À force d’écouter Fauve et de vibrer sur leur EP, on se devait bien d’aller jeter un oeil à leur “Nuit Fauve”. Évidemment complet depuis facilement un mois, leur passage au Bataclan était attendu avec beaucoup d’impatience et de curiosité. Comment le collectif et comment Quentin va-t-il pouvoir déverser son flux de mots sur scène ? Beaucoup de questions donc autour de ces concerts qui rassemblent toujours de plus en plus de monde.

C’est au Bataclan que le collectif parisien posera ses valises.

Pour ouvrir le bal, le groupe n’a rien trouvé de mieux que de demander à BRNS de venir. Il y a déjà du monde à 20h quand les Belges lancent leur pop intense et dansante devant un public qui ne pouvait rêver meilleure première partie. Là, on comprend quand même l’ampleur du phénomène : BRNS qui ouvre Fauve c’est un peu comme si Justice faisait la première partie de Phoenix ou vice-versa.

Sur scène, BRNS lâche déjà les fauves et on pense immédiatement à Wu Lyf tant la musique savante et torturée, lumineuse dans l’obscurité nous rappellent les Anglais. Un set forcément trop court qui nous aura donné envie de dévorer leur Wounded.

Entre les deux prestations, on fera un tour au Merchandising. Bizarrement, si on est un peu surpris de voir des tee shirts et des sacs en vente, on sourit quand sous l’affiche du concert on lit “Prix Libre”. Comme si, quelque part, Fauve ne voulait pas faire comme tout le monde et jouer à fond la carte du collectif. On prend alors place, Quentin et sa bande débarquent alors et les premières notes de Saint Anne résonnent.

Encore plus rageux qu’en studio.

Quentin balance ses textes et jette sa hargne sans jamais reprendre son souffle. On est impressionné par sa capacité à envoyer ses textes comme un rappeur sur le ring. Un seul bémol à soulever ici : vu l’importance des paroles et le poids des mots, on passera un peu à côté de certaines chansons que l’on ne connait pas (encore !) par coeur tant le flot de Quentin est intense. Devant lui, le public est conquis et reprend en coeur les refrains dès qu’il en a l’occasion.

Là, on se rend compte que les 1500 personnes présentes ce soir ont dévoré, comme nous, l’EP jusqu’à l’os. Deux groupes se créaient alors : ceux qui répondent en criant des “Haut les Coeurs” et ceux qui, comme nous, un peu sonnés par la folie de la soirée, se laissent emmener sur les 4000 îles…

Sur scène, les petits gars de Fauve sont émouvants de sincérité et désarmants d’honnêteté. On les sent dépassés par les événements, par l’ampleur d’un phénomène qu’ils n’imaginaient pas. Remerciant la famille, les fans, le Bataclan, Fauve prouve sur scène leur grande sympathie et toute idée d’un groupe prétentieux et calculateur s’éteint automatiquement. Entre deux “merci”, Quentin enchaine les “tubes” de 2XGM à Nuits Fauves en passant par Jennifer ou Cock Music Smart Music. Sur Rub A Dub, on prendra une vraie claque quand on verra fleurir les briquets comme des petites lueurs d’espoir dans un Bataclan qui ne veut plus retourner à la vie normale.

Un finish parfait

Après une heure de concert d’une intensité sans égale, Fauve reviendra pour deux dernières chansons. Sur Blizzard, impossible de retenir les OuhOuhOuhOuhOuhOuhOuhOuh, bien déterminés à niquer sa mère au blizzard. Si la chanson nous donne déjà des frissons / le sourire / les larmes quand on l’écoute à la maison, sur scène, l’alchimie entre le public et Fauve est parfaite. Le sentiment d’avoir devant nous le porte-parole du mal-être d’une jeune génération est encore plus évident. Comme si ce soir, nous nous étions donnés rendez-vous, tous prêts à combattre ensemble le murmure assourdissant et permanent et à aller ensemble vers quelque chose de plus grand… Une dernière incantation sur Kané et voilà les Fauve qui se retirent.

Après Kané, il est temps pour Fauve de débrancher. Demandant aux gens de rester pour boire des verres avec eux, les Parisiens nous auront rassuré sur l’honnêteté de la démarche et l’absence totale de calcul marketing. On finira par rejoindre le trottoir ne sachant toujours pas si on doit sombrer ou affronter la vie. On voudrait courir à perdre haleine, parler parler parler encore ou dire aux gens qu’on les aime. On voudrait que Fauve continue à trouver les mots pour combattre les maux. On voudrait des Nuits Fauves plus souvent. On voudrait dire merci. Alors Merci Fauve et à très vite !

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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