A quelques jours de la sortie de The Master, il est l’heure de nous intéresser au travail de Paul Thomas Anderson. Au programme aujourd’hui : Punch Drunk Love, une comédie déjantée portée par un surprenant Adam Sandler.

Deux après le somptueux Magnolia, Paul Thomas Anderson se remet en selle et propose une histoire d’amour aussi poétique qu’inquiétante. Punch Drunk Love est l’histoire de Barry Egan, un trentenaire moyen à la limite de la folie pathologique dont les 7 soeurs le rendent fou. Un jour il découvre qu’il peut voyager gratuitement toute sa vie en collectant des coupons sur les pots de pudding Healthy Choice. Cette perspective l’obsède tout comme une cette nouvelle femme qu’il vient de rencontrer. L’occasion pour lui de donner enfin un sens à sa vie …

Oh qu’il est difficile de décrire Punch Drunk Love tant le film a tout d’un objet cinématographique non identifié. Paul Thomas Anderson casse tous les codes et propose un film qui n’a rien de conventionnel. Un film hors norme qui pourra autant être considéré comme un pur bijoux de fantaisie et de poésie que comme une belle arnaque d’un cinéaste qui en fait des tones et use d’artifices pour combler une histoire très linéaire. Et si on comprend pourquoi il peut déplaire et/ou dérouter, autant vous dire que personnellement on a été charmé.

La première chose que l’on retiendra de ce Punch Drunk Love c’est le portrait délicat d’un homme perturbé dont le vide existentiel le pousse à agir de bien drôles de manières. La violence qui l’habite est la seule réponse qu’il ait trouvé pour se sentir un minimum en vie. Cette homme, Barry Egan a une puissante envie de vivre mais il est à 30 ans pris au piège entre des soeurs qui le prennent pour un demeuré et une banale existence qui l’étouffe. Punch Drunk Love aurait alors pu être un violent drame qui suit la descente aux enfers d’un homme qui aurait préféré ne pas naître. Au lieu de cela, Paul Thomas Anderson choisit une renaissance, un combat pour montrer que dans la vie il y  a toujours matière à se battre. Ici, se sera sous la forme d’un amour non conventionnel, inespéré et loufoque. Un amour naissant qui va suffir à notre anti-héros naif et candide pour regagner la communauté des hommes.

Et au delà de ce portrait triste d’un homme en souffrance, Punch Drunk Love se revèlera être une magnifique comédie romantique dans lequel deux êtres assez inadaptés à la vie vont se rencontrer, se découvrir et s’aimer presque immédiatement. Il y a de la violence dans Punch Drunk Love, une violence de vivre et d’aimer sans réflèchir, de bruler les étapes et de consumer l’existence. Punch Drunk Love nous raconte qu’il faut donner une chance à l’amour, qu’il faut y croire sans y croire et sauter dessus quand il frappe à la porte. Paul Thomas Anderson réussit le pari incroyable de raconter une fantasque histoire d’amour poétique et émouvante alors que rien ne laisser présagé pareil issue.

Si Paul Thomas Anderson est connu pour ses capacités à mettre en scène, Punch Drunk Love ne dérogera pas à la règle et on comprend vite pourquoi David Lynch et son jury ont été séduit à Cannes pour lui décerner en 2002 le prestigieux pris de la Mise en Scène. PTA nous emmène dans un univers qui lui est propre dans lequel des petits pianos apparaissent au coin des rues (un harmonium vous comprenez le symbole ) et la musique joue une place prédominante pour créer un atmosphère aussi poétique qu’angoissant. De plus, sur ce long métrage Paul Thomas Anderson s’autorise toutes les folies niveau mise en scène et n’hésite pas à introduire des flash de couleur, à jouer avec la saturation, la musique, les images pour donner au film des allures de délirium où réalité et fiction s’entremêlent constamment.

Si Punch Drunk Love doit beaucoup à son écriture et sa mise en scène, impossible de nier l’immense performance de l’ensemble du casting. En haut de la pyramide on retrouve Adam Sandler qu’on imaginait pas capable d’autant de finesse, de tendresse et de légèreté au regard de sa filmographie. En Barry Egan il s’émancipe de son image de gros rigolo lourdingue d’Hollywood et enfile un costume (certes bleu électrique immonde mais costume quand même) d’homme tourmenté qui cherche une renaissance absolument saisissant de vérité. Sans doute LE Truman Show de Adam Sandler ou le film qui change la donne. A ses côtés, Emily Watson est incroyable en petite amie loufoque tout comme Philip Seymour Hoffman dont les rares présences à l’écran nous font trépigner de bonheur !

Punch Drunk Love se révèlera être un très grand film qui croise les thématiques et les expérimentations pour devenir un film à part, un film qui marque. Il y a dans le cinéma de Paul Thomas Anderson quelque chose en plus, un supplément d’âme qui fait que chacun de ses films a une place à part dans le paysage cinématographique actuel. Toujours en expérimentation, PTA n’en finit plus de nous surprendre et sa filmographie montre qu’aucun sujet, qu’aucun thème est en dehors de ses cordes. On a alors hâte de voir si le petit génie américain est réellement The Master !

M.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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