Après le très inégal Contagion, Steven Soderbergh revenait en 2012 avec pas un mais deux films à la trame bien différente. Si les chippendales de Magic Mike nous avaient laissé de marbre, on avait bien envie de découvrir ce qu’il se cachait derrière Piégée. La sortie vidéo du film début janvier nous aura permis de nous rattraper.
Agent d’élite, Mallory Kane est spécialiste des missions dans les endroits les plus risqués de la planète. Après avoir réussi à libérer un journaliste chinois retenu en otage à Barcelone, elle découvre qu’il a été assassiné – et que tous les indices l’accusent. Elle est désormais la cible de tueurs qui semblent en savoir beaucoup trop sur elle… Mallory a été trahie. Mais par qui ? Et pourquoi ?
Bizarrement passé inaperçu en salles l’été dernier, on avait du mal à comprendre comment le film de Soderbergh pouvait avoir bénéficié d’une si mauvaise distribution à la vue de son casting masculin assez dingue (McGregor, Fassbender,Banderas, Douglas, Tatum) et son synopsis très accrocheur. Et même si on ne croyait plus beaucoup au talent du réalisateur américain, on avait bien envie de découvrir ce film d’autant plus lorsqu’on apprenait qu’il divisait fondamentalement la critique.
Disponible depuis le 09 janvier chez TF1, on a enfin pu se rattraper !
Au rythme incroyablement endiablé, on retiendra d’abord de ce Piégée une histoire passionnante au sein du monde très fermé des agents secrets. Cette plongée dans les entrailles et les magouilles des sociétés privées est un réel régal tant finalement peu de films exploite cette démission. Steven Soderbergh nous emporte avec lui au coeur du système pour nous en montrer sa grande force mais aussi ses limites. Le réalisateur ne perd pas une seconde pour nous embarquer dans son histoire et nous propose en 1h30 un thriller captivant dont l’intensité ne diminuera jamais.
En ce sens Piégée ressemblera à un film d’action tel qu’on en voit plus. Si ces contemporains préfèrent rallonger leurs histoires parfois à ne plus finir, Soderbergh choisit l’efficacité et centre tout son film sur l’action pure et simple. On reste alors complètement hypnotisé devant ces scènes de bastons surréalistes tournées en plan larges ininterrompus qui peuplent le film. Et cela d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une femme qui va faire tomber un à un ses partenaires masculins, fait rare dans le cinéma américain.
Si on passe un bon moment devant Piégée, il nous faut toutefois constater certaines limites. En choisissant l’action et la bagare comme clefs de voute, Soderbergh se prive de tout un aspect émotionnel qui manque cruellement au film. Dès que Gina Carano arrête de taper sur les autres et tente de nouvelles choses, elle semble complètement à coté de la plaque si bien qu’on se contrefout totalement des morts, des manipulations ou de tout autre élément qui aurait pu avoir une quelconque importance. On a beaucoup de mal à s’attacher au personnage principal pourtant victime ni à tout autre protagoniste qu’on croise tant le film manque de consistance. La faute aussi à un panel d’acteurs qui ne semblent pas totalement investis dans leur rôle.
Si l’image et le son sont totalement bluffants dans cette édition Blu-Ray et arrivent à contribuer à la tension globale du film, on reste un peu déçu face à la pauvreté des bonus qui ne comprennent qu’un reportage sur le travail physique de Gina Carano lors des scènes de combats et un regard de chacun des acteurs vis à vis du film, de leur personnage et de Steven Soderbergh.
Pas déplaisant et réellement différent des films d’action que l’on a l’habitude de voir, Piégée demeurera un film mineur la faute à des acteurs pas suffisamment concernés et à une pauvreté émotionnelle qui manque cruellement au film.