Neuf ans après Nordeste, le presque inconnu Juan Solanas revient sur les devants de la scène avec Upside Down. Sur le papier Uspide Down ressemblait au film romantique le plus ambitieux de l’année, qu’en est-il alors ? Et si Juan Solanas avait été un peu trop gourmand ?

Dans un univers extraordinaire vit un jeune homme ordinaire, Adam, qui tente de joindre les deux bouts dans un monde détruit par la guerre. Tout en luttant pour avancer dans la vie, il est hanté par le souvenir d’une belle jeune fille venant d’un monde d’abondance : Eden. Dans cet univers, son monde se trouve juste au-dessus de celui d’Adam – si près que lorsqu’il regarde vers le ciel, il peut voir ses villes étincelantes et ses champs fleuris. Mais cette proximité est trompeuse : l’entrée dans son monde est strictement interdite et la gravité de la planète d’Eden rend toute tentative extrêmement périlleuse.

Malgré son affiche et surtout son slogan assez ridicule (“Et si l’amour était plus fort que la gravité” seriously ?) on attendait beaucoup de ce Upside Down. Il faut dire qu’une romance dans un futur complètement fou dans lequel deux mondes graviteraient en miroir nous inspirait les meilleurs dessins. Et puis on doit avouer qu’on est pas vraiment objectif quand un certain Jim Sturgess fait partie du casting …

Dès les premières secondes et après une très belle introduction qui nous explique les principes gravitationnels de ces deux mondes, on se dit qu’on est devant quelque chose d’assez dingue visuellement parlant. On prend alors une vraie claque quand on voit comment Juan Solanas a imaginé ces deux mondes. Upside Down ne ressemble alors à rien de connu et nous transpose en quelques secondes dans un univers d’une richesse inouïe et sera un festival visuel pendant près de deux heures. On se perd allègrement au gré des allés retours d’Adam entre le monde d’en bas et celui d’en haut et on se rêve d’un diner au café des deux mondes ou d’une danse dans ce lieu hors du commun.

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Si visuellement c’est une merveille on peut dire que Juan Solanas est allé très loin dans ses idées et a construit un film comme une folie. Tout est génialement pensé et c’est un festival d’ingéniosité qui se déroule sous nos yeux. De la crème censée régénérer les tissus à une matière inversée qui défierait l’apesanteur, il y a dans ce Upside Down une dizaine d’idées par minute. A une époque où les réalisateurs se contentent de faire du rechauffé, Juan Solanas ose tout et propose un film vraiment à part, attachant et terriblement ambitieux !

Alors que la claque visuelle est au rendez-vous, l’émotion n’est pas oubliée. L’histoire d’amour entre Eden et Adam est d’une rare justesse et nous séduira instantanément. Comme des ames-soeurs séparés à la naissance, Eden et Adam doivent faire face à la dure réalité de la vie et aux règles de leur monde. Un amour impossible et interdit qui va être à l’origine de la quête folle d’Adam. Héros romanesque, Adam ne peut pas se résoudre à l’idée de vivre sans Eden et est prêt à tout pour la retrouver. L’histoire d’amour entre Adam et Eden nous rappelle les plus grandes du cinéma. D’ailleurs, le couple Sturgess/Dunst fonctionne à merveille et est sans conteste le plus glamour de la décennie !

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Au delà d’une fantastique et très belle histoire d’amour, Upside Down s’attaque à des thèmes puissants. Dans un futur complètement déshumanisé on prend la pleine mesure des choses. Ici, les pauvres doivent voler pour s’en sortir et les riches mènent une vie de rêve sans se soucier des petits gens d’en bas. Upside Down n’est alors plus qu’une allégorie de la société actuelle dans laquelle les gens d’en haut accumule les richesses, alors qu’en bas on lutte pour s’en sortir. Et si la fin est un peu trop optimiste et idéaliste on aura quand même eu le coeur bien sérré pendant tout le film.

Peut-être certains lui trouveront des défauts, peut-être diront-ils qu’Upside Down n’est pas à la hauteur de ses ambitions et que son scénario est bancal, qu’importe. Nous il nous aura touché malgré ses imperfections qui l’auront peut-être rendu encore plus attachant. Upside Down est ce genre de film qui vous colle un peu à la peau et vous obsède longtemps après le générique de fin. Laissez vous emporter. La gravité a du bon parfois.

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Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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