoire. Ca donnait un côté très documentaire au film.

Il est de notoriété publique que vous adorez la mode, est-ce que The Bling Ring était quelque part le film que vous rêviez de faire ?

Sofia Coppola : Effectivement on parle beaucoup de mode dans le film mais la manière de l’aborder est très différente du schéma classique. Je comprends qu’on puisse être tenté de tisser des liens entre les deux mais il faut bien comprendre que ce n’était pas ma motivation pour faire ce film.

The Bling Ring est votre première film tourné en numérique, est-ce que cela a changé votre manière de filmer ?

Sofia Coppola : Oui, en fait c’était plutôt pertinent pour cette histoire car nous devions capturer beaucoup d’instants à la volée. C’était aussi différent pour moi car je pouvais voir en temps réel le rendu de la caméra sur les moniteurs. J’ai dû me forcer à aller souvent sur le plateau, et ne pas rester passive derrière mon moniteur, interagir avec les acteurs, c’était essentiel.

Vous démarrer tous vos films par un point de vue très intime qui semble s’ouvrir au fur et à mesure des minutes. Avec The Bling Ring, on a l’impression que c’est l’inverse. Est-ce que c’était quelque chose de spécifique pour le sujet du film ?

Sofia Coppola : Non, je pense que cela a juste été imposé par le sujet, avec un besoin d’être d’entrée de jeu dans la séduction à laquelle se laissent aller les personnages.

De votre point de vue, trouvez-vous qu’il y ait un personnage principal dans le film, qui se démarque des autres ?

Sofia Coppola : Tout le groupe en fait mais si je devais en choisir un, je choisirai celui qui a l’attitude la plus pathétique et ce serait le personnage interprété par Katie, la leader du Bling Ring.

Pourquoi avez-vous choisi Emma Watson pour ce film ?

Sofia Coppola : Emma est une fille très intelligente et tellement différente du personnage qu’elle interprète. C’est très inattendu de la retrouver dans un rôle où elle joue une fille peu recommandable et c’est ce qui m’intéressait dans son choix

Pensez-vous qu’on puisse connecter The Bling Ring à Spring Breakers dans les thèmes qu’ils exploitent ?

Sofia Coppola : Je pense que les films n’ont pas du tout la même exploitation, pour The Bling Ring j’ai vraiment essayé de jouer sur les talents d’acteurs et de ne pas les mettre en bikini pour que cela marche…Mais très honnêtement, je n’ai pas vu Spring Breakers.

Les réseaux sociaux sont au coeur du film, ils sont les moyens par lesquels les filles partagent en temps réel leurs histoires et aventures. Quels rapports entretenez-vous vis à vis d’eux ?

Sofia Coppola : On ne peut pas dire que je sois vraiment une experte. Je ne suis pas sur Facebook, ces réseaux se devaient d’être très présents mais à titre personnel, je ne les utilise pas. Vous savez, maintenant tout est vraiment flou concernant la confidentialité des données. C’est vraiment très nouveau, tout est partagé dans l’instant. Tout le monde sait ce que vous mangez alors que vous pouvez être à des kilomètres. C’est assez inquiétant quand on y pense.

The Bling-Ring sert-il en ce sens d’alerte contre les dangers de ces nouvelles pratiques ?

Sofia Coppola : Non je n’ai pas voulu faire une alerte ou quelque chose de ce genre. J’ai juste voulu montrer ces personnages et combien ces réseaux sociaux étaient importants pour eux dans leur manière de vivre et de s’exprimer.

Vous utilisez différents type de video footage, comme des images d’ordinateurs, de caméras de surveillance etc…C’est quelque chose que l’on n’avait pas vu encore dans votre cinéma.

Sofia Coppola : Oui mais vous savez cela fait partie de l’histoire. Quand j’ai fait mes recherches, j’ai cherché,pour enrichir le film, les vraies images de caméras de surveillances et les images et vidéos que le groupe avait pu poster sur les réseaux sociaux.

Avez-vous rencontré la véritable équipe de The Bling Ring ?

Sofia Coppola : Deux d’entre eux. J’ai pu avoir pas mal de détails sur l’histoire comme le passage avec le chien de Paris Hilton mais surtout des petites anecdotes pour rendre le film plus authentique.

Quelle est la part de fiction dans le film ?

Sofia Coppola : Tout est basé sur de vrais faits mais j’ai pris quelques libertés malgré tout.

Leslie Mann est un choix étrange dans le film, elle apporte un vrai sens de la comédie, pourquoi l’avoir choisie ?

Sofa Coppola : C’est quelqu’un de très talentueux, elle a su apporter son expérience de la comédie et de l’humour pour arriver à construire un personnage très intéressant.

Avec ce film, il y a une sorte de scission avec les précédents, il est moins contemplatif et beaucoup plus pêchu.  Pour vos prochains projets, est-ce une direction que vous voulez continuer d’explorer ?

Sofia Coppola : Pour moi c’était un nouveau film, une histoire de vols. Je ne pouvais pas traiter cela avec mon style habituel. Mes films précédents étaient effectivement plus calmes mais vous savez, chacun de mes films est une sorte de réaction opposée au précédent.

Si vous étiez volée par des adolescents, que leur diriez-vous après avec réalisé ce film ?

Sofia Coppola : Vous savez, j’ai déjà été volé par des ados, à Paris. Ils m’ont pris quelque trucs mais en fait, je n’ai jamais réfléchi à cette question…

Etes-vous anxieuse par rapport à l’interprétation que les jeunes ados vous pouvoir faire du film ? Vous n’avez pas peur que cela puisse leur donner des idées ?

Sofia Coppola : L’idée n’est pas de leur donner des idées. Je ne suis d’ailleurs pas certaine que le film donne vraiment envie de faire la même chose vu l’issue…

Comment avez-vous préparé le groupe pour le film ?

Sofia Coppola : Je n’ai pas fait grand-chose, je leur ai demandé de passer du temps ensemble, de regarder des émissions de télé-réalité mais surtout, de faire tout, tout ensemble.

Des projets en vue ?

Sofia Coppola : Non pas encore, je viens juste de finir celui-là, je vais prendre un petit break avant de repartir.

Votre film est à nouveau présenté à Cannes. Toujours contente d’y faire un tour ?

Sofia Coppola : Oui bien sûr, vous savez c’est mon troisième film présenté ici. Petite je venais souvent avec mon père, tout a démarré un peu ici pour moi.

Vous aurez le temps de voir d’autres films ?

Non, on travaille tout le temps.J’aurai aimé mais je ne pense pas. J’aimerai bien voir le nouveau film de Jim Jarmush mais je ne sais pas si je pourrais…

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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