L’espion tombe amoureux de son agent infiltré et compromet sa mission. Sur le papier, Möbius d’Éric Rochant, sorti en février 2013, avait tout du bon thriller romantique. Ajoutez Jean Dujardin en agent russe, Cécile de France en surdouée de la finance, un brin de conspiration internationale et un cadre glamour entre Monaco et Moscou, et vous obtenez une promesse de film haletant. Malheureusement, entre un scénario confus et une romance qui peine à convaincre, on finit par s’ennuyer ferme.
Un espionnage sans tension, une intrigue sans saveur
Dès les premières minutes, le film met en place une mission de surveillance de haut vol : Gregory Lioubov (Jean Dujardin), agent des services secrets russes, doit faire tomber un homme d’affaires puissant avec l’aide d’Alice (Cécile de France), une analyste financière infiltrée. Mais très vite, les choses se compliquent… et pas forcément dans le bon sens.
L’intrigue est bourrée de détails inutiles qui viennent parasiter la narration : des explications économiques trop techniques pour être percutantes, des allers-retours entre Monaco, les États-Unis et la Russie qui n’apportent rien, et des agents russes dont l’incompétence frôle le ridicule. Franchement, même dans un James Bond parodique, on verrait des filatures plus discrètes. Tout ça pour aboutir à une conclusion annoncée dès les premiers instants : l’amour mettra en péril la mission.
Et le suspense dans tout ça ? Oublié. Le soi-disant thriller d’espionnage se retrouve relégué au second plan, et quand le film essaie d’enfin renouer avec son fil conducteur, il est déjà trop tard : le spectateur a décroché.
Film vu en avant première à l’UGC Ciné Cité de Lille avec la présence du réalisateur et des deux acteurs principaux.
Une romance qui manque de passion
Puisque le film mise tout sur l’histoire d’amour entre Gregory et Alice, on s’attend à une tension, à une passion qui nous emporte. Sauf que… non.
Jean Dujardin et Cécile de France livrent des performances solides : lui dans un rôle de loup solitaire taciturne, elle en femme forte et insaisissable. Mais ensemble, ça ne prend pas. Leur alchimie est glaciale, leur relation semble plus dictée par le scénario que par une véritable attraction, et surtout, on ne rêve pas avec eux. Pire, on finit par ne pas vraiment s’attacher à ces personnages trop parfaits, trop lisses, auxquels on peine à s’identifier.
Même visuellement, tout semble avoir été mis en œuvre pour rendre Cécile de France intouchable, presque irréelle. Sa silhouette élancée, ses tenues impeccables, sa posture assurée… Elle incarne une femme forte, certes, mais son personnage manque cruellement de nuances et d’émotions. Quant à Jean Dujardin, difficile de le voir en agent russe impitoyable quand on lui colle un tatouage censé le rendre plus « bad boy », mais qui semble juste sorti d’un pari de soirée.
Un film qui s’égare et s’étire
Möbius aurait pu fonctionner s’il avait su doser son mélange d’espionnage et de romance. Mais en essayant d’être à la fois un thriller et une histoire d’amour tragique, il ne réussit ni l’un ni l’autre.
Les 15 dernières minutes sont symptomatiques de cette errance : alors que le film devrait accélérer vers un climax haletant, il s’étire en longueur, multipliant les scènes mélancoliques et les faux adieux pour nous tirer une larmichette. À la place, on regarde l’heure et on attend la fin.
Möbius, à voir ou à zapper ?
Si vous aimez les films d’espionnage haletants, passez votre chemin. Si vous cherchez une romance bouleversante, vous risquez d’être déçus. Reste le charisme du duo principal, qui sauve un peu l’ensemble, et une mise en scène soignée qui fait au moins honneur aux paysages luxueux de Monaco. Mais au final, Möbius est une belle promesse qui ne tient pas parole.
Note de Watereli : 5/10 – Pour Jean Dujardin et Cécile de France, mais certainement pas pour le scénario.