Après le choc Démineurs, Kathryn Bigelow revient avec Zero Dark Thirty, thriller évenement qui lève le voile sur la traque de Ben Laden. Un film qui vient de donner son premier Golden Globe à Jessica Chastain.
La traque d’Oussama Ben Laden a préoccupé le monde et deux administrations présidentielles durant plus d’une décennie. Alors que les circonstances de sa mort soient restées un grand mystère pour bon nombre de citoyens, Kathryn Bigelow décide de lever le voile sur cette histoire ou du moins sur une partie de celle-ci rendue publique depuis. On apprend alors que la traque et la mort de l’homme le plus recherché de la planète est due à la résolution et au dévouement d’une petite équipe d’agents de la CIA. Zero Dark Thirty raconte l’histoire de cette poignée d’ hommes et de femmes prêts à risquer leur vie pour localiser et neutraliser Oussama Ben Laden. Du travail de renseignements à l’opération spéciale d’assaut d’une mystérieuse habitation fortifiée dans une banlien pakistanaise en passant par de nombreux interrogatoires, Zero Dark Thirty lève le voile sur la plus grande chasse à l’homme de l’histoire.
Projet ambitieux, on avait hâte de voir comment Kathryn Bigelow parvenait à donner vie à cette page de l’histoire sur grand écran. Et après 2h30 d’enquêtes et d’investigations en tout genre on se rend compte que Zero Dark Thirty est un projet cinématographique d’un genre unique : le film – reportage.
Premières images et premier choc. Ou plutôt premiers cris et premier choc. Propulsé 11 ans en arrière, on revit de l’intérieur le drame qui a bouleversé l’Amérique. L’image est noire et des voix se mélangent pour appeler à l’aide ou simplement exprimer l’horreur face à ce qui est en train de se passer. Un avion a déjà percuté le World Trate Center et le second ne devrait plus tarder. Dernier boom et derniers cris. Le film peut alors commencer. En un claquement de doigts, Kathryn Bigelow nous renvoie à nos souvenirs et nous remet en tête l’effroyable drame humain survenu un certain 11 Septembre. Et dans cette introduction, courte mais d’une intensité à vous scotcher à votre siège et à vous glacer le sang, la réalisatrice raconte le désir de justice de toute une population. Oussama Ben Laden doit payer le prix et le prix fort.
De là s’en suit une formidable et passionnante chasse à l’homme. Chasse à l’homme menée par Maya, jeune femme déterminée et ambitieuse, qui fraichement débarquée sur le terrain va tout mettre en oeuvre pour arriver à ses fins même si pour cela elle doit risquer sa vie et aller à l’encontre de tous ceux qui lui barrent la route. D’un point de vue historique et factuel, Zero Dark Thirty lève le voile sur une histoire qui nous était complètement étrangère. On apprend alors l’existence d’une toute petite équipe de la CIA qui de l’Afghanistan au Pakistan à enquêter des années durant dans le but d’empêcher de nuire le plus grand terroriste que le monde moderne ai connu. On apprend que ces équipes en terrain enemies, motivées derrière le même but, ont risqué leur vie (beaucoup l’auront malheureusement perdue d’ailleurs) alors que le monde occidental frissonnait. On revit avec le même effroi les attentats de Londres, de Madrid, du Yemen, de Charm el-Cheikh ou d’Amman et on est comme fasciné par la determination et l’acharnement de ces hommes et femmes que rien ne pouvaient arrêter. L’Amérique a de quoi être fière !
Fière oui même si elle n’apparait pas toute blanche dans son investigation. Alors que Bush puis Obama ont toujours déclaré que les Américains ne se livreraient jamais à la barbarie que constitue la torture, on apprend ici que la réalité était tout autre. Comme Maya, fraichement débarquée sur le terrain, on détourne souvent les yeux face à la dureté des méthodes américaines pour faire parler les terroristes. La réalisatrice a alors la brillante idée de ne pas mentir et de raconter les faits et simplement les faits. Grâce à cette sincérité dans la démarche, on ne ressentira jamais un américanisme exacerbé qu’on redoutait beaucoup. Il eut été facile pour Kathryn Bigelow de faire passer les Américains pour des hommes sans reproches, de sortir le drapeau à toute occasion et de proposer une morale dont seuls les Américains ont le secret (Ben Affleck n’y avait pas échappé dans son pourtant très réussi Argo).
Au delà de cette narration factuelle très intéressante c’est le portrait d’une femme qu’on retiendra surtout. Une fois n’est pas coutume, tout le mérite va être attribué à une femme. Une jeune femme qui a choisi la traque de Ben Laden comme vie. Une jeune femme qui n’a ni homme qui l’attend le soir à la maison et dont le seul objectif est de neutraliser Ben Laden. Un portrait de femme forte qui ne reculera devant rien ni personne et dont le charisme et la determination nous donneront des ailes et des désirs de combats ! Pour incarner cette femme, Kathryn Bigelow a vu juste en engageant Jessica Chastain qui s’offre son premier grand rôle au cinéma. Un rôle qui lui aura valu un Golden Globe et qui risque bien de lui valoir l’Oscar. Cette dernière image dans l’avion où seule assise elle commence à comprendre que sa mission est terminée résumera à elle-seule toute l’acharnement et l’obstination de cette femme qui doit maintenant trouver un nouveau sens à sa vie. Dans ses yeux une autre question subsite : cet acharnement en valait-il la peine ?
Si Zero Dark Thirty demeura difficile d’accès pour bons nombres de gens dont la lutte contre Al-Qaïda reste un mythe lointain, il mettra tout le monde d’accord dans sa dernière partie. L’assaut de la mystérieuse habitation fortifiée dans une banlien pakistanaise est un énorme kiff.La tension étant à son comble, on est prêt à chaque instant à se prendre un tir de mitraillettes ou de tomber dans une ambuscade. Et même si on connait le dénouement, le film nous a tellement transporté dans le passé, qu’on imagine que la maison peut ne pas être la bonne et que le Ben Laden mort n’est peut être le Ben Laden recherché. Un assaut d’une intensité rare qui nous livre un final d’une classe folle qui nous fera oublier le blabla un peu compliqué du début du film. Une excellente manière de conclure un film qu’on est pas prêt d’oublier.
Dans un film complexe mais intense, Kathryn Bigelow parvient à trouver le recul nécessaire pour réaliser un film d’une grande classe portée par une Jessica Chastain au sommet. A voir aussi bien que pour son efficacité factuelle que pour sa mise en scène éblouissante.
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Te me donnes encore plus envie de me retrouver dans la salle de cinéma scotché au siège !
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