Quelque part en 2007 sortait Across The Universe. Pour une raison encore inconnue on était passé à côté et il nous aura fallu cinq ans pour apprendre l’existente de ce film. Pourtant une comédie musicale avec Jim Sturgess sur fond de musique des Beatles aurait du nous sauter aux yeux il y a bien, bien longtemps.

AcrossTheUniverse_1Une histoire d’amour dans les années 60, au coeur des manifestations anti-guerre, des voyages spirituels et du rock’n roll, qui part des docks de Liverpool vers le psychédélique Greenwich Village, des émeutes de Détroit aux champs de bataille du Vietnam.
Jude et Lucy sont plongés, avec des groupes d’amis et de musiciens, dans le tumulte des années anti-guerre et des révolutions culturelles, guidés par “Dr Robert” et “Mr Kite”. Jude et Lucy sont la proie des forces tumultueuses qui secouent l’époque et vont les obliger à se trouver eux-mêmes pour se retrouver l’un l’autre…

Drôle de projet que ce Across The Universe : raconter une histoire d’amour alors que l’occident se divise quand à la guerre du Vietnam et tout cela sous la forme d’une comédie musicale composée uniquement de chansons des Beatles. Avouez qu’il fallait le faire et que ce n’était pas chose aisée que de construire une histoire autour de chansons toutes plus cultes les unes que les autres. Julie Taymor l’a fait et va même réussir à faire plus que de mettre de simples images sur ces magnifiques chansons en proposant une histoire originale servie par une mise en scène des plus inspirées. Retour sur un film touché par la grâce.

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Premier plan et premier choc. Jim Sturgess assis sur le sable face à la mer nous balance face caméra “Is there anybody going to listen to my story / All about the girl who came to stay?”. Déjà les paroles de Girl entrent en nous et l’aura des Beatles se fait sentir. Across The Universe ne pourra à partir de là pas décevoir.

Across The Universe sera d’abord une histoire d’éducation. L’éducation d’un jeune homme, Jude (le prénom vous dit quelque chose?) qui va partir aux Etats-Unis retrouver son père qu’il n’a jamais connu. Fils à maman habitué aux docks de Liverpool ne connaissant pas grand chose de la grande vie qui va se retrouver propulser en plein dedans par Max un étudiant dissipé et insoumis dont il se prend immédiatement d’affection. Loin de sa terre natale, il va connaître la vie, l’amour, la guerre et la violence. Across the universe raconte alors l’histoire d’un jeune homme qui va apprendre la vie au travers d’expériences en tout genre et passer ainsi tout doucement à l’âge adulte.

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Derrière l’aspect comédie romantique et la fausse légèreté du film se cachent bien plus d’enjeux. Accross the Universe sera d’abord un portrait assez violent d’une jeunesse idéaliste dans une Amérique en mutation et léverra le voile sur des thèmes fondamentaux comme l’homosexualité, la solitude, l’émancipation, le travail du deuil et le besoin de reconnaissance. En ce sens le film de Julie Taymor sera bien plus sombre que ne l’annonçait l’affiche. Et alors qu’on avait cru à une gentille comédie musicalo romantique nous voilà propulsé vers un drame. Quand les rêves des protagonistes explosent en éclats et que l’un d’entre eux est envoyé au Vietnam on entre dans une nouvelle ère. On est loin, très loin, des règles de la comédie romantique américaine par excellence qui voudraient que tout se passe bien dans le meilleur des mondes … On prendra une très glosse claque lors de la séquence enterrement/émeutes de Détroit sur fond de Let It Be revisité à la sauce Gosspel.

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Oui car il nous faut à un moment donné insérer les chansons dans cette chronique. Bizarrement on voyait mal comment la réalisatrice allait s’en sortir avec la partie chantée tant pour nous les Beatles sont un mythe auquel il ne vaut mieux pas trop se frotter. En ce sens on doit avouer que Across The Universe nous aura sacrément bluffé ! Sur les 32 chansons composant la BO, aucune ne nous aura déçue.  On remercie pour cela des prestations d‘acteurs hallucinantes qui excellent quand ils poussent la chansonnette. Jim Sturgess et Evan Rachel Wood étant vraiment impeccables tant dans leur prestation que dans leur interprétation. Il en sera de même pour les personnages secondaires ou les guests vraiment bien choisies (Bono, Salma Hayek, Joe Cocker). On découvre des chansons comme si on les entendait pour la première fois et le résultat est saisissant. Jamais on aurait pu imaginer que 10 ans de carrière des Beatles auraient pu donner naissance à une histoire et à un film. On retiendra certains titres plus puissants que d’autres comme I Want to Hold Your Hand, I Am the Walrus, Something,Strawberry Fields Forever,While My Guitar Gently Weeps, Hey Jude ou encore un sublime All You Need Is Love à la toute fin du film.

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Au delà de ces chansons, Across The Universe est un sublime hommage aux Beatles. Du choix des prénoms pour ses héros (Jude, Lucy, Max, Sadie, Jo-Jo…) aux petites répliques rappelant des paroles de chansons en passant par une petite pomme verte dessinée par Jude, Julie Taymor ne laisse rien au hasard et montre tout son amour pour le plus grand groupe de tous les temps. La scène finale sur le toit d’un immeuble n’étant pas sans rappeler le dernier concert des Beatles sur le toit de l’Apple Records, lui aussi interrompu par l’intervention de la police. Les fans des quatre garçons dans le vent apprécieront.

Impossible enfin de parler d’Across The Universe sans évoquer sa mise en scène esthétisante et très inspirée qui nous plonge réellement dans un univers d’une richesse inespérée. Sorte de trip sous acides, Across The Universe nous enchantera dès qu’on s’y plongera et nous transportera en un claquement de doigts au coeur des années 60 et de la période hippie. Rares sont les films qui prennent autant de risques et qui l’assument jusqu’au bout.

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Entre Girl et Lucy in the sky with diamonds, Across the Universe se traversera comme un voyage. Un voyage des sens, un voyage humain où la découverte est le seul mot d’ordre. Loin du film léger auquel on s’attendait, Across The Universe fait partie de ces films qui marquent et dont il est difficile de se défaire. Et au delà d’une pale copie de la discographie des Beatles, c’est un vrai film original que nous propose July Taymor. Un hommage de grande classe réalisé par une fan pour les fans qui vous redonnera envie d’écouter les petits gars de Liverpool.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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