Après le choc Drive, on attendait le retour de  Nicolas Winding Refn avec la plus grande excitation. Sélectionné à Cannes, Only God Forgives faisait partie des plus grosses attentes du Festival.

À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics …

En entrant dans la salle à 8:00 on a en tête l’accueil de Cannes 2011. Acclamé et considéré déjà comme un chef d’oeuvre, Drive avait fait l’unanimité et remportait en ce sens un prix de la Mise en scène si mérité.  L’attente était donc de taille pour célébrer le retour au Grand Théâtre Lumière de la paire RG/NWR.

Premier plan et premier choc esthétique. Dans un Bangkok ghetto, Billy cherche à se mettre sous la dent une prostituée de 14 ans. Déchaînement de violence qui n’arrive de nul part, plan long, posé, aérien, couleur rouge flamboyante, le Refn qu’on aime est bien de retour ! D’ailleurs on retiendra surtout de ce Only God Forgives sa mise en scène hallucinée et complètement hypnotisante. Envouté on se laisse porter par le réalisateur danois qui prouve que dans ce domaine il est peut-être le meilleur metteur en scène du moment.

Malheureusement la beauté ne fait pas tout et on devra admettre que ce Only God Forgives nous aura bien déçu. D’abord parce que même si on adore la manière de filmer de Refn on se dit que quand même il aurait pu écrire un vrai scénario et une vraie histoire. Si le concept de départ est intéressant et osé (concentrer un film sur une histoire de réglement de comptes sans rien ajouter en plus ni rien expliquer du contexte) on va vite se demander ce qu’il se passe sous nos yeux et surtout dans quel but. Alors que Drive nous avait enchanté pour sa poésie et l’émotion qu’il dégageait, Only God Forgives ne déclenchera chez nous aucune réaction. Aucun sentiment. A part peut-être de l’agacement d’assister à un film vain et vide de sens.

Bien sur certains points sauveront l’affaire du naufrage comme la relation mère-fils terriblement et dangereusement ambigue et le besoin de reconnaissance  mais pour le reste on repassera, vraiment. Un méchant qui ne fait pas vraiment peur qui a toujours un sabre sur lui, une Milf pas franchement convaincante en cheffe d’organisation criminelle et un petit agneau dépassé par les événements qu’on ne cerne absolument pas. Difficile alors de comprendre les intentions du réalisateur qui livre un film complètement WTF, assumé certes, mais tellement prétentieux et arrogant qu’il en devient agaçant.

Only_God_Forgives_2

Quelques touches d’humour ici et là (un magique “Il a violé et tué une gamine de 16 ans / Il avait très certainement ses raisons”) des scènes absurdes dans des karaokés nous feront sourire et nous forceront à réfléchir sur une seconde lecture du film. Les interrogations sont nombreuses et certaines portes ne demanderont qu’à être enfoncées. Peut-être une seconde vision après Cannes sera nécessaire pour définitivement savoir ce qu’on pense du film. Si on doit confirmer cette première impression ou être complètement fasciné par l’oeuvre à part d’un réalisateur ambitieux.

Côté casting là aussi on est un peu désenchanté entre un Ryan Gosling complètement désincarné qui garde la même expression 1h30 durant et une Kristin Scott Thomas cynique mais tellement en surjeu qu’elle finira par agacer.

Sauvé par sa mise en scène envoutante et hypnotisante, Only God Forgives reste une terrible désillusion. Conditionné pourtant pour adorer, le manque de scénario aura eu raison de nous. Un film à revoir sans doute mais Thierry Frémaut avait raison : NWR n’a pas réalisé un Drive 2 et c’est bien dommage.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

4 Comments

  1. Je n’avais déjà pas aimé Drive, ça ne donne pas envie de voir celui-là non plus!!

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