Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Stephen Chbosky décide d’adapter son propre roman éponyme : Le Monde de Charlie. Et après tout ce qu’on avait entendu sur le film et les retours plus que positifs de la presse et des spectateurs il était temps pour nous de croiser la route de Charlie !
Au lycée où il vient d’arriver, on trouve Charlie bizarre. Sa sensibilité et ses goûts sont en décalage avec ceux de ses camarades de classe. Pour son prof de Lettres, c’est sans doute un prodige, pour les autres, c’est juste un “loser”. En attendant, il reste en marge – jusqu’au jour où deux terminales, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. Grâce à eux, il va découvrir la musique, les fêtes, le sexe… pour Charlie, un nouveau monde s’offre à lui.
Avec un casting pareil et un synopsis alléchant on avait placé beaucoup d’espoir dans ce Monde de Charlie. Ne pouvant pas assister aux projos presse, on scrutait donc la date de sortie. Malheureusement pour nous, la distribution n’aura pas atteint les doux rivages azuréens nous obligeant à nous procurer le film d’une manière beaucoup moins noble.
Derrière son sujet assez léger, le Monde de Charlie se révélera être un film d’une profondeur rare sur les années lycées et la complexité de se faire accepter dans un environnement hostile. Même si les traits sont grossis, on reconnait la bien la société américaine qui veut que les jolies filles soient pom-pom girls et les beaux garçons joueurs de foot. Pas de place pour les autres. Pour ceux qui sont différents ou qui refusent simplement d’être mis dans une case. Le réalisateur l’a bien compris et livre avec Le monde de Charlie un portrait assez brute et cruel d’un lycée américain lambda où chacun tente de s’intégrer et d’être quelqu’un. On repense alors avec beaucoup de recul à nos propres années lycées et on se dit que la méchanceté entre adolescents existe bel et bien et qu’il n’est pas facile de sortir de là indemne.
Au delà de cette description assez violente des années lycées, le Monde de Charlie va plus loin en ajoutant à son personnage principal une vraie histoire et un vrai passé difficile. Si les choses demeurent assez floues dans la première partie du film, on commence petit à petit à comprendre le comportement de Charlie et surtout le comportement des autres vis à vis de celui-ci. Au delà d’être le petit prodige en littérature futur écrivain, Charlie souffre de bien des maux. Quelque part fragile émotionnellement, Charlie tente d’oublier le passé mais ni les drogues ni sa nouvelle vie parviennent à calmer ses troubles de stress post-traumatiques. Pendant plus d’une heure trente on a peur pour le jeune homme, peur qu’il finisse par craquer, peur qu’il soit finalement réellement fou, peur qu’il décide de mettre fin à ses jours. Le Monde de Charlie se révélera être des plus émouvants lorsque l’on prend connaissance de la véritable personnalité de son héros et de sa grande instabilité.
Si Le Monde de Charlie parviendra à être efficace si rapidement c’est grâce à la capacité de Stephen Chbosky de ne pas en faire des tones dans le pathos et à filmer la vie plutôt que la maladie. On suit alors l’histoire peu ordinaire de ces trois gamins (magnifique trio que forment Emma Watson, Logan Lerman et Ezra Miller) qui brulent la vie et dont le désir d’exister est contagieux. Le Monde de Charlie se révèlera être une formidable histoire d’amitié entre trois individus écorchés par la vie qui ont pourtant décider de faire face. On a alors envi de sauter dans une voiture et de hurler au vent “We can be hero, just for one day” pour se sentir un peu plus vivant.
Si Le Monde de Charlie ne vous laissera pas indemne tant sa puissance émotionnelle est immense, il nous faut toutefois émettre quelques réserves sur le côté “too much” du film. Comme c’est un film américain, notre héros fragile et solitaire est évidemment un beau goss plus intelligent que la moyenne qui ne trouve du réconfort qu’en écrivant des essais ou en lisant des livres que persone ne lit. Il a forcément des gouts musicaux extrêmement pointus pour son âge et semble ne pas être né à la bonne époque tant son attention pour les autres et sa gentillesse semblent appartenir à un autre temps. Du côté de ses amis, là aussi on tombe un peu des nues quand on apprend que les deux loosers du lycée jouent tous les vendredi le Horror Picture Show et sont acclamés par des dizaines de spectateurs. Bizarrement le Monde de Charlie se caricature un peu trop la faute à de nombreux clichés (le joueur de foot gay, la grande gueule cancre, les copains cools qui se droguent, les parents qui ne voient rien, le futur écrivain qui met des costumes pour aller en cours …) et à une surenchère dans un déferlement d’événements dramatiques. Au fur et à mesure, on va apprendre que le meilleur ami de Charlie s’est suicidé, qu’il est plus ou moins responsable de la mort de sa tante, que sa future girlfriend trop cool s’est faite violer ou que le boyfriend gay s’est fait tabasser par son père, what Else ? A force de rajouter à n’en plus finir du glauque et des drames, le Monde de Charlie s’enfonce dans la caricature et perd en efficacité On en voudra pas énormément à son réalisateur qui a sans doute voulu trop en faire.
Grâce à une histoire des plus touchantes et à un trio d’acteurs très attachant, le Monde de Charlie fait parti de ces petits films qu’on attendait pas forcément mais qui s’impregne en vous et vous quitte difficilement. On regrettera simplement le manque de lucidité d’un réalisateur qui choisit la surenchère et les clichés plutôt que de laisser agir le charme naturel de son film.
2 Comments
J’ai adoré ce film qui est en même temps complexe et magnifique mais attends… Sam s’est faite violer? 0.o (Je l’ai vu en VO donc ça a dû m’échapper enfin…)
J’ai adoré ce film qui est en même temps complexe et magnifique mais attends… Sam s’est faite violer? 0.o (Je l’ai vu en VO donc ça a dû m’échapper enfin…)