Après Somewhere, Sofia Coppola est de retour avec The Bling Ring. Un film au sujet surprenant qui attisait notre curiosité tant on ne voyait pas comment la réalisatrice pouvait rendre consistant ce fait très divers. À croire qu’il fallait s’appeler Sofia Coppola pour éviter le piège du Bling Bling.
Si, comme nous, ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique en matière de Jet Set vous passe un peu au dessus de la jambe, vous n’avez sans doute pas entendu parler de cette histoire. D’ailleurs, il est fort possible que vous découvriez comme nous, l’histoire de ce gang, le Bling Ring, grâce au film de Coppola. À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le “Bling Ring”.
Il y a d’abord dans The Bling Ring une vraie réflexion sur la société actuelle et l’image que les jeunes ont d’eux-mêmes et celle qui veulent renvoyer. Nos héros du jour ne sont en ce sens pas si éloignés des sœurs Lisbon tant leur quotidien semble les ennuyer à mourir et leur vie très éloignée de leurs ambitions. Notre club des 5 n’ayant qu’une obsession : se faire remarquer pour sortir de leur ennui et s’échapper d’une vie qu’ils ne désirent pas. Sofia Coppola ayant alors tout l’art et la matière pour nous parler de ce mal là et à faire de ce film bien plus que la chronique d’un fait divers.
Comme Spring Breakers cette année, The Bling Ring s’inscrit parfaitement dans une époque gouvernée par l’image et le besoin de se différencier des autres. Sofia Coppola nous parle de cette société gangrénée par l’envie provoquée par une absence totale de pudicité de la part des personnalités publiques. En mal de repères, nos cinq héros se retrouvent en Paris Hilton ou en Rachel Bilson et veulent faire partie de ce monde. Quand Brandon Cronenberg nous expliquait que la fascination pouvait aller jusqu’à l’absorption volontaire d’un virus, Sofia Coppola nous dit que pour se rapprocher de son idole il faut lui voler un sac, des lunettes, des chaussures ou une robe.
Derrière ses airs très simplistes et superficiels, The Bling Ring parle de cette difficulté à appartenir à un gang, à exister à un âge où tout est délicat. Le personnage de Mark nous montrera comment une seule rencontre peut changer quelqu’un. Comment d’un adolescent classique, il bascule en délinquant pour entrer dans un moule et surtout se faire accepter et aimer par ses nouvelles amies. Le film devrait alors en ce sens parler à toute une génération de jeunes adultes qui a du mal à trouver sa place dans un monde gouverné par le regard de l’autre et dans lequel les réseaux sociaux jouent un rôle majeur.
Si on aimait Coppola pour sa capacité à filmer une certaine oisiveté, on peut assurément assurer que The Bling Ring marque une rupture avec le style Coppolien. Fini les plans lents et la contemplation, place à l’action. Grâce à une mise en scène nerveuse et intelligente, The Bling Ring devient vite hypnotisant. Sa BO très RNB pour le coup nous empêchant toute torpeur que les haters de Sofia adoraient souligner. On aura d’ailleurs un petit sourire complice quand entre MIA et Frank Ocean on reconnaîtra les premières notes de Bankrupt.
Sofia Coppola évitera de donner son point de vue sur les événements et laisse son film parler de lui-même. Très second degré, on sourit quand Emma Watson face aux journalistes réplique avec beaucoup de distance que ces événements sont une épreuve et qu’ils lui serviront de leçon pour l’avenir ou lorsqu’elle déclare qu’elle se voit gouverner un pays un jour. C’est là alors la force du film, ne pas aller dans une morale ultra-prévisible d’adolescents qui se réfugient dans des excuses mais assumer pleinement le côté hallucinant de l’histoire. Comme si l’hyper superficialité de la société avait avalé nos jeunes héros ou bien l’inverse…
Dans sa quête d’objectivité, Sofia Coppola fait appel à des acteurs débutants ou presque puisque seule Emma Watson est à ce jour vraiment connue. D’ailleurs, la jeune anglaise casse son image et confirme le virage emprunté avec Le Monde de Charlie. Tête à claques ici, on se dit vraiment que Sofia Coppola a le chic pour dégoter les jeunes talents et les transformer de manière presque irréelle. À ses côtés, les autres acteurs,Israel Broussard, Taissa Farmiga, Claire Julien et Katie Chang ne sont pas en reste et devraient très vite sortir de l’ombre.
Loin des Sofia Coppola auxquels on s’était habitué, The Bling Ring vient prouver à tous que la réalisatrice a plus d’un tour dans son sac et qu’elle peut absolument tout faire. Filmer la solitude en plein Tokyo comme donner de la consistance à un fait divers si loin de notre quotidien. Filmer cinq suicides comme s’intéresser au monde de la nuit à L.A. Un film à part qui vous fascinera autant qu’il vous inquiétera.
2 Comments
Pas aussi emballé que toi, mais c’est vrai que cette fascination du vide recouvert de clinquant donne à ce bonbon pop et doucement triste un goût à la fois sucré et amer. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/07/08/the-bling-ring-critique/
Pas aussi emballé que toi, mais c’est vrai que cette fascination du vide recouvert de clinquant donne à ce bonbon pop et doucement triste un goût à la fois sucré et amer. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/07/08/the-bling-ring-critique/