Depuis l’annonce de ses huit nominations aux Oscars, on peut dire que notre curiosité pour Hapiness Therapy s’était décuplée. On avait hâte de savoir ce qui lui permettait de faire tant d’ombre au Lincoln de Spielberg ou au Django de Tarantino. Alors, engouement justifié ou petit tour de maître des frères Weinstein ?

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Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents.
Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.

Derrière ce synopsis joliment mignon se cache bien plus qu’une comédie romantique entre deux êtres à la dérive. Happiness Therapy sera d’abord un film sur la folie pathologique et la maladie mentale. Pat Solatano n’est pas un homme quelconque qui vient de surprendre sa femme avec un autre et dont l’avenir de son couple est plus qu’incertain. Pat Solatano est un homme violent dont les excès de rage et de colère l’ont conduit tout droit en hôpital psychiatrique. Pat Solatano est un homme bipolaire qui fait peur à son entourage qui voudrait l’aider mais redoute chacune de ses réactions. Face à lui, Tiffany, une jeune femme qui vient de perdre son maris et dont le comportement est tout aussi dérangeant. Multipliant les amants pour tuer l’ennui et éviter de penser, Tiffany n’est pas plus fréquentable que Pat et tout aussi névrosée. Happiness Therapy sera alors le portrait de personnes malades pas franchement adaptées à la vie normale. Difficile alors de comprendre les rires continuels des spectateurs de la salle qui ne doivent manifestement pas voir les mêmes choses que nous …

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En ce sens Happiness Therapy se révèlera beaucoup plus malin et beaucoup plus profond que ne les laissaient présager son synopsis et son affiche. Loin de la traditionnelle comédie américaine romantique, Happiness Therapy obéit à ses propres règles et laisse apercevoir un certain renouveau dans le cinéma grand public. Comme quoi on peut faire un film avec des acteurs bankable et ne pas réaliser un énième film débile avec Katherine Heigl ou Ashton Kutcher.

Si l’on adore le point de départ de David O. Russell et sa façon d’apporter de l’eau à son moulin, impossible de faire l’impasse sur la mise en scène qu’on a toujours pas compris. On nous avait prévenu mais il faut ici le souligner : Happiness Therapy est un film fatiguant. Les acteurs jamais dans la demi-mesure (surtout dans le première partie du film) passent leur temps à crier les uns sur les autres pour un résultat des plus gênants. On comprend bien sur la volonté de David O.Russell de montrer la folie mais un film dont le scénario doit contenir plus d’ une centaine de didascalie “en criant très fort” ne devrait pas être permis. L’autre grosse incompréhension du film résidera dans la façon de filmer de David O.Russell qui use de zoom/dé-zoom comme s’il s’agissait d’un western. On a un peu le tournis et on comprend absolument pas ce que vient faire le réalisateur dans les potentiels primés aux Oscars.

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Si on excuse la mise en scène et le côté bruyant du film à vous filer la migraine, on pardonnera moins le passage assez rapide d’un film assez grave sur la maladie mentale à la comédie romantique pure et simple. Bien sur, la comédie reste plaisante et on se laisse facilement emporter par la vague d’amour qui semble s’emparer petit à petit des deux protagonistes mais on aurait aimé que la trame de départ reste présente pour une fin qu’on imaginait un peu plus sombre ou du moins un peu plus nuancée.

Fort heureusement la présence solaire de Jennifer Lawrence, qui prouve ici tout l’étendu de son talent et de sa maturité, nous feront passer un agréable moment. Elle écrasera Bradley Cooper par son charisme hallucinant qui réalise pourtant une bonne prestation. La jeune femme de 22 ans réussira même à tenir tête au monstre De Niro, le “petit atout” d’Happiness Therapy.  Si l’Oscar de la meilleure actrice semble hors de portée pour cette édition, on est certain que Jennifer viendra décrocher la statuette d’ici à quelques années.

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Bien que très américain au final, Happiness Therapy se révèlera très plaisant grâce à une Jennifer Lawrence renversante et à un De Niro toujours au top. Un beau film sur l’espoir et les secondes chances qui aurait pu être toutefois bien meilleur si David O.Russell avait été un peu plus nuancé.


Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

4 Comments

  1. Perso j’ai passé un très bon moment, j’ai bien rigolé et malgré sa durée importante je n’ai pas trouvé le film long !
    Et puis il y a quelques trouvailles de mise en scène …

    Après n’est pas CrazyStupidLove qui veut mais ça reste un bon divertissement, prenez-le comme tel !

  2. Perso j’ai passé un très bon moment, j’ai bien rigolé et malgré sa durée importante je n’ai pas trouvé le film long !
    Et puis il y a quelques trouvailles de mise en scène …

    Après n’est pas CrazyStupidLove qui veut mais ça reste un bon divertissement, prenez-le comme tel !

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