Triste journée que ce lundi. Hier soir s’est terminé le 66ème Festival de Cannes et avec lui les vacances. Retour à la réalité donc après 12 jours de pur bonheur. Dernier article sur cet événement histoire de dresser le bilan en espérant que vous avez aimé suivre mes folles aventures.
Aux alentours de 20h je peux vous jurer que Steven m’a fait bien peur quand il annonce qu’exceptionnellement trois artistes vont recevoir la Palme d’Or. Quand il lache un “Léa, Adel et Abdellatif “je suis debout devant la retransmission en Debussy et je ne cache plus ma joie. Le film de Kechiche m’ayant transpercé le coeur, cette récompense ultime me donne le sourire autant qu’elle me bouleverse. Dans un discours en toute sobriété l’émotion du réalisateur me prend aux tripes. Derrière, Léa et Adel, complices, s’envoient des sourires ne croyant pas plus que moi en ce qui est en train d’arriver. En un instant, j’oublie les déceptions du Palmarès et je salue le culo de Spielberg de primer un film qui ne sortira sans doute jamais aux Etats-Unis. Déjà je me dis que je vais devoir expliquer aux gens que La Vie D’Adèle ne parle d’homosexualité mais d’une passion foudroyante et que la décision du jury n’a sans doute rien à voir avec l’évolution des lois françaises sur le mariage gay. Mais revenons un peu sur le Palmarès.
Dans un discours en toute élégance qui ne manque pas d’humour, Audrey Toutou est lumineuse sur scène et me fais oublier l’arrogance de Mélanie Laurent en un claquement de doigts. Naturelle et fraiche, l’actrice française me fait plaisir.Spielberg déclare que cette année l’émotion a été au centre des choix du jury et déjà je me dis que ca sent bon pour Adèle. Un prix du jury pour Tel Père, Tel fils et voilà que tous les pronostics cannois s’effondrent. Kore-Eda n’aura donc pas la Palme. Une interprétation masculine surprenante mais justifiée pour Bruce Dern impeccable dans Nebraska, road-movie touchant sur les relations pères-fils et un prix pour Bérénice Bejo assez discutable (Intéressante dans Le Passé il y avait à primer Marine Vacth ou Marion Cotillard avant elle …) et je commence à comprendre ce qu’il se passe : le jury veut primer tous ses chouchous et distribue ses prix au petit bonheur la chance. Seul le prix de la mise en scène pour Heli me restera vraiment à travers la gorge mais à chaque prix distribué je me dis : “Putain La Palme pour Adèle n’est plus très loin ! “ Un grand Prix pour Inside Llewyn Davis complètement justifié et this is it ! La Palme d’Or sera française et j’oublie tout ce qu’il s’est passé jusque là. Je reste déçue pour l’absence de La Grande Bellezza, de Jeune et Jolie et de Jimmy P mais ce Palmarès me parait plus logique que celui de 2012.
Si la maitresse de cérémonie et les remettants auront illuminé la soirée, je reste surprise par le manque d’émotions des lauréats. Des discours de remerciement encore très contenus et une joie de vivre pas vraiment présente m’auront laissée bien de marbre. Ou sont les pas de danse de Dujardin fou de bonheur après son prix d’interprétation, les larmes de Maïween ou l’émotion contagieuse de Kirsten Dunst ? Étrange sensation que la crise mondiale s’est enfin immiscée à Cannes … Seules les françaises semblaient vraiment heureuses et profondément touchées. Les sourires échangés entre Léa et Adèle auront suffit à mon bonheur.
Alors que retenir de ce Festival ? Deuxième fois que je le vivais entièrement et encore une immense fierté d’en avoir fait partie. Contrairement à 2012, je suis restée épatée par la qualité de la sélection. J’ai ainsi vu de très belles choses (Jeune et Jolie, Inside Llewyn Davis, La Grande Bellezza, La Vie D’Adèle …) j’ai été été déçu (Only God Forgives, Blood Ties) ou épaté par tant de folie (La Venus à la Fourrure, Guillaume et les garçons à table). J’ai aussi été révolté par la présence de certains films en compétition (Un Chateau en Italie, Heli) et j’ai parfois fait de jolies siestes (mais moins qu’en 2012 alors tout va bien).
J’ai ri (pas mal finalement), pleuré (une fois), été subjuguée, éblouie ou déboussolée, bouleversée ou touchée et parfois révoltée devant les 24 films vus en 12 jours (5 de moins qu’en 2012 mais la nuit cannoise aura eu raison de moi). J’ai souvent pesté contre la durée de vie d’une batterie d’iPhone, attendu des heures pour voir des films et oublié de manger. J’ai peu dormi, rit beaucoup et surtout rencontré des dizaines de gens partageant la même passion. J’ai croisé le jury (coucou le Blu-Ray d’ET dédicacé par Spielberg himself), approché des célébrités et rêvé surtout à une carrière dans le cinéma … En tant que journaliste ou en tant que professionnel le rendez-vous est pris pour 2014. En espérant l’année prochaine le vivre en compagnie des GirlZ !
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